L’impact économique et social dans les deux départements français, déjà fortement sinistrés, serait catastrophique pour les conditions de vie de dizaines de milliers de familles ouvrières et populaires. Il en va de même pour l’usine de Madrid, alors que l’on sait les difficultés auxquelles font face les jeunes et les travailleurs de l’Etat espagnol et la manière dont ils « s’indignent » et protestent contre la crise.
Le gouvernement convoque Varin…
Le gouvernement a fait mine de s’inquiéter. Eric Besson, l’ancien ministre du délit de sale gueule et de l’identité nationale, actuellement en poste à l’Industrie, a convoqué Philippe Varin, le dirigeant de PSA, pour faire semblant de lui demander des comptes. Varin, l’homme aux 8.907 euros/jour, qui gagne en une journée presqu’autant qu’un travailleur de PSA en un an, a juré que la note en question datait d’il y a plusieurs mois et que rien n’était réellement envisagé. Le site d’informations Médiapart a cependant confirmé la fiabilité de la note révélée par la CGT. La direction de PSA de son côté a souligné « qu’il existait un problème de compétitivité des sites français » et que la fermeture des usines « n’était pas d’actualité ». Il faudrait sans doute comprendre « pas d’actualité immédiate ». La menace sur tous nos emplois est bien présente.
et Varin convoque un CCE extraordinaire…
Varin, ã son tour, a convoqué un Comité Central d’Entreprise(CCE) extraordinaire le 23 juin pour dire que rien de précis n’était à l’ordre du jour et que surtout il ne fallait pas qu’on s’inquiète ! Mais la direction s’est refusée de s’engager sur quoi que ce soit. On voit mal PSA annoncer juste avant les élections présidentielles et législatives des PSE [1]] sur deux grosses usines du groupe. En fait le plan de démantèlement progressif remonte ã bien longtemps et l’annonce des PSE ne devrait se faire, selon la direction qu’en septembre 2012, une fois les élections passées.
Pour ce qui est des menaces, elles ne datent pas d’aujourd’hui. Pour Aulnay, où est produit la C3, c’est pour l’horizon 2014 que PSA laissait déjà planer le doute depuis un certain temps sur la poursuite de l’activité sur l’usine. Pour Sevelnord Fiat, qui est associé ã PSA sur place, a annoncé vouloir se désengager dès 2017. La direction cette fois-ci parlerait de fermeture définitive pour 2015, le site ayant déjà perdu la moitié de ses employés entre début 2000 et aujourd’hui ce qui correspond a une partie du plan dévoilé dans les « documents secrets ». Il en va de même dans le cas de l’arrêt de l’équipe de nuit ã Aulnay ou le démontage d’une chaine de montage. Depuis l’annonce du document les anciens, les ouvriers ayant le plus d’ancienneté et qui sont le plus proches de l’âge de la retraite, sont convoqués dans les bureaux pour négocier des conditions de départ avec des somme allant de 25 ã 40.000 euros. C’est là encore un autre indicateur des intentions de fermeture du site d’Aulnay dans le cadre du plan de « redéploiement des emplois et des compétence » depuis les sites de Seine-Saint-Denis, Aulnay et Saint-Ouen. Car pour d’autres sites du groupe PSA ne cache plus sa volonté de fermer ã terme. C’est ainsi que Varin et ses amis menacent le site de Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis, comme ils ont déjà liquidé celui de Melun-Sénart (pièces détachées) pour transférer partie des activités vers Vesoul.
Le petit jeu de PSA : sonder la réaction des travailleurs
A quoi joue PSA ? Dans une interview à la presse auto spécialisée Jean-Marc Gales, directeur général des marques Peugeot et Citroën, indiquait le 25 juin que le groupe n’a aucune intention de fermer l’une de ses usines européennes : « nous avons besoin de toutes nos usines en Europe et nous allons accroître leur taux d’utilisation, qui n’était que de 81 % en 2008. En 2012, nous prévoyons de passer ã 105 % ». Si on lit entre les lignes, ce « taux d’utilisation de l’outil industriel » que souhaite le groupe PSA consiste ã faire tourner les sites ã plein régime 24h sur 24 et 7 jours sur 7 avec un minimum de salariés.
La note interne publiée par la CGT est peut-être une information qu’a fait fuiter PSA pour l’utiliser comme un ballon d’essai, histoire de sonder la réaction des travailleurs du groupe. C’est peut-être également réellement le résultat d’une boulette d’un cadre qui a laissé échapper l’information sans le vouloir. En tout état de cause, la direction observe de prés l’état d’esprit des travailleurs et, par-delà le groupe, chez les sous-traitants.
Des réactions contrastées sur les sites du groupe
Sur les sites qui ne sont pas directement menacés la réaction des collègues est en général assez circonspecte mais les équipes syndicales de base, cégétistes mais pas seulement, ainsi que les travailleurs les plus combatifs, sont sur le pont, bien conscients de l’enjeu.
A Aulnay il semblerait pour l’instant que l’état d’esprit chez les travailleurs soit à l’inquiétude plus qu’à la colère mais la préoccupation par rapport à l’avenir est suffisamment grande pour que dans les réunions d’information qui ont été organisées tout le monde prenne la parole, y compris ceux qu’on ne voit jamais en réunion ou qui d’habitude sont plutôt discret quand on parle de se bagarrer : c’est le cas de certains chefs ou agents de maîtrise, eux-mêmes inquiets pour leur avenir. Un autre indice de cette inquiétude est le fait que plus de 2.200 travailleurs ont signé la pétition contre les menaces qui pèsent sur Aulnay en 48 heures ces derniers jours.
A Sevelnord la combinaison des attaques contre le site avec la pression qui pèse sur Renault Douai qui ferait perdre ã terme prés de 13.000 emplois pour toute la région Nord-Pas-de-Calais dans le secteur auto a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. La pression est suffisamment forte pour que l’Union Départementale CGT du Nord ainsi que la métallurgie CGT du Nord-Pas-de-Calais, toutes deux sur une ligne oppositionnelles à la confédération et ã Thibault, appellent ã une journée de mobilisation ã Valenciennes le 7 juillet.
Nous ne partageons pas un certain nombre de conclusions qui sont avancées par la métallurgie du Nord-Pas-de-Calais qui appelle ã manifester le 7, notamment l’idée selon laquelle il faudrait suggérer ã PSA de lancer un nouveau modèle de voiture ou que les travailleurs devraient proposer telle ou telle politique industrielle pour le groupe. C’est bien les travailleurs qui pourraient décider démocratiquement, de manière planifiée et sous leur propre contrôle, de quelle politique industrielle les classes populaires et les travailleurs ont besoin. Il faudrait pour cela virer les patrons, ceux qui sont bien de chez nous comme les Peugeot et Renault comme ceux qui viennent d’ailleurs, les GM et autres. Dans le cadre actuel, les salariés/es ne peuvent se battre que pour un seul mot d’ordre : le maintien de tous les emplois !
C’est pour cela que le 7 sera bien entendu un rendez-vous pour les travailleurs et les travailleuses de la métallurgie dans le Nord-Pas-de-Calais. Mais avec les délégations de travailleurs d’autres sites de PSA prévus, la mobilisation du 7 pourrait être également un point d’ancrage pour commencer ã construire les bases d’un vaste mouvement d’ensemble, de l’ensemble des travailleurs et des travailleuses de PSA, mais plus largement de l’automobile et de la métallurgie ainsi que du reste de l’industrie et des services pour dire que non, nous ne laisserons pas la famille Peugeot et les patrons faire de nous ce qu’ils veulent !
Ce qui est en jeu aujourd’hui sur PSA ce n’est pas seulement une attaque contre tel ou tel site, Sevelnord, Aulnay ou Madrid. C’est une offensive en règle contre tout le secteur auquel on assiste. A Saint-Priest, dans le Rhône, l’équipementier Federal Mogul veut délocaliser vers l’Italie. A Saint-Claude, dans le Jura, le site MBF du groupe Arche qui travaille pour PSA et Renault veut laisser sur le carreau prés de la moitié des 450 salariés. A Douai, comme nous le disions, Renault veut comprimer les effectifs. Si les attaques les plus emblématiques contre Sevelnord ou Aulnay passent, alors le patronat sentira qu’il a les mains libres pour projeter plus de fermetures encore et faire travailler les autres sites dans des conditions encore plus insupportables. « Nous sommes toutes et tous des ouvriers de Sevelnord et d’Aulnay ! » C’est le mot d’ordre qui devrait être sur toutes les bouches et que toutes les organisations syndicales et politiques qui disent défendre les intérêts des travailleurs devraient reprendre et porter en construisant activement la mobilisation et la solidarité, dès ã présent.
Localement PSA tente de désamorcer la crise et de se gagner les bonnes grâces de certains syndicats
Après le CCE du 23 juin PSA a organisé des Conseils d’Entreprise ordinaires de fin de mois sur l’ensemble des sites en France. Devant le flou de la direction du groupe PSA et les positions contradictoires en ce qui concerne Aulnay où d’un coté la direction laisse planer le fait qu’aucune décision n’est prise de façon définitive et dit de l’autre que le document publié par la CGT est un document de travail et non une orientation, les directions des sites ont tenu des CE de fin de mois. Ça a été l’occasion pour le groupe d’essayer de monter les travailleurs les uns contre les autres en lançant un certain nombre de syndicats contre la CGT d’Aulnay et les militants cégétistes en général en raison du document révélé en début de mois.
La direction a en effet tenté de planifier une contre-attaque coordonnée contre les militants cégétistes et les équipes syndicales en s’appuyant sur les syndicats corrompus. D’une part l’idée était de faire passer le message aux travailleurs que la CGT ne cherchait rien d’autre dans l’histoire que « de faire une opération de com’ » et que les cégétistes n’ont qu’une idée en tête : nuire et discréditer l’entreprise, favoriser les concurrents, donc casser l’emploi chez PSA. Ceux qui disent ça sont les mêmes qui voudraient fermer deux sites en France et un dans l’Etat espagnol. On croirait rêver !
Une mention spéciale est ã décerner ã Force Ouvrière Métaux, leader dans le collaborationnisme de classe aussi bien sur le groupe PSA que dans toute la métallurgie. Au cours du CE de Mulhouse FO a demandé « la tête du traitre qui a donné les informations à la CGT ». Peut-être que FO veut faire encore mieux que Carlos Ghosn et l’histoire des faux-espions démasqués de chez Renault ! Ce qui est moins drôle c’est que les délégués de FO ont insisté sur le fait que la CGT n’aurait pas dû publier le « document secret » sans en avertir les autres syndicats et que si ce document était tombé entre les mains de FO Métaux, la fédération des métallos de Jean-Claude Mailly ne l’aurait jamais divulgué à la presse, pour ne pas écorner l’image du groupe et faire peur aux travailleurs avec des rumeurs. Sur ce point FO a été suivie par tous les autres syndicats du site de Mulhouse, à l’exception de la CGT.
Pour les syndicats collaborationnistes, et le cas de Mulhouse est assez illustratif e ce qui se passe ailleurs, le seul moyen de préserver les emplois c’est de « faire la production tous les jours », de « se retrousser les manches » et surtout « produire, produire, produire », pour être « compétitifs ». Avec leurs mots ã eux, ces syndicats cherchent en fait ã mettre en musique la partition qui leur est donnée par la direction et à la couvrir quand elle décide de fermer [2]
Une même tactique partout, en France comme en Italie ou en Slovaquie : nous faire trinquer !
Comme tous les grands groupes automobiles PSA a « subi » la crise économique. Comme tous les grands groupes capitalistes, une fois la tempête passée (en faisant le gros-dos et en nous faisant supporter le poids de la crise) PSA essaie d’envisager le rebond possible qui pourrait se profiler dans les meilleures conditions possibles. Pour ce faire le groupe table sur sa propre compétitivité, la perte de vitesse de ses concurrents, et surtout sur la manière dont il réussira ã nous faire travailler encore plus afin d’accroitre ses marges de manœuvre.
Ce n’est pas en touchant de l’argent public que les groupes de l’automobile font du fric. C’est un élément annexe de leur stratégie même si c’est un élément important. En effet les six milliards concédés par Sarkozy aux groupes automobiles français ont été largement digérés par les actionnaires. Ce que vise la direction de PSA néanmoins c’est de faire plus de fric en jouant sur la seule variable d’ajustement sur laquelle elle peut presser presque indéfiniment, sur nous, les travailleurs… ou en tout cas jusqu’à ce qu’on le lui permette.
Que la direction les ait faites fuiter ou non et que les menaces sur l’emploi se concrétisent ou non, les notes internes de PSA reflètent toute une stratégie que l’on vit au quotidien et qui consiste ã faire pression sur l’ensemble des salariés du groupe pour que nous acceptions une charge de travail encore plus importante, avec des conditions de boulots encore plus flexibles et que nous soyons taillables et corvéables selon les bons vouloirs de Varin et de la famille Peugeot. A la clé, ce sont des travailleurs usés, des cadences que même les plus jeunes ont du mal ã supporter, des collègues plus fragiles psychologiquement. Mais de tout cela, PSA, ses actionnaires et le gouvernement n’en a rien ã faire. Tout ce qu’ils veulent, c’est plus de profits sur notre dos.
Ce n’est pas là un cas spécifique. Dans d’autres groupes, comme Fiat Italie par exemple, Sergio Marchionne et la direction du groupe a fait pression dernièrement, au cas par cas, et avec le soutien de certains « syndicats » sur différents sites (Pomigliano, prés de Naples, Mirafiori, ã Turin, Bertone, etc.), pour que les travailleurs acceptent une dégradation de leurs conditions de travail en leur faisant du chantage à la délocalisation. En Europe de l’Est, là où les groupes automobiles font encore plus de fric en payant nos collègues au lance-pierre, ils font de même. C’est ainsi qu’ils menacent par exemple les travailleurs de Trnava (PSA Slovaquie) ou de Pitesti (Renault-Dacia Roumanie) de délocaliser là où les salaires pourraient être encore plus bas, les conditions de travail encore pires, la législation sociale encore plus favorable aux patrons.
Pour ce qui est de la situation de PSA, en dépit de tous les discours de Varin au dernier CCE, il faut s’attendre ã ce que la charge de travail pèse de toute façon encore plus si on ne réagit pas. On le sait tout particulièrement ã Mulhouse, où désormais le travail du samedi est obligatoire, comme si on n’avait pas assez d’un week-end pour se reposer après des semaines exténuantes. A Poissy, l’ancien site Talbot sur lequel la direction voudrait redéployer l’activité en région parisienne, PSA souhaite mettre en place des équipes de week-end et accélérer encore plus les cadences. Même topo ã Rennes où la direction veut mettre en place le travail de nuit. Que ce soit la perte d’emplois, la fermeture de sites ou la dégradation de nos conditions de travail, nous n’avons pas beaucoup de choix : si l’on ne veut pas crever, usés à la chaine de montage ou dans les bureaux, ã Mulhouse, Aulnay, Rennes, Madrid ou Trnava, il faut que la direction ravale ses attaques.
Tirer les leçons de Vilvoorde et des bagarres pour l’emploi de 2009
Le PS, par la voix de son nouveau numéro un par intérim, Harlem Désir, a réclamé la signature « d’une convention » entre PSA et l’Etat par laquelle le groupe automobile s’engagerait « au maintien de ses sites de production en France et en particulier du site d’Aulnay, (…) [et que] la meilleure preuve que pourra donner le gouvernement, ce serait qu’une convention engage par écrit le groupe Peugeot au maintien des sites de production en France et en particulier du site d’Aulnay, [car] cette convention aurait dû être la contrepartie obligatoire de l’aide de trois milliards d’euros qui a été attribuée au groupe Peugeot pendant la crise ». Le PC et le Parti de Gauche de Mélenchon ne disent pas grand-chose de différent de leur côté.
D’une part il faut avoir présent à l’esprit ce qui s’est passé pour les travailleurs de Renault Vilvoorde en 1997. Jospin, en instrumentalisant la vague de solidarité qui s’était exprimé à l’égard des travailleurs belges, avait assuré avant les élections que le site n’aurait pas fermé. Une fois au pouvoir le gouvernement PS-PC-Verts s’est assis sur la décision et le site de Vilvoorde a bel et bien fermé. Toutes les conventions que réclament le PS ou le maire « socialiste » d’Aulnay Gérard Ségura n’engagent que ceux qui y croient. Attendre 2012 pour que la « gauche » tire l’oreille de Varin et garantisse nos emplois serait la pire des choses ã faire. C’est dès maintenant qu’il faut préparer la contre-attaque !
Après le passage en force de Sarkozy cet automne sur les retraites certains semblent penser que le rapport de force n’est pas suffisant pour stopper les projets de PSA. La direction du groupe quant ã elle est prête à là¢cher de l’argent par-ci par-là , avec des promesses de retraites anticipées, qui pourraient sembler une solution pour ceux d’entre nous qui sont le plus cassés et fatigués par le travail sur les chaines et en usine. Mais il faut bien retenir une chose des bagarres qu’ont mené les travailleurs au premier semestre 2009, avec des méthodes très radicales parfois (on songera aux Conti, aux Molex, aux Caterpillar, etc.) : on a beau partir avec quelques dizaines de milliers d’euros d‘indemnité de licenciement, une fois qu’on est sur le carreau, c’est l’avenir qui est bouché pour des années, pour nous et nos enfants. L’agent des indemnisations suffit tout juste ã payer les traites et nombreux sont les travailleurs licenciés en 2009 et qui ont touché des primes qui aujourd’hui n’ont plus rien. Pour les moins chanceux, ceux de la sous-traitance, la situation est encore pire. A la lumière de l’expérience de ces dernières années, pour nous, la revendication centrale c’est plus que jamais : aucun licenciement et maintien de l’emploi !
On ne peut compter que sur nos luttes : aucun licenciement et maintien de l’emploi !
Se battre pour le maintien de l’emploi implique d’être conséquent. L’enjeu, si l’on tire toutes les leçons des bagarres contre les patrons voyous de 2009 et 2010, c’est que face au licenciement, si les patrons ne sont même plus capables d’assurer ce pour quoi ils nous exploitent, alors il faut que tous ensemble on revendique l’expropriation des entreprises et des sites qui ferment, les maisons-mères comme la sous-traitance, ainsi que leur nationalisation sans rachat ni indemnité sous contrôle des travailleurs.
C’est la base politique de laquelle il faut partir. Basculer dans la revendication d’indemnités n’est pas une solution individuelle. C’est encore moins la base ã partir de laquelle on peut unifier la bagarre chez tous ceux qui veulent la mener, ã tous les niveaux de la production, chez les donneurs d’ordre, les équipementiers et la sous-traitance. Poser la question de l’expropriation des entreprises qui ferment, sous le contrôle des salariés, c’est enfin un combat parfaitement légitime dont doivent s’emparer les travailleurs. L’Etat, qui est soi-disant « neutre » et défend « l’intérêt collectif », a volé au secours des grandes banques et des grands groupes pendant la crise, plus encore qu’en période normale, en leur faisant cadeaux de milliards, rubis sur ongle. Nous savons qu’entre amis et complices, la bourgeoisie et ses politiciens se font de petits cadeaux. C’est pour cela que c’est par notre seule force que l’on pourra démasquer la démagogie gouvernementale, celle de la droite comme celle de la gauche bourgeoise, interdire vraiment les licenciements, imposer le maintien de l’emploi, de travailler moins pour travailler tous, l’embauche des intérimaires et des CDD, l’indexation de nos salaires sur le coût de la vie, avec 300 euros nets d’augmentation immédiatement et aucun salaire ã moins de 1.500 euros. Tout cela passe par la revendication centrale de l’expropriation des entreprises qui licencient et leur nationalisation sous contrôle des travailleurs.
Préparer et coordonner le combat
Ce qui a fait la force des luttes au cours des derniers mois, depuis ce que la presse a appelé « le début de la crise », c’est souvent leur radicalité et souvent capacité d’extension. C’est ainsi qu’on a pu voir, au début de la lutte chez Total pour le maintien des emplois dans le raffinage et contre la fermeture du site de Flandres prés de Dunkerque la grève solidaire des autres sites pendant plusieurs semaines. Les raffineurs sentaient bien que si l’on touchait ã Dunkerque c’étaient tous les travailleurs du secteur qui ã terme étaient visés. Ce qui a fait défaut ce n’est pas tant la capacité de se battre et la volonté d’en découdre. Les raffineurs l’ont encore démontré cet automne en étant à la pointe du combat. Ce qui a manqué au cours de l’hiver 2010 pour le maintien de l’emploi ã Total, un groupe qui brasse des millions, c’est la capacité de coordination d’une lutte qui jusqu’au bout a été contrôlée par une fédération de l’énergie CGT. Au bout du compte la bureaucratie cégétiste a préféré sacrifier Total Flandres plutôt que de prolonger le rapport de force avec le gouvernement et le groupe par la grève générale de tout le secteur ã quelques semaines des élections régionales. Si le gouvernement voulait la pénurie d’emplois, c’était avec la pénurie de carburant qu’il jouait, et c’est ce qu’il méritait. Mais la bureaucratie cégétiste de l’énergie, avec Charles Foulard ã sa tête, voulait bien montrer ses muscles et canaliser la colère des travailleurs mais ne voulait pas entamer réellement le rapport de force. C’est ce qui caractérise la bureaucratie syndicale ã tous les niveaux, et pas seulement dans l’énergie. Au moment même où la lutte devenait décisive, la CGT énergie a trahi la lutte. C’est également ce qui s’est passé aussi cet automne quand le gouvernement et ses CRS, couvert par l’Intersyndicale qui exigeait le respect des biens, a fait enfoncé les piquets de grévistes ã Grandpuits
C’est pour cela qu’il nous faut avoir à l’esprit que c’est uniquement par notre coordination à la base, sur l’ensemble des sites en lutte ou mobilisés, entre travailleurs syndiqués et non syndiqués, ainsi que par l’extension du combat et le refus de la lutte site par site que nous réussirons ã créer ce rapport de force. Les syndicats, de ce point de vue, se doivent d’être au service de ce que réclament les travailleurs en bagarre et pas l’inverse.
La première étape de la bagarre qu’il faut construire contre les projets de Varin, même s’ils ne doivent être annoncés qu’en 2012, serait donc que l’ensemble des sections syndicales d’entreprises, des UL et des UD, réclament des syndicats un plan de lutte concret pour contrer les menaces de PSA. Le meilleur moyen de garantir ce plan de lutte c’est en commençant dès ã présent ã s’organiser à la base et ã converger le 7 ã valenciennes.
Le 7 juillet ã Valenciennes, un premier rendez-vous : les licenciements ne passeront pas !
En dépit des divergences que nous avons par rapport ã certains mots d’ordre avancés nous considérons que le 7 juillet devrait être un premier rendez-vous pour commencer ã construire la mobilisation. Les travailleurs de l’automobile et de la métallurgie du Nord-Pas-de-Calais seront bien entendu mobilisés. Il faut que depuis les autres sites du groupe, et bien au-delà , dans le mouvement syndical combatif, chez l’ensemble des salariés et des étudiants solidaires, on soit également au rendez-vous. L’enjeu est de taille. PSA est un des premiers groupes français. Il faut que la réponse de la classe ouvrière, des salariés et des étudiants de l’Hexagone soit à la hauteur des menaces. Car si cette attaque passe, ce sera l’ensemble de notre camp qui sera affaibli.
Alors bien sûr qu’il faut informer et discuter sur les sites et sur les bassins avec l’ensemble des collègues, par des diffusions de tracts, par des discussions et des échanges. Mais on ne peut pas se contenter de cela. Il faut également gagner du temps. Si la direction de PSA joue la montre, il faut que l’on soit en capacité de notre côté ã se préparer au combat pour ne pas avoir ã nous bagarrer dos au mur. Avec les collègues les plus combatifs et le soutien solidaires de tous ceux qui voient l’attaque contre l’automobile comme une offensive emblématique il faut préparer des comités de résistance avec des collègues syndiqués et non syndiqués, en CDI ou en CDD, dans les usines et sur tous les départements concernés. En fonction des sites et des situations ces comités seront plus ou moins fournis dans un premier temps. Mais ils seront nécessaires pour faire le lien entre ceux qui sont inquiets mais qui aujourd’hui hésitent ã construire la bagarre et ceux qui sont en colère et veulent des perspective.
Construire activement la solidarité avec Aulnay et Sévelnord
Les comités de résistance et de solidarité seront également le meilleur instrument afin de construire la solidarité active, avec des caisses de grève notamment, si l’on veut se préparer ã un combat qui ne sera pas facile. Il faut reprendre les acquis les plus avancés du mouvement de cet automne sur les retraites. Il faut casser l’idée corporativiste qu’on peut s’en sortir tous seuls, une idée qui tient aussi au fait que la solidarité active ne s’était pas concrétisée depuis très longtemps dans les luttes sociales en France. Dans le cas d’Aulnay c’est tout un bassin qui pourrait se mettre au service de la lutte des travailleurs et relayer leur combat. Au niveau des secteurs les plus combatifs des salariés ce sont les Interpro d’Ile-de-France, ã commencer par celle de Saint-Denis qui a vu le jour au cours de la lutte cet automne, qui devraient se remobiliser pour soutenir activement la bagarre ã Aulnay. Le pôle universitaire de Paris VIII où nombreux sont ceux et celles qui connaissent quelqu’un qui travaille sur Aulnay pourrait être sollicité et devrait se tourner vers l’usine. Il en va de même pour les lycéens du Nord et de l’Ouest de la Seine-Saint-Denis qui ont été un certain nombre ã se mobiliser cet automne aux côtés de salariés. Pour cela il faut que les collègues d’Aulnay, notamment à la CGT, se proposent une politique d’ouverture en direction de toutes celles et de tous ceux qui sont susceptibles de les défendre et de relayer leur combat, chez les salariés du public comme du privé qui dans le 93 subissent aussi les attaques du gouvernement et du patronat, notamment en termes de fermetures de postes dans l’Education.
Mettre sur pied des comité de résistance et de solidarité serait également le meilleur moyen pour exiger des syndicats qu’ils se prononcent clairement sur la question du combat ã mener. Ce sera le meilleur outil pour faire que notre lutte, si nous décidons de la mener, soit entre nos mains et ne nous soit pas volée et que les directions syndicales, au lieu de freiner comme cet automne, soient contraintes de répondre au mandat de la rue et des travailleurs mobilisés.
Travailleuses et travailleurs de PSA, salarié/es et étudiants/es solidaires toutes et tous ensemble, ã Valenciennes le 7 juillet pour construire un premier rendez-vous qui pourrait être la base de la contre-offensive qu’il faudra mener contre Varin, PSA et tous les patrons voyous, du privé comme du public dans les mois ã venir, ã partir de la rentrée ! A PSA les licenciements ne doivent pas passer ! Nous sommes toutes et tous des ouvriers de Sevelnord et d’Aulnay !
Mulhouse, le 01/07/11.
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