Lysanne Arcand et Érik Gagnon [1]
La loi 78 ou « loi Courchesne » vient d’être approuvée par la majorité libérale à l’Assemblée Nationale du Québec. Cette loi vise ã écraser la grève étudiante en changeant le calendrier scolaire. Les étudiant-e-s en grève ont été mis en lock-out [2] par le gouvernement jusqu’au mois d’août et Charest, le premier ministre, entend limiter les libertés de manifestation, d’organisation et de libre-expression.
En plus des fortes amendes prévues à l’égard des contrevenants (de 1000 ã 125.000 dollars canadiens), la loi prévoit l’annulation du droit, pour les fédérations étudiantes, de percevoir leur cotisation et de conserver leurs locaux syndicaux dans les universités, et ce, en cas de non-respect de la loi ou sous le motif « d’absence de contrôle de leurs membres ». Le gouvernement menace clairement de faire disparaître les organisations étudiantes si elles ne suivent pas cette mesure dictatoriale. Qui plus est, la loi ne s’adresse pas seulement aux étudiants, mais aussi aux travailleurs pour lesquels elle a établi des sanctions. Les enseignant-e-s seront obligé-e-s de retourner en classe lors de la reprise des cours, sans quoi ils recevront de fortes amendes.
La réponse de la population ã cette loi est dans la rue, où les manifestations nocturnes continuent car la mesure est largement décriée. Depuis l’adoption de la loi 78, le vendredi 18 mai, les manifestations nocturnes ont été sévèrement réprimées par les forces de l’ordre. Plus de 400 personnes ont été arrêtées ces deux derniers jours et plusieurs ont été blessés et aspergés de gaz urticant. Mais les manifestants défient la loi et ils sont prêts à lutter jusqu’au bout.
Le mouvement étudiant a, dans son agenda, plusieurs manifestations prévues pour cette semaine, dont une grande manifestation nationale le 22 mai. Les étudiants ne semblent pas craindre le quasi-couvre-feu que la loi leur impose. En plus, la loi peut faire que la grande solidarité qui a entouré les étudiant-e-s depuis le début de la lutte permette une unité de facto des travailleurs, des étudiants, des classes populaires et des peuples autochtones qui résistent toujours contre les attaques contre leurs droits. Plusieurs syndicats ont déjà manifesté leur mécontentement face ã cette loi et réitéré leur appui aux étudiant-e-s en grève. Même ceux qui étaient opposés à la grève ont critiqué la loi spéciale, puisqu’ils jugent que le gouvernement aurait dû continuer ã négocier pour résoudre le conflit au lieu d’imposer son diktat aux grévistes.
En plus de poursuivre sa mobilisation, le mouvement étudiant se prépare ã inviter ã un grand rassemblement populaire qui sera peut être le premier pas pour lutter de façon unie contre l’ennemi commun. Les syndicats de travailleurs et travailleuses doivent déclencher une grève politique en solidarité avec les étudiant-e-s, mais aussi pour faire tomber la loi Courchesne, le premier ministre Jean Charest et ses ministres réactionnaires.
C’est tous et toutes ensemble, dans l’unité et dans la lutte contre le gouvernement que nous pourrons faire reculer Charest définitivement et préserver nos acquis sociaux.
Montréal le 21/05/12.
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