Par Daniela Cobet et Vincent Duse
L’annonce d’une restructuration du groupe PSA incluant la suppression de 8000 emplois et la fermeture du site d’Aulnay-sous-Bois, tombée avant les vacances d’été, n’était pas vraiment une surprise. Plusieurs mois auparavant, des membres de la CGT du site avaient déjà pris connaissance du projet de fermeture du site d’Aulnay, et l’avaient fait savoir. La fermeture d’une usine terminale du secteur automobile serait une première en France depuis de très nombreuses années et constituerait un test réussi pour le patronat français et européen. Il s’agit donc d’une digue, et si elle saute c’est toute une série d’autres usines qui fermeront derrière. Les patrons d’autres groupes automobiles l’annoncent déjà . « Si quelqu’un commence ã restructurer, cela obligera tout le monde ã suivre... », avait dit, en mars dernier, Carlos Ghosn, le président de Renault. Selon une étude du cabinet Roland Berger datée du 5 septembre, dix usines pourraient disparaître en Europe dans les deux ou trois ans ã venir, et avec elles 80 000 emplois.
Le choix du site d’Aulnay n’est en ce sens pas un fait de hasard. Alors que des spécialistes pensent que ce serait plus « logique », du point de vue de la productivité, de fermer le site de Madrid, c’est celui de la Seine-Saint-Denis qui a été retenu. Car au-delà des chiffres il y a des raisonnements politiques. L’usine d’Aulnay a été pendant ces dernières années un bastion de combativité au sein du secteur automobile, avec une CGT forte, tenue par l’extrême-gauche. Si le patronat réussit ã briser la résistance des travailleurs là où elle est censée être la plus dense, il pourra déclencher une offensive plus importante, assis sur un rapport de force nettement favorable. Voilà pourquoi il s’agit d’une bataille stratégique pour l’ensemble de la classe ouvrière. Reste ã savoir : cette bataille, est-il possible de la gagner ?
Un début de mobilisation, pour l’instant insuffisant face à l’acharnement patronal
Depuis l’annonce de la fermeture d’Aulnay et de la suppression de 8000 emplois chez PSA, un certain nombre d’initiatives ont été prises par les organisations syndicales : un rassemblement devant le siège du groupe, un blocage d’autoroute, une manifestation à l’Elysée, d’autres ã Rennes... Une intersyndicale a été constituée et un « comité de préparation à la lutte » a été mis en place ã Aulnay, réunissant plus de 160 délégués désignées dans les ateliers. Au moment où nous écrivons cet article, deux nouvelles actions sont prévues : un meeting dans une cité où vivent de nombreux ouvriers de l’usine le 29 septembre, et une action au Salon Mondial de l’Automobile dans le cadre de la journée d’action appelée par les confédérations syndicales le 9 octobre. Tout cela est positif, mais évidemment insuffisant pour arrêter les plans du patronat.
Les syndicalistes de PSA Aulnay argumentent que ce n’est pas évident de mobiliser les salarié-e-s au-delà des rangs traditionnellement les plus combatifs. C’est certainement en partie vrai. Tout le monde comprend qu’il s’agit d’un combat difficile et la direction mise au maximum sur la division entre les salariés du groupe. D’un côté elle propose des « solutions » ã d’autres sites qui étaient sur la sellette comme Rennes et Sevelnord (nous y reviendrons) pour laisser celles et ceux d’Aulnay isolé-e-s. De l’autre, elle a préparé le terrain pour transférer la production actuellement prise en charge par Aulnay vers d’autres sites, notamment celui de Poissy. Ce qui revient ã mettre les sites en concurrence, et vise ã réduire l’impact d’une éventuelle grève ã Aulnay. Ensuite, elle fait courir l’information qu’à Poissy, suite au licenciement de nombreux intérimaires et ã un certain nombre de départs négociés, « il y aurait de la place » pour 1500 salariés d’Aulnay (alors même que le plan de la direction prévoit la suppression de 700 postes ã Poissy !). Le but de cette manœuvre est de pouvoir opposer les travailleurs soit-disant reclassables à l’intérieur du groupe ã celles et ceux qui ne le seraient pas, la menace de cette « liste noire » devenant un outil pour discipliner les salarié-e-s en colère.
Dans ce scénario, la tentation de privilégier des issues individuelles au lieu de parier sur un combat collectif est grande. On voit bien que la direction du groupe PSA a préparé un « plan de guerre » pour éviter qu’une mobilisation d’ampleur puisse voir le jour contre les suppressions d’emploi et la fermeture du site d’Aulnay. La question est de savoir si les salarié-e-s seront capables, au-delà des déclarations, de se donner les moyens de retourner la situation pour gagner cette guerre.
Briser l’isolement : vers un comité de lutte intersites et une grève de tout le groupe !
Au vu de l’ampleur des plans du patronat et des enjeux concernant la fermeture du site d’Aulnay, il est évident qu’une lutte, si forte soit-elle, si elle reste cantonnée dans une seule usine, ne sera pas capable de faire plier la direction de PSA. Seule l’extension du conflit ã d’autres sites du groupe, voir vers un mouvement d’ensemble contre les licenciements qui s’annoncent un peu partout en ce moment, serait capable de créer le rapport de force nécessaire. Cela est d’autant plus possible que l’ensemble des sites de PSA sont touchés par le plan de la direction, que ce soit sous la forme de suppressions d’emploi, d’une flexibilisation croissante ou de l’augmentation des charges de travail et de la dégradation des conditions de travail.
L’exemple le plus emblématique est celui de « l’accord de compétitivité » qui est envisagé sur le site de Sevelnord, résultat du chantage patronal pour ne pas fermer ce site. Il comprend : a) un gel des salaires pendant deux ans (ce qui signifie la baisse du pouvoir d’achat), b) une mobilité forcée des travailleurs sur d’autres sites, même sur des postes ã salaire inférieur, voir des « prêts » de salariés ã d’autres groupes du secteur automobile comme Toyota, c) la fin de l’indemnité ã 90% pour le chômage partiel, d) réduction et mise ã disposition de l’employeur des journées de RTT, e) temps de rattrapage obligatoire si les objectifs journaliers de production de sont pas atteints, f) baisse des indemnités et primes pour le travail samedi ou en équipe de nuit, entre autres mesures... C’est ã dire une attaque frontale contre les conditions de travail et les acquis des salariés. Cet accord, qui aujourd’hui ne concernerait que le site de Sevelnord, pourrait ensuite être étendu ã tous les autres puisque Varin s’est déjà déclaré « prêt ã partager ce qui fonctionne ».
Les conditions sont donc réunies pour proposer une lutte d’ensemble des travailleurs, puisque nous sommes tous attaqués. Et c’est bien ce dont les patrons ont peur, puisqu’ils font tout pour diviser. Si les salariés de PSA ont été capables d’organiser des débrayages simultanés sur la question de la mutuelle il y a quelques mois, si les raffineurs ont été capables d’organiser une grève nationale contre la fermeture du site de Flandres, alors, quand nous sommes tous attaqués au même moment, pourquoi ne serions-nous pas en mesure d’organiser une riposte coordonnée à l’échelle de tout le groupe PSA ?
Les camarades de la CGT PSA Aulnay et de Lutte Ouvrière argumentent que toute initiative un peu offensive vers l’extérieur serait pour l’instant précipitée, du fait d’une mobilisation qui n’a pas encore réussi ã toucher une part suffisante des salariés. Ils affirment que dans le stade actuel, l’appel ã une mobilisation coordonnée entre les sites amènerait probablement ã un échec, ce qui tendrait ã dégrader le rapport de force. Dans le même temps, ils sont pourtant les premiers ã constater qu’une grève cantonnée au seul site d’Aulnay ne ferait pas avancer la lutte, puisque comme nous l’avons vu la direction s’est préparée pour faire face ã un mouvement de ce type. Leur raisonnement nous amène donc ã une impasse évidente. C’est sur ce point que nous souhaitons ouvrir ici un débat fraternel avec ces camarades.
Car s’il est vrai qu’il n’y a pas pour l’instant un climat de bagarre généralisé sur les sites du groupe, un certain nombre d’initiatives pourraient être prises dans l’immédiat pour tester les possibilités réelles :
· Une tournée de copains de PSA Aulnay sur tous les sites du groupe, avec l’organisation de meetings/réunions avec les salarié-e-s pour expliquer la situation et la nécessité de se battre ensemble.
· L’extension du « comité de préparation à la lutte » ã tous les sites, avec des comités par site réunissant des délégués d’atelier, syndiqués ou pas, et la mise en place d’une coordination intersites. Même si au début les comités des autres sites réuniraient peut-être moins de salariés qu’à Aulnay, ce serait un premier pas vers une lutte coordonnée et auto-organisée à l’échelle nationale.
· La préparation d’une journée de grève nationale contre toutes les suppressions d’emploi dans le groupe et en solidarité avec les ouvriers d’Aulnay, contre la fermeture et dans la perspective d’un mouvement de grève reconductible.
C’est certainement plus facile ã dire qu’à faire, mais les travailleurs d’Aulnay ont peu de choses ã perdre et il s’agit de la seule voie qui puisse empêcher la fermeture. Et il est évident que si les travailleurs commençaient ã voir la perspective d’une lutte d’ensemble, vraiment capable de faire plier la direction, ils seraient encouragés ã s’y engager plus massivement. Car aujourd’hui le manque de perspectives réelles, d’un véritable plan de guerre en mesure d’imposer une défaite aux patrons, ouvre le terrain à la démoralisation et à la recherche de solutions individuelles.
C’est ainsi que de nombreuses mutations vers d’autres sites, notamment de techniciens, sont déjà en cours et réduisent jour après jour les effectifs d’Aulnay, en même temps que l’idée de négocier des indemnités et des conditions de reclassement fait son chemin dans la tête de nombreux salariés comme étant la seule issue possible. Cette situation dégrade chaque jour le rapport de force et réduit les possibilités de victoire, raison pour laquelle un changement de politique devient plus qu’urgent.
Aucune confiance dans le gouvernement ! Expropriation de la famille Peugeot !
A défaut de pouvoir organiser une mobilisation d’ampleur, l’intersyndicale de PSA Aulnay a jusqu’à présent misé sur des interpellations au gouvernement pour un gel du plan social, et a même présenté l’ouverture de négociations tripartites comme une victoire. On devrait pourtant avoir tiré des leçons de l’histoire récente en ce qui concerne l’intervention des gouvernements « de gauche » dans ce type de conflit (Mitterrand face aux licenciements de 1984, Jospin ã Vilvoorde). De plus, après quelques déclarations d’intention démagogiques avant les vacances d’été, Hollande et Montebourg ont déjà montré assez clairement qu’ils ne feront rien pour empêcher la fermeture du site d’Aulnay et les suppressions d’emploi dans l’ensemble du groupe.
Au contraire, le gouvernement fait tout pour mieux faire passer la pilule des attaques contre les salariés. C’est le sens de la commande d’un rapport d’expert (Sartorius) pour démontrer la soit-disant inévitabilité des réductions d’effectifs ã PSA. C’est le gouvernement lui même qui le dit : « Cette expertise indépendante était nécessaire. Elle permet de donner tous les éléments, de manière équilibrée, pour comprendre la situation de PSA et pour contribuer au dialogue social qui désormais doit s’ouvrir. Si le rapport ne comporte aucun scoop sur la situation de PSA, il fallait en passer par là pour restaurer la confiance entre les différents acteurs. » [1].
Le rapport permet aussi un changement de discours du gouvernement, qui déclarait initialement que le plan de PSA était « inacceptable », et déclare maintenant que « la nécessité, dans son principe, d’un plan de réorganisation des activités industrielles et de réduction des effectifs de PSA Peugeot Citroën n’est malheureusement pas contestable », que « aujourd’hui, des mesures de redressement sont indispensables » et qu’il s’agit de faire en sorte que le plan soit « limité au strict nécessaire ».
Ce virage du discours du gouvernement devrait nous démontrer qu’on ne peut avoir aucune confiance envers la médiation de l’Etat, et donc dans les négociations tripartites, et que les travailleurs ne peuvent compter que sur leurs propres forces et leur propre capacité de mobilisation. Et d’autre part que les « rapports d’experts » sont souvent un piège pour les salariés, car leurs conclusions sont tirées selon l’optique des patrons, de la rentabilité et non pas de la survie de nos familles ! Le rapport Sartorius montre par exemple que si PSA est effectivement en difficulté aujourd’hui, c’est en grande partie ã cause des dividendes exorbitants accordés aux actionnaires pendant des années.
Il constate que dans la période qui va de 1999 ã 2011, « le groupe PSA a distribué des dividendes pour un montant total de 2,8 milliards d’euros, tout en menant simultanément un programme de rachat d’actions pour 3 milliards d’euros qui a permis aux actionnaires historiques de remonter au capital du groupe. [...]3 milliards d’euros qui ont été consacrés au rachat d’actions plutôt qu’au développement du groupe". Dans un contexte de crise, la distribution de 450 millions d’euros de dividendes au premier semestre 2011, après l’annonce d’un rétrécissement du marché et des mauvais résultats de PSA, paraît aux yeux des experts « inopportune ». Ce que les experts dissimulent, malheureusement sans se voir opposer aucune critique profonde d’une partie des syndicats, c’est qu’il n’y a rien « d’inopportun » dans la façon d’agir des actionnaires, car la logique même du capital est de chercher ã se placer là où il peut être le plus rentable, c’est ã dire là où il peut en retour générer encore plus de capital. En voyant les tendances à la chute des profits dans le secteur automobile face à la crise, la famille Peugeot a investi ces dernières années ses bénéfices dans les vins de Bordeaux, dans les sociétés d’autoroutes, les instituts de sondage, les chaines de maisons de retraite... c’est ã dire tous les secteurs qui leur semblaient au contraire plus « opportuns » pour leurs profits.
Et ce que le rapport ne conclut évidemment pas, on s’en doute bien, c’est que ce serait aux actionnaires « imprudents » de rendre une partie de l’argent qu’ils ont amassé grâce à la sueur des ouvriers, et non aux travailleurs de payer la facture ! C’est pourquoi seul le contrôle des travailleurs eux-mêmes sur les comptes de l’entreprise peut apporter une solution de fond, qui permettrait d’aller chercher l’argent là où il est, dans les poches des actionnaires et en particulier de la famille Peugeot, qui possède plus de quatre milliards d’euros en Suisse.
A l’Etat, qui a déjà pu verser des millions pour sauver les entreprises et les bénéfices de ces « pauvres patrons », la seule mesure progressiste que l’on pourrait imposer serait l’expropriation et la nationalisation sous contrôle des travailleurs de tout le groupe PSA. Même si cette revendication semble aujourd’hui éloignée du niveau de conscience de la plupart des salariés, c’est bien la seule solution de fond à la crise du secteur automobile.
Faire converger les luttes, au-delà du secteur automobile : pour un mouvement national contre les licenciements et le chômage !
Aujourd’hui, même si le dossier PSA se trouve sur le devant de la scène, la vague de licenciements dépasse très largement le secteur automobile. A Doux, Air France, Sodimédical, Sanofi, Plysorol, Ethicon, Carrefour, La Redoute, ainsi que dans bien d’autres entreprises où les conflits sont moins médiatisés, c’est des milliers et des milliers d’emplois qui sont en jeu. Comme en 2008-2009, les confédérations syndicales ne font rien pour les coordonner et les aider ã gagner, alors que dans l’isolement ces luttes seront très probablement condamnées à la défaite.
Néanmoins, à la différence de la vague précédente de luttes contre les licenciements et les fermetures d’usine, la plupart des conflits actuels ne posent pas d’emblée la question des indemnités de départ. C’est sûrement parce que l’expérience des ouvriers de Continental, Philips, Molex, etc. a montré que dans une situation de crise, quand le chômage explose, les indemnités aussi élevée soient-elles s’épuisent très vite pour couvrir les dépenses de familles désormais sans revenus. Les luttes actuelles tentent alors souvent de poser la question d’une reprise par les salariés de l’outil de travail, sous la forme de SCOPs, de façon ã garder les emplois. Il est vrai que cette issue coopérativiste repose en grande partie sur une illusion, puisque de petites unités de production, avec des travailleurs qui s’auto-exploitent, sont en fait structurellement incapables de faire face à la concurrence des grands monopoles capitalistes dans une situation de crise. Mais ce refus de se limiter à la revendication des indemnités (qui par sa nature tend ã cantonner la lutte entre les quatre murs de chaque entreprise, puisqu’il s’agit d’arracher de l’argent ã un patron en particulier) peut permettre de poser d’avantage la question d’un mouvement d’ensemble.
Le fait que PSA Aulnay soit aujourd’hui au centre de la situation a des implications importantes. Non seulement du point de vue des conséquences qu’une défaite sur ce conflit pourrait entraîner pour l’ensemble de la classe ouvrière, ce qui justifie déjà la nécessité de construire un grand front de solidarité, mais aussi du point de vue des responsabilités que cela implique. Car s’il y a une lutte qui serait aujourd’hui en mesure de lancer un appel ã fédérer toutes les bagarres, ã coordonner toutes les actions, dans la perspective d’un grand mouvement national contre les licenciements et le chômage, mouvement qui poserait la question de la nationalisation sous contrôle des travailleurs de toute entreprise qui ferme ou licencie et du partage des heures de travail jusqu’à en finir avec le chômage, c’est bien la lutte de PSA. Il est encore temps de commencer, mais pour cela il faudra une véritable « guerre », qui mobilise toutes les « armées » de notre classe. Ou, dit d’une autre manière, il faut désormais passer des paroles aux actes...
PSA Mulhouse, portrait d’une usine « non touchée »
Par Vincent Duse, ouvrier et militant CGT ã PSA Mulhouse
Le site de Mulhouse est parmi ceux qui seront « préservés » par le plan de la direction. Il est même censé recevoir une partie de la production de celui d’Aulnay après la fermeture. Quelques techniciens venus d’Aulnay ont déjà commencé ã débarquer chez nous, mutés vers un site « sûr ». Et pourtant on voit bien que cette sûreté ne concerne pas tout le monde. Car ã Mulhouse aussi il faudra bien « faire des efforts » pour réduire les effectifs. Comme toujours on commence par les plus faibles. Il y a quelques mois c’était ceux qui avaient un statut fragile, avec le licenciement sans remplacement de plus de 600 intérimaires. Actuellement la mode est de toucher les plus fragiles... physiquement. Et oui, maintenant la tendance est au licenciement des malades et des handicapés !
E. a été muté dans une nouvelle chaîne en mars. Après 3 jours il fait un malaise. Le jour de son malaise, il reçoit un coup de pression pour ne pas déclarer son malaise comme un « accident du travail », mais comme maladie. Puis s’enchaînent les arrêts maladie dus ã des problèmes cardiaques et une tension trop haute, mais également aux pressions pour lui faire tenir rapidement son nouveau poste. Le 30 août il est convoqué pour ses arrêts maladie, mais ne peut s’y rendre car sa femme qui attend un troisième enfant vient d’être envoyée aux urgences. Aujourd’hui la direction de PSA Mulhouse menace de le licencier en lui reprochant 17 jours d’arrêts maladie sans justificatif (dont en fait14 sont couverts et un autre était un jour de congé accordé par son chef).
Mais ce n’est pas un cas isolé. I. ã 13 ans d’ancienneté. Il était surnommé dans le secteur du montage « Speedy Gonzales » grâce ã son efficacité au boulot. Jusqu’à ce qu’en 2006 il contracte une maladie professionnelle du coude et de l’épaule. En juillet 2010 il a un accident du travail. Cet accident du travail entraîne quelques jours d’arrêts. Son chef rappelle chez lui pour lui demander d’écourter son « accident du travail avec arrêt ». Après discussion avec son médecin, il refuse de revenir avant qu’il ne soit guéri. Peu de temps après son retour la direction le fait muter ã un poste où on lui fera manipuler des moteurs de 150 kilos, alors qu’il ne pèse que 49 kilos ! Au départ il n’a qu’une ligne ã charger, mais très vite on va lui demander d’en alimenter une deuxième, ce qui aura pour conséquence qu’il sera contraint de travailler même sur son temps de pause. Les arrêts maladie s’enchaînent, les courriers de la direction aussi, puis il doit prendre des antidépresseurs pour tenir. Aujourd’hui I. est en longue maladie sous antidépresseurs. Durant sa maladie il a reçu une visite de l’assistante sociale de Peugeot pour le forcer ã démissionner. Comme cela n’a pas marché, aujourd’hui la direction veut licencier.
Et tout cela sans qu’aucun accord de compétitivité n’ait été mis en place ã Mulhouse. Cela donne une idée de ce ã quoi on peut s’attendre si la direction gagne la bataille qui est en cours. Les conséquences se font sentir bien au delà d’Aulnay. On voit bien qu’il ne nous manque pas de raisons pour rentrer dans une bagarre générale si elle a lieu !
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