Par Yann Le Bras
Plus de 30 personnes ont été tuées dans les affrontements de jeudi entre grévistes et policiers dans une mine de platine dans le Nord-Ouest de l’Afrique du Sud. Le massacre a eu lieu le sixième jour de la grève des mineurs dans les opérations de la Marikana Plc propriété britannique Lonmin, la troisième plus grande société mondiale de l’exploitation de platine.Ces décès s’ajoutent aux dix survenus dans les violences entre syndicats depuis dimanche sur ce site minier, où plusieurs centaines de grévistes réclamaient d’importantes augmentations de salaire. Les salaires des mines de platine sont parmi les plus bas en Afrique du Sud, et la charge de travail des mineurs a peu changé leurs conditions depuis la fin de l’apartheid il y a près de deux décennies. Comme le décrit Le Monde : « Les mineurs, qui vivent dans des taudis accolés à la mine, sans eau courante, touchent environ 4 000 rands par mois (400 euros). Ils demandaient de très importantes augmentations de salaire, jusqu’à 1 250 euros par mois. "Nous sommes exploités, ni le gouvernement ni les syndicats ne sont venus ã notre aide ", avait déclaré l’un d’eux mercredi, Thuso Masakeng, "les societes minières font de l’argent grâce ã notre travail et on ne nous paye presque rien. Nous ne pouvons pas nous offrir une vie décente. Nous vivons comme des animaux ã cause des salaires de misère" [1].
Avant d’abattre les mineurs en grève, quelque 3.000 d’entre eux s’étaient rassemblés sur une colline surplombant la mine, la police a essayé de les chasser les encerclant avec du fil de rasoir et utilisant des gaz lacrymogènes, des grenades assourdissantes et de canons ã eau. C’est dans la confusion créée par ces attaques que une colonne de mineurs armés de machettes et des bâtons se sont approchés d’une ligne de policiers armés avec des armes automatiques. En ce moment les policiers ont mitraillé les travailleurs sans défense. Leur désespoir, produit de leurs conditions de vie, est éloquent : « Le porte-parole du syndicat des mineurs, Lesiba Seshoka, a déclaré à la chaîne d’information continue eNews que le président de l’AMCU, le petit syndicat qui avait appelé à la grève, avait tenté de persuader les mineurs de reprendre le travail, en vain. "Ils lui ont dit qu’ils étaient prêts ã mourir (...) qu’ils n’avaient pas l’intention de bouger, qu’ils allaient appeler leurs enfants à les rejoindre" sur la colline où ils sont regroupés depuis lundi » [2].
La répression sauvage, qui a donné lieu ã des comparaisons avec les massacres perpétrés par le régime de l’apartheid ã Sharpeville, en 1960, ou de Soweto en 1976, a été réalisée avec le soutien total de l’African National Congress (ANC) qui est au pouvoir en ce moment et le soutien du plus important syndicat, l’Union nationale des mineurs (NUM), qui a travaillé avec la direction de la mine et le gouvernement pour briser la grève.
Sous-jacents au conflit est le défi lancé à la NUM par un syndicat dissident, l’Association des mineurs et de la construction de l’Union (AMCU), qui a organisé une partie importante de travailleurs qui sont mécontents de la NUM ã cause de la subordination des intérêts des mineurs ã ceux des propriétaires de mines et le gouvernement de l’ANC. Ces défections de syndicats affiliés à l’ANC sont symptomatiques de l’agitation croissante au sein de la classe ouvrière et du ressentiment intense ã cause des niveaux d’inégalité sociale dans l’Afrique du Sud, qui sont parmi les plus élevés dans le monde.
Toute ceci montre que le démantèlement de l’apartheid était en réalité un « guépardisme » [3] noir pour sauver le pouvoir Blanc. Pendant les années 1980 la mobilisation et l’activité de la classe ouvrière Noire était si intense qu’elle commençait ã menacer la domination de la bourgeoisie Blanche. Celle-ci ne pouvait pas empêcher l’utilisation de répression seulement . L’impérialisme américain a noté que la situation ne pouvait être maintenue comme avant. Le gouvernement des États-Unis exercé une forte pression sur le gouvernement de De Klerk (président de Afrique du Sud a tel moment) et d’autres représentants de la classe dirigeante blanche pour les forcer ã accepter certaines concessions comme une « règle de la majorité" (noir) avec des cordes attachées importantes. L’accord entre De Klerk et l’adresse du Congrès national africain (ANC), a été de former un gouvernement de compromis avec les représentants de toutes les parties, conduit par Mandela. La direction de l’ANC, en particulier Mandela, a accepté de composer un gouvernement avec la classe dirigeante Blanche en échange de leur intégration dans celle-ci. Ils ont dit que rien de fondamental ne changerait avec eux. Les dirigeants de l’ANC, quant ã eux, ont décidé d’accepter l’application des politiques d’ajustement sur l’économie, domaine du capital Blanc, (no seria au bénéfice du capital Blanc ?) en échange qu’aucune mesure soit prise contre les responsables des crimes contre le peuple dans le passé, et ainsi de suite. En d’autres termes, ils ont convenu ã un abandon complet, en échange d’un règlement des aspects formels de l’apartheid, sans lesquels la transition n’aurait pas pu avoir lieu.
Maintenant il faut faire un vrai changement social : une révolution ouvrière et socialiste non seulement contre la bourgeoisie Blanche mais aussi contre ses lieutenant, le ANC.
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