Plus de mille Tunisiens manifestaient ã nouveau mercredi 19 janvier, dans le centre de Tunis, afin de protester contre le gouvernement de transition mis en place lundi, dans lequel figurent d’anciens ministres du régime du président en fuite Ben Ali.
"Nous voulons un nouveau Parlement, une nouvelle Constitution et une nouvelle République", scandaient les manifestants, encerclés par un dispositif important des forces de l’ordre. "Nous nous sommes débarrassés du dictateur, mais pas de la dictature."*
D’autres manifestations se sont déroulées ã Sidi Bouzid, Regueb, Ben Guedane, Kasserine et d’autres régions du pays qui ont été à la pointe de la révolte populaire.
Le gouvernement a décidé d’alléger le couvre-feu de deux heures, en raison d’une "amélioration de la sécurité", alors que Tunis a renoué avec les embouteillages et que de nombreux habitants repartaient au travail mercredi. Il s’appliquera désormais de 20 heures ã 5 heures. En revanche, les autres mesures de l’état d’urgence sont maintenues : interdiction de rassemblement sur la voie publique de plus de trois personnes et autorisation donnée aux forces de l’ordre de tirer sur les personnes prenant la fuite lors de contrôles.
En marge de ces manifestations, des discussions étaient prévues dans la journée pour savoir sous quelles conditions les quatre ministres qui se sont retirés mardi du gouvernement de Mohammed Ghannouchi sont prêts ou non à le réintégrer.
Trois représentants de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) avaient présenté leur démission mardi en milieu de journée. L’opposant Mustafa Ben Jaafar, du Forum démocratique pour le travail et les libertés, nommé à la santé, avait suivi le mouvement peu après.
Réagissant ã ces départs, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), avait indiqué avoir radié de ses rangs Ben Ali et six de ses collaborateurs. Le président par intérim, Foued Mebazaa, et le premier ministre renonçaient également à leurs fonctions au sein du RCD quelques heures plus tard.
Mustafa Ben Jaafar a laissé entendre que ce geste du RCD pourrait le conduire ã réintégrer le gouvernement, mais l’UGTT a fait savoir que cela ne changerait pas sa décision.
PREMIÈRE RÉUNION REPORTÉE
Le gouvernement devait se réunir une première fois, mercredi, mais face à la grave crise qu’il traverse, Nejib Chebbi, le ministre du développement rural, a finalement précisé que la réunion aurait lieu jeudi. Une porte-parole du premier ministre interrogée par l’AFP a toutefois indiqué que la date n’était pas encore certaine.
"Le point le plus important qui sera abordé", selon une autre source gouvernementale, sera "le projet d’amnistie générale". Sera également évoquée l’application du principe de la séparation de l’Etat avec le RCD.
Sarkozy appelle ã une transition pacifique
Nicolas Sarkozy a lancé mercredi un appel ã une transition pacifique en Tunisie, cinq jours après le départ du président Ben Ali. Selon le porte-parole du gouvernement, le chef de l’Etat a déclaré en conseil des ministres que la France et les Français étaient "profondément heureux" de voir la liberté et la démocratie s’établir dans ce "pays ami".
"Notre souhait le plus cher est que cette évolution se fasse sans drame supplémentaire et que les Tunisiens, après avoir mis fin avec courage et dignité ã un régime qu’ils rejetaient, trouvent le chemin d’une transition pacifique et exemplaire afin qu’une démocratie solide et durable s’instaure en Tunisie", a ajouté le président français, cité par François Baroin.
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