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Bilan du CPN des 28 et 29 janvier : Un capitalisme moins inégal et vote pour Hollande au deuxième tour ?

27/02/2012

Par Daniela Cobet et Vincent Duse, élus au CPN pour le CCR/P4

Pour que le CPN retrouve sa place de direction politique du parti

Encore un CPN où le moins qu’on puisse dire c’est que la politique n’était pas l’invitée d’honneur. Deux points politiques étaient prévus, l’un sur la situation et la campagne et l’autre sur les révolutions arabes. Mais le fait est que le premier a été complètement parasité par les débats avec le courant Gauche Anticapitaliste et par la discussion sur leur bilan de la campagne. Le second, celui sur les révolutions arabes, ã un an du renversement révolutionnaire de Ben Ali et Moubarak, s’est tenu pour la forme, la salle étant ã moitié vide, la moitié des membres du CPN l’ayant quittée, la liste des inscrits ne remplissant même pas le temps imparti pour le débat (chose rare au NPA !). Un an après le début de la première vague révolutionnaire du XXIe siècle et au moment même où le processus semble s’approfondir en Egypte, que le premier débat organisé sur cette question ait suscité aussi peu d’intérêt parle beaucoup de l’état actuel du parti et de sa direction.

De plus les points politiques manquent gravement de traduction pratique. Pour les révolutions arabes aucune résolution n’a été votée. D’autre part, il y a un décalage évident entre les résolutions générales votées lors du CPN et leur déclinaison dans le contenu de la campagne de Philippe. En effet, comme nous l’avons déjà souligné, le CPN devient de plus un plus une chambre d’enregistrement de décisions prises ailleurs. Voilà pourquoi nous avons décidé de présenter une motion (voir dans ce même BI) qui pose deux problèmes centraux sur le contenu concret de la campagne. Le premier porte sur les déclarations de Poutou sur un retour ã un capitalisme moins inégal, incompatibles selon nous avec notre projet anticapitaliste, et le second renvoie ã notre politique face au second tour.

Car ã quoi cela sert de voter au CPN des résolutions qui avancent la nécessité d’un gouvernement des travailleurs et du renversement du capitalisme si deux jours après les déclarations de notre candidat disent tout le contraire, qu’il faut juste quelques « mesures d’urgence, en quelque sorte réformistes » ? Et s’il était vrai, comme nous a répondu un camarade de la P2, que parce qu’il y a crise capitaliste et austérité la défense de réformes et d’un autre partage de la valeur ajouté serait devenue révolutionnaire, nos divergences avec le programme du Front de Gauche seraient-elles aussi importantes ?

Pour ce qui est de la question du deuxième tour, sur laquelle Philippe n’arrête pas de se prononcer de façon plus ou moins implicite (« on souhaite que Sarkozy et sa bande dégagent, on fait la distinction, […] le NPA, et la LCR auparavant, ont toujours pris position au second tour, ce sera pareil cette année »), une fois de plus on voudrait priver le CPN de son pouvoir de décision, car au mois de mars (date du prochain CPN) ce serait trop tôt pour en parler et puisque le CPN successif n’aurait lieu qu’après le second tour. Or il s’agit d’une question politique cruciale qui ne peut donc qu’être tranchée par la direction élue par les militants du parti. Le CPN de mars devrait donc se pencher sur cette question et élaborer une position en tenant compte des différents scénarios possibles.

Ceci est fondamental si nous voulons que le CPN reprenne son rôle de direction politique et participe ã une sortie par le haut de la crise actuelle, pour avancer dans la construction d’un instrument politique des travailleurs, avec un programme révolutionnaire conséquent et en totale indépendance du PS.

D’où vient et où va le courant Gauche Anticapitaliste ? Un bilan nécessaire…

Le CPN de ce weekend a eu lieu dans le contexte d’une très forte tension entre la majorité et le courant Gauche Anticapitaliste qui, face aux progrès dans l’obtention des signatures, se voit poussé ã s’opposer de plus en plus politiquement à la candidature de Philippe Poutou. C’est le sens du document de bilan présenté par la GA qui propose de façon ã peine implicite l’arrêt d’une campagne qu’elle considère comme « nuisible ».

En effet, la GA avait parié sur le fait qu’on n’obtiendrait pas les signatures pour appeler ã voter Mélenchon « par défaut ». Le fait que nous allions dans le bon sens, les oblige aujourd’hui ã dévoiler davantage leur projet : une rupture sur la droite avec le projet fondateur du NPA, au-delà des critiques que nous pouvons avoir par rapport ã ce même projet. L’idée d’un soutien à la candidature Mélenchon, voire d’une entrée dans le Front de Gauche, commence donc ã faire son chemin.

A la question des présidentielles se rajoute celle des législatives que la GA veut transformer en une première matérialisation de sa politique d’unité de la gauche de la gauche. Pour cela la GA exige totale liberté pour faire tous les accords qu’elle souhaiterait dans les circonscriptions où elle est majoritaire. La GA a cependant besoin d’argent pour concrétiser cette politique. C’est pourquoi elle exige une somme exorbitante pour financer ses candidatures. En même temps elle ne cache pas que face ã une rupture inévitable, il s’agit de commencer ã négocier aussi la part du gâteau qui lui reviendrait, c’est-à-dire avec quelle partie du patrimoine de la ex-LCR et du NPA se courant partira. C’est évidemment le sens de son soutien acharné à la demande de la Gauche Unitaire, que la GA voit comme un précédent en sa faveur. C’est ainsi que les discussions au sein du CPN à l’heure actuelle tournent essentiellement autour de problèmes financiers, dans une dynamique très dépolitisante.

Face ã cela, nous ne pouvons que nous réjouir du fait que les chantages de la GA aient été pour l’essentiel repoussés par le CPN. Il nous semble cependant que le fait qu’un courant correspondant ã 40% du parti soit aujourd’hui sur le point de la rupture complète et aille vers un rapprochement avec la gauche réformiste de Mélenchon doit nous interpeler. Le cadre de plus en plus dépolitisé des réunions du CPN n’aide pas ã aborder les vrais problèmes.

Trois ans après la fondation du NPA, le danger de liquidation de la stratégie révolutionnaire dont nous avons souvent parlé se matérialise jusqu’au bout dans le virage qui est en train d’être fait par la majorité de l’ancien bureau politique de la LCR, dont des camarades sur qui on avait parié pour diriger le parti. L’effacement des délimitations programmatiques, stratégiques et idéologiques a ouvert la voie de la recherche « d’autres formes » de transformation sociale que celle de la révolution. L’écho qui trouve actuellement Mélenchon constitue une énorme pression sur ceux qui faisait déjà le pari de construire un regroupement de la gauche de la gauche basé essentiellement sur l’occupation d’un espace électoral et sans travail systématique dans le mouvement ouvrier et au sein de la lutte de classe.

C’est en ce sens que le cours de la GA est à la fois une rupture et une conséquence logique des ambiguïtés du projet fondateur du NPA. Voilà pourquoi il n’y aura pas de dépassement réel de la crise du parti sans un bilan sérieux de la part de la majorité actuelle permettant la clarification stratégique et programmatique indispensable à la construction d’un parti anticapitaliste, révolutionnaire et internationaliste.

Motion sur le contenu anticapitaliste de notre campagne

Le NPA s’est fondé sur la base d’une politique anticapitaliste. En dépit de certaines insuffisances, les principes fondateurs soulignaient ainsi que « la logique du système invalide les prétentions de le moraliser, de le réguler ou de le réformer, de l’humaniser, qu’elles soient sincères ou hypocrites. La logique du système contribue par là même ã créer les conditions de son renversement, d’une transformation révolutionnaire de la société, en démontrant quotidiennement ã quel point il est vrai que le bien-être, la démocratie, la paix sont incompatibles avec la propriété privée des grands moyens de production. »

C’est en ce sens que le parti ne relaiera plus des propos qui vont dans le sens inverse, à l’image notamment de ceux qui ont été tenus par Philippe Poutou dans Paris Match le 18 janvier. Philippe, notre candidat à la présidentielle, déclarait en effet que « nous mettons en avant des mesures d’urgence, qui sont en quelque sorte réformistes. Il n’y a pas besoin de renverser le capitalisme pour améliorer le niveau de vie des gens. Il y a 30 ans, le capitalisme était moins inégalitaire qu’aujourd’hui. Il s’agit de faire le chemin inverse, en fait. Par exemple, en revenant ã un impôt fortement progressif et ã un impôt sur les sociétés ã 50%. »

Loin d’être une critique au camarade, c’est le contenu de cette affirmation qui pose problème et qu’il faut revoir collectivement. D’une part parce qu’elle est fausse, dans la mesure où la logique même du système capitaliste interdit un tel retour en arrière. L’histoire du mouvement ouvrier pendant le XXème siècle montre que les capitalistes n’ont cédé sur des réformes que lorsque qu’ils étaient hantés par la peur d’une révolution. La crise capitaliste que nous vivons et la violence des politiques d’austérité menées partout en Europe ne font que renforcer le caractère utopique de l’idée d’un capitalisme moins inégal, avec un meilleur partage des richesses, etc.

De l’autre, car nous ne nous battons pas pour un retour au capitalisme des trente glorieuses (où par ailleurs les quelques concessions faites aux travailleurs en Europe étaient notamment compensées par une augmentation de l’exploitation dans les pays coloniaux et semi coloniaux). Nous nous battons au contraire pour une société débarrassée de l’exploitation et du travail salarié.

En ce même sens, à l’heure même où les liens étroits entre la candidature Hollande et des secteurs concentrés du capital et de la finance se dévoilent dans la presse, le NPA et son candidat n’affirmeront plus même de façon implicite que le NPA « prendra position » en faveur du candidat PS au deuxième tour, au moins jusqu’à ce que ce sujet ait été tranché démocratiquement entre nous.

Au moment mêmes où de larges couches de la population, des classes populaires et du monde du travail sont de plus en plus conscientes des contradictions du système capitaliste care elles en subissent de plein fouet les conséquences, notre campagne pour les présidentielles doit être portée par l’affirmation de notre projet de renversement du capitalisme et par un système de revendications transitoires visant ã démontrer que pour résoudre structurellement les problèmes les plus immédiats comme le chômage ou le pouvoir d’achat, il faut détruire ce système. Notre programme, dans les élections et au delà cherche ã appuyer ã chaque étape les tendances à la mobilisation indépendante des travailleurs et de la jeunesse, ã combattre les illusions réformistes et pacifistes ã travers, si besoin est, leurs courroies de transmission partidaires et syndicales, et ce dans la perspective d’un affrontement global avec le patronat, du renversement révolutionnaire du capitalisme et de la mise en place d’un gouvernement des travailleurs. Daniela (93), Manu (28) et Vincent (68)

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