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Par Loïc Guillaume
Pelleteuses, police nationale, charters...difficile pour les 15 ã 20 000 Roms vivant en France de voir quelle peut bien être la différence entre ce gouvernement et le précédent.
Hollande avait pourtant promis de rompre avec la brutalité du sarkozysme. Il a néanmoins chargé Manuel Valls de faire expulser près de 3000 Roms cet été. Bouc émissaire historique, la population rom ne subit pas qu’en Europe de l’Est un racisme d’Etat quotidien, comme voudrait le faire croire la presse libérale et bien pensante, citant occasionnellement la commissaire Européenne à la Justice et aux Droits de l’homme. La preuve est faite encore une fois que la France n’est pas en reste.
Constamment assimilés ã des délinquants, on leur refuse l’accès aux services publics aussi bien qu’au marché du travail. Dans les pays d’Europe de l’Est dont ils viennent pour la plupart, nombre d’entre eux a été sédentarisé de force sous les régimes pseudo-communistes. Par la suite, ce sont eux aussi qui ont été le plus touchés par les réformes structurelles des années 1990, avec les femmes et les retraités notamment. La situation n’est pas seulement particulièrement compliquée en ex-Yougoslavie, où leur communauté a été prise pour cible par l’ensemble des camps en présence pendant les différentes guerres. On a assisté également, dans les autres pays de l’Est, ã une multiplication des mesures discriminatoires et des actes racistes [1], comme dernièrement en Hongrie où la communauté est l’objet de véritables pogroms organisés par des organisations fascisantes qui cohabitent avec le pouvoir en place ã Budapest
On imagine aisément pourquoi, avec des salaires moyens de 150 euros en Roumanie ou en Bulgarie par exemple, les Roms choisissent de migrer vers l’Ouest. C’est ainsi qu’ils constituent aujourd’hui en France une population flottante, exclue de tout et soumise à la misère, et une cible toute trouvée pour la xénophobie d’État qui sert à la bourgeoisie pour diviser les exploité-e-s entre eux. Alors que le patronat s’apprête ã asséner un coup de massue historique aux travailleurs en supprimant 400 000 postes de travail, main dans la main avec un gouvernement déterminé ã soumettre les classes populaires à l’austérité la plus drastique depuis la Seconde Guerre mondiale, la manœuvre dont Valls a été chargé est très claire : elle vise ã détourner l’attention des travailleurs et des jeunes de leur véritable ennemi. Au contraire, nous devons tous être solidaires de ce peuple opprimé jeté sans cesse à la rue sous les coups de matraque et dans le vacarme des pelles mécaniques.
Depuis l’élection de Hollande, 33 camps ont été détruits, dont une majorité sur dans des communes dirigées par le PS, quatre dans des mairies tenues par le PCF, dont la politique ne se distingue guère de celle des « socialistes » en l’occurrence. Comme en témoigne un article édifiant paru sur Rue89 [2] , des procédures administratives des plus routinières ont été mises en place dans les préfectures pour gérer ces opérations de démantèlement : encadrement des journalistes pour limiter la publication d’images des événements, contournement des militants associatifs qui défendent les Roms, emplois de société de gardiennage pour empêcher la réinstallation des délogés, etc. Alors que rien n’est réellement prévu concernant le relogement ensemble des habitants des camps, le document interne que s’est procuré le site d’information stipule même qu’il faut s’assurer du confort des forces de l’ordre, en leur préparant le café !
Ce n’est pas un hasard si avec un tel empressement répressif, les « socialistes » ont su toucher le cœur du vieux marchand de canons et sénateur UMP Serge Dassault. A Corbeil-Essonnes, il a félicité le ministre de l’intérieur : « je veux dire un mot ã Manuel. Pour moi, pour nous, la sécurité n’est ni de gauche ni de droite. Et je dois vous dire que nous sommes très heureux de son action. C’est pour ça qu’il a l’appui d’un journal bien connu [en l’occurrence… Le Figaro, lié à la famille Dassault]. Mais, s’il fait des bêtises, on en reparle. Actuellement, c’est très bien. Pour les Roms et tous les autres, c’est formidable. Donc bravo Manuel et continue ! » [3]
Hollande se targuait d’être le président « normal » ; il est en effet tout ã fait dans la norme répressive de l’État bourgeois français.
11/09/12
[1] Voir par exemple P. Alcoy, « Hongrie : le travail obligatoire imposé aux Roms est une attaque contre tous les travailleurs », 12/10/11 , http://www.ccr4.org/Hongrie-le-trav...
[2] « Roms : petit manuel pour une expulsion réussie », Rue89 Lyon, 3 septembre 2012, http://www.rue89lyon.fr/2012/09/03/...
[3] Voir la vidéo, ã partir de 2’30 sur http://www.liberation.fr/politiques...
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