Ce vote était crucial pour le gouvernement du PASOK, puisque avec l’approbation du nouveau plan, celui-ci recevra une « aide » de 120 milliards d’euros de l’Union Européenne et du FMI. Dans une atmosphère de forte opposition où, selon plusieurs sondages, 80% de la population serait opposée ã ces mesures, le gouvernement a besoin désespérément d’un nouvel emprunt pour payer ses dettes fin juillet. Dans le cas contraire, le trésor Grec serait en situation de défaut de paiement.
Grève et mobilisations
La grève a été très largement suivie : les écoles, les universités, les entreprises de l’État, les banques et les administrations publiques ont fermé leurs portes. Les hôpitaux acceptaient seulement les cas d’urgence. Les ports ont cessé leurs activités ; n’ont circulé ni les ferrys, ni les autobus et les travailleurs du métro et ceux des trains ont travaillé seulement pour faciliter le déplacement vers les lieux de manifestation. Les aéroports ont fermé chacun alternativement une heure et les contrôleurs aériens ont suivi l’appel à la grève pour 4 heures le matin et l’après-midi, ce qui a provoqué l’annulation de multiples vols à l’aéroport international d’Athènes.
Les rues ont été remplies de centaines de milliers de personnes qui criaient « Non ! » aux nouveaux plans d’austérité, dans un sentiment généralisé de frustration et de colère qui s’amplifie de plus en plus. Pour la majorité de la population, comme on a pu l’entendre exprimer plusieurs fois, « être en faveur de ces mesures c’est comme creuser sa propre tombe ». Les grèves reconductibles et les mobilisations sont monnaies courantes dans un pays où le chômage a augmenté de 16% en un an, résultat des mesures d’austérité déjà appliquées, et dont la dette est de 31 000 euros par personne.
Malgré leur appel ã rejoindre la mobilisation, le PAME, regroupement syndical contrôlé par le Parti communiste de Grèce, dont la base se trouve principalement chez les travailleurs des ports, a préféré réaliser une mobilisation ã part dans l’Acropolis, la ville ancienne d’Athènes, dans une tentative auto-proclamatoire qui n’a pas réussi ã affaiblir le principal rassemblement devant le Parlement. De plus, c’est une politique impuissante qui ne présente aucunement une alternative politique face à la stratégie de grèves isolées de 24 heures qui a été la politique systématique de pression des directions syndicales.
Dès le matin du mardi 28 juin, ont commencé ã arriver à la Place Syntagma, face au Parlement, les premières délégations de travailleurs et de jeunes précaires, de chômeurs et de retraités. Les énormes cortèges dans lesquels se retrouvaient différents secteurs se rassemblaient rapidement, avec en arrière-plan une forte présence des forces de l’ordre . Dans la seule ville d’Athènes, le gouvernement a mobilisé 5000 hommes.
Dans l’après-midi, alors que certains scandaient « ils nous ont déclaré la guerre et ã cette guerre nous répondrons par la guerre », ont eu lieu les premiers affrontements entre jeunes et policiers qui ont duré jusqu’à deux heures du matin, après que la police ait encerclé les manifestants dans un des coins de la Place pour les réprimer avec des gaz lacrymogènes et des grenades fumigènes.
Deuxième journée de mobilisation
Après quelques heures d’un calme tout relatif, mercredi 29 juin, jour du vote au parlement, la grève a été très suivie et les mobilisations dans les grandes villes ont été plus nombreuses. Plus tard dans la matinée, les manifestants, portant des masques ã gaz pour contrer les effets de la répression qui s’annonçait, se sont donnés rendez-vous sur la Place pour empêcher le vote. Et, avant même que le résultat du vote soit connu vers la fin de l’après-midi, les premiers affrontements avec la police se sont produits, de plus en plus violents et généralisés. Le climat de protestation s’est étendu tout au long de la journée et alors que nous écrivions cet article, les affrontements continuaient dans les rues d’Athènes. Les jeunes « précaires », chômeurs sans futur, composent le secteur le plus décidé ã affronter la répression policière qui jusqu’à présent a pour bilan 47 blessés et 29 garde-à-vues.
Les premiers commentaires faits par des experts, avertissent que les mesures d’austérité éviteront seulement un défaut de payement dans le court terme, mais qu’elles n’éviteront pas la banqueroute du pays sur le long terme. Un secteur plus prudent pense qu’un deuxième ensemble de mesures de sauvetage de l’économie grecque mènera le pays ã un endettement plus profond.
Le Parlement, opposé aux intérêts des travailleurs, des jeunes précaires, des chômeurs, de retraités et des travailleurs indépendants, a opté pour un défaut de payement ordonné au lieu d’un défaut chaotique – mais dans tous les cas ils veulent décharger les effets de la crise sur le dos des travailleurs, des jeunes, des chômeurs et retraités. Le 30 juin, la loi qui permettra l’application des mesures sera votée au Parlement, lors de ce vote il se peut que le PASOK se retrouve plus isolé du fait que l’opposition conservatrice (de droite) soit d’accord avec les privatisations, mais pas avec l’augmentation des impôts – entre autres choses, car les impôts sur les biens de luxe augmenteront aussi.
« Nous n’acceptons pas cette attaque »
A travers le cri « Nous n’acceptons pas cette attaque », des milliers de travailleurs dans la rue et organisés dans leurs lieux de travail, dans le mouvement des « indignés », dans les assemblées de quartier, ou dans le collectif « Tu ne peux pas payer ? Ne paye pas ! » ont montré clairement qu’avec l’approbation du plan d’ajustement au Parlement, la lutte n’est pas finie. Le gouvernement pourra donc difficilement mettre en place ses mesures, frappé par l’opposition massive de la rue et la pression de l’opposition conservatrice.
La grève de 48 heures a été l’une des plus importantes des derniers mois. De même, un secteur plus important de jeunes radicalisés est descendu dans la rue pour faire face ã ces attaques. Ces deux phénomènes montrent la détermination populaire ã s’opposer aux attaques, mais aussi la nécessité d’imposer une grève générale indéfinie pour mettre ã bas le gouvernement du PASOK, pour offrir une issue à la classe ouvrière et ã tous les secteurs opprimés et exploités et discuter d’un plan transitionnel d’urgence pour que ce soient les capitalistes qui payent la crise.
Les nouvelles mesures du plan d’austérité :
Impôts
- Mise en place d’un impôt « solidaire » entre 1% et 5% des revenus.
- Réduction de 12 000 ã 8 000 euros du seuil d’imposition sur les revenus.
- Augmentation de la taxe habitation.
- Augmentation de la TVA dans les bars et restaurants passant de 13% ã 23%.
- Augmentation de l’impôt sur les cigarettes et les boissons de 30%.
Privatisations
- Privatisation de la poste, des ports de Piraeus et Salonique, de l’Entreprise d’Eau de Salonique, entre autres.
- Vente de 10% de l’entreprise Télécom Hellénique ã Télécom d’Allemagne.
- Vente d’actions des entreprises Eau d’Athènes, Raffinerie de pétrole Hellénique, aéroports, chemins de fer, territoires nationaux et droits sur les mines.
Secteur public, salaires, dépenses sociales et retraites.
- Réduction de 15% des salaires de fonctionnaires.
- Réduction de 30% des salaires dans les entreprises publiques.
- Fin de tous les CDD dans l’État.
- Réduction de 310 millions d’euros en matière de santé en 2011 (de 1800 millions d’ici 2015).
- Fermeture de 1976 écoles.
- Réduction des subventions aux municipalités.
- Réduction des services sociaux de 1100 millions en 2011 et de 1280 en 2012.
- Augmentation de l’âge de départ à la retraite ã 65 ans et imposition des 40 annuités.
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