Neuquén, Patagonie Argentine, le 28 octobre 2011
Depuis l’usine de carrelage et de revêtement céramique Zanon Sous Contrôle Ouvrier en Patagonie, en Argentine, nous envoyons nos plus chaleureuses salutations internationalistes aux travailleuses et aux travailleurs de M Real d’Alizay qui face à la menace de fermeture par la multinationale finlandaise ne baissent pas les bras et luttent pour le maintien de leurs emplois et de la production sur le site.
Nous fêtons ces jours-ci ã Zanon dix années de contrôle ouvrier sur l’usine. En 2001, il y a dix ans, alors que la crise économique [en Argentine] rimait avec misère et chômage pour la majeure partie du monde du travail, nous avons refusé la fermeture du site et nous nous sommes bagarrés pour le contrôle ouvrier de la production. Pour mettre cela en œuvre, nous avons eu besoin de la solidarité de bien d’autres secteurs du monde du travail, des étudiants et des mouvements de chômeurs.
Nous, les ouvriers de Zanon, aux côtés de nos familles qui se sont organisées dans une Commission de Femmes, nous avons porté nos revendications devant toutes les instances du pouvoir politique mais nous n’avons reçu en retour que des menaces, des pressions et dans certains cas des promesses qui n’ont jamais été tenues. La victoire et la mise en place du contrôle ouvrier ont été possibles surtout parce que nous nous sommes appuyés sur nos propres forces et sur l’unité et la lutte de l’ensemble des travailleuses et des travailleurs. Aujourd’hui, cela fait déjà dix ans que nous travaillons et que nous produisons et nous avons intégré à la production plus de 200 nouveaux collègues.
Les patrons nous exploitent tous les jours et s’en mettent plein les poches, grâce ã nos efforts et au prix parfois de nos vies. Ensuite, quand ils considèrent qu’ils ne gagnent pas assez, ils nous jettent à la rue. C’est pour cela que seuls les travailleurs, par leur lutte, peuvent offrir une alternative différente : toute usine qui ferme doit être mise en production sous contrôle ouvrier.
Nous n’avons pas besoin de patrons pour faire tourner les usines. Nous avons toutes les connaissances nécessaires pour le faire ! Aujourd’hui plus que jamais, face ã une crise mondiale au nom de laquelle les patrons entendent nous faire payer leur facture, nous devons nous organiser avec notre classe afin de les en empêcher ! Nous sommes convaincus que la seule solution réaliste face aux fermetures de sites c’est le combat pour l’expropriation et la nationalisation sans indemnisation et sous contrôle des travailleurs. On ne peut pas accepter que les gouvernements courent à l’aide des patrons et des amis du pouvoir avec l’argent public !
Nous avons suivi de prés en 2010 l’expérience des travailleurs de Philips Dreux. Ils ont eux aussi livré une grande bataille pour le contrôle ouvrier ã un moment où les directions syndicales disaient qu’il fallait juste lutter pour des indemnités de départ plus élevées. Nous savons aujourd’hui qu’il existe en France également le grand exemple des Fralib qui sont en train de commercialiser une partie de leur stock et qui luttent pour le maintien de l’emploi.
C’est pour cela que nous vous envoyons nos salutations les plus chaleureuses et les plus enthousiastes à l’occasion de votre initiative de mise en production et de journée portes-ouvertes du samedi 29 octobre qui démontre une fois de plus que nous autres les travailleurs n’avons aucunement besoin de patrons pour produire !
Pour ce qui est de nous, travailleuses et travailleurs de Zanon, nous restons ã votre disposition et nous espérons que vous allez gagner dans votre bagarre. Ça représenterait un point d’appui pour l’ensemble des travailleurs et des jeunes qui en France, en Europe et ã échelle internationale, affrontent aujourd’hui les plans d’austérité que veulent nous imposer le patronat et ses gouvernements.
Pour le SINDICATO CERAMISTA DE NEUQUEN (SOECN), Omar Villablanca, Secrétaire général et Andrés Blanco, Secrétaire adjoint.
Pour le bloc parlementaire ouvrier du Front de Gauche et des Travailleurs (FIT), Alejandro López y Raul Godoy (travailleurs de Zanon sous contrôle ouvrier).
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