C’est au milieu d’un climat signé par les déclarations du président Hugo Chávez, qui mettent en danger le droit ã faire grève des travailleurs dans les entreprises de l’Etat, que s’est déroulé cette rencontre. Ils ont été réuni par la Tendance Classiste Révolutionnaire de Sidor en Venezuela. Nous publions des extraits de la chronique qui peuvent être trouvés sur le site www.lts.org.ve
Par Presse/TCR
La rencontre des travailleurs réunient par la Tendence Classiste Révolutionnaire (TCR) de Sidor a eu lieu ce samedi 7 mars dans le Club des travailleurs d’ALCASA. L’objectif : faire la présentation et le lancement du courant dans la région. Plus de 50 camarades se sont réunis. Il y avait des travailleurs de Sidor et d’autres usines de la région, comme par exemple de Ferrominera et Proforca. La réunion a commencé par l’intervention des camarades de la TCR par rapport à l’importance politique de cette rencontre car elle se déroule dans un moment où le monde est touché par une importante crise économique. (…) Mais aussi parce que la crise commence ã atteindre le pays. Les patrons et le gouvernement s’accordent ã vouloir faire injustement payer la crise aux travailleurs. Face ã ça, il est indispensable de s’organiser pour lutter contre les ambitions capitalistes, car ce sont eux les responsables de cette crise.
Les travailleurs subissent la crise
Le fait que la crise ait déja commencé ã avoir des conséquences dans le pays a été renforcé, d’autant plus qu’il a été assuré que sa répercussion serait plus profonde encore. Même si le gouvernement a voulu minimiser sa répercussion au milieu de la campagne électorale pour l’amendement constitutionnel, il commence cependant ã admettre que la répercussion “sera dure”, d’une certaine manière pour anticiper les mesures qu’il va devoir prendre. Les camarades disent qu’ils peuvent voir son impact, en premier lieu, par la baisse des prix du pétrole (le baril a augmenté jusqu’à 140 dollars, et maintenant a baissé ã 30 dollars). Deuxièmement, pour la première fois depuis quelques années, la production a fortement baissée dans le cadre d’une inflation croissante. Au final : des licenciements à la clé….
Cependant, les travailleurs commencent ã mettre en place leur résistance. On peut voir cela dans la vague des luttes qui se déroule pour les accords collectifs, contre les bas salaires et contre les licenciements, dont la lutte la plus emblématique est celle des ouviers de Mitsubishi qui s’opposent au licenciement de plus de 135 ouvriers. Ils ont été violemment réprimés par la police de l’état de Anzoátegui où 2 ouvriers ont trouvé la mort.
Au milieu des discussions et des interventions des camarades, on peut voir comme le vent de la crise commence ã souffler en Guyane. Les grandes entreprises de l’acier, de l’aluminium et du fer assistent ã une baisse de leur production et licencient des travailleurs, comme l’on peut voir dans notre région. Ils « déguisent » ces licenciements en obligeant les salariés ã prendre des vacances collectives en leur faisant la promesse qu’ils récupéreront leur travail à leur retour ; comme cela s’est déjà produit ã Sidor, Alcasa et d’autres usines. En Guyane, l’impact de la crise est violemment ressenti contrairement ã d’autres régions du pays. Les travailleurs ont critiqué la politique des dirigeants syndicaux qui tournent le dos aux travailleurs, car ils défendent les intérêts des patrons ou de la bureaucratie de l’Etat, comme on peut le voir dans les entreprises des principales industries du pays, mais ils ne défendent pas les intérêts des exploités.
Refus et indignation face aux déclarations de Chávez
Au vue de la situation, les déclarations du président Chávez, contre les luttes qui se déroulent dans la région, ont indigné les travailleurs qui ont participé ã cette rencontre. Le président a dit que cela était du « sabotage de la part de quelques syndicalistes ». « Si les travailleurs menacent avec la grève, qu’ils fassent grève, moi je verrais ce que je vais faire... celui qui fait grève dans une entreprise de l’Etat, va devoir faire face au chef de l’Etat », a dit le président, en même temps qu’il donnait des ordres aux services d’intelligence de l’Etat, tels que la Disip et la DIM , pour qu’ils mènent des travaux d’intelligence contre les dirigeants des travailleurs, « nécessaires pour défendre l’Etat ». Chávez a aussi assuré, en faisant référence à la lutte des travailleurs du métro ã Caracas, que la lutte pour la défense de leur accord collectif était « insoutenable », en même temps qu’il ménaçait avec la militarisation du métro si les travailleurs faisaient grève, ainsi que dans les autres entreprises de l’Etat.
Pour le camarade Cruz Hernández, délégué de Sidor, dirigeant de la TCR et membre de la Ligue des Travailleurs pour le Socialisme (LTS) « ces déclarations sont une provocation face aux revendications des ouvriers. Cela constitue une vraie déclaration de guerre à la classe ouvrière, car nous avons le droit de faire grève pour défendre nos revendications et contre les violations de nos droits. Cela est une démonstration, du fait que Chávez veut que la crise soit payée par nous, en même temps que les fonctionnaires et la burocratie de l’Etat ont des bénéfices, ainsi que les capitalistes ». C’est une véritable effronterie, ont dit les camarades, pendant 10 ans de la soi-disant « révolution » les propriétés et les affaires des grands capitalistes, banquiers et propriétaires n’ont pas été touchées. Ils continuent ã faire d’importants bénéfices et maintenant ils nous accusent nous travailleurs et nous ne pouvons pas faire grève pour défendre nos droits fondamentaux…. !
De son côté, le camarade Albert Sánchez, aussi membre de la TCR et dirigeant de la LTS , a aussi assuré que « si Chávez dit que le fait de lutter pour les droits des travailleurs signifie de lui faire face, donc c’est ce qui va se passer, car nous n’allons pas permettre l’interdiction de faire valloir nos droits et nos revendications. De plus, nous déclarons que dans toute usine qui licencie ou menace par la fermeture, nous allons nous battre pour l’occupation et la mise en fonctionnement sous contrôle ouvrier, peu importe qu’elles soient privées ou qu’elles appartiennent à l’Etat ».
Quelques camarades mettent en avant le danger que représente la menace de militariser les entreprises de l’Etat, lorsque ses travailleurs font grève. Les ordres donnés aux services d’intelligence de l’Etat pour « contrer » ces travailleurs, signifie presque une « autorisation » pour que ces organismes puissent poursuivre les travailleurs et les dirigeants qui veulent lutter.
Appel aux travailleurs
La rencontre a fini avec un appel à l’organisation des travailleurs pour faire face à la crise et aux politiques des patrons et du gouvernement national : « Il est nécessaire de s’organiser. Les patrons et la bureaucratie, ainsi que les fonctionnaires des entreprises de l’Etat font des projets ; c’est donc indispensable que nous, les travailleurs, ayons nos propres projets face à la crise ». Le camarade Brito, délégué de Sidor et membre de la TCR a finalement assuré que « ce n’est pas aux travailleurs de payer la crise et avant que la crise soit trop profonde, nous faisons appel à l’organisation par assemblées, car nous voulons lutter contre les licenciements, les suspensions de postes ainsi que contre toute mesure préventive qui concerne les travailleurs. Il est indispensable d’avancer sur l’organisation pas ã pas et sur chaque lieu de travail. Il faut développer les comités de contrôle et gestion ouvrière, basés sur la démocratie des travailleurs pour prendre chaque décision. (...)
Les patrons disent que la crise touche leurs entreprises, alors nous devons exiger des patrons qu’ils rendent public leur livres de comptabilité et leurs bilans. Ce n’est pas aux travailleurs de payer la crise. Il faut avancer dans le contrôle et la gestion ouvrière directe dans toutes les entreprises qui ferment. Il faut faire payer la crise aux capitalistes ! Pas de licenciements ! Pour un salaire digne et un emploi pour tout le monde !
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