Nombreux-ses sont celles et ceux qui ont répondu à l’appel de l’inter-LGBT (collectif regroupant 58 associations de défense des droits des LGBTIQ [1]) ã manifester ce dimanche 16 décembre ã Paris pour défendre le projet de mariage pour tou-te-s, mais surtout le principe de l’égalité des droits pour toutes et tous.
Il fallait taper fort pour répondre au déploiement des forces réactionnaires lors de la double manif du 17 et 18 novembre - « manif pour tous » du samedi puis celle à l’appel de Civitas, intégristes catholiques rejoints par les fascistes du FN, du Bloc identitaire et du GUD [2], le dimanche.
Nous étions 150 000 entre La Bastille et le Luxembourg pour protester contre l’horizon médiatique offert aux slogans homophobes et discriminatoires et les agressions de contre-manifestantes féministes de Femen par le GUD. Ce qui a choqué, c’est la grande tolérance des autorités vis-à-vis des opposants au mariage gay : pas moins de deux manifestations de suite pour les opposants au mariage pour tous, tandis que celle de soutien ã Gaza, prévue le samedi 17 n’a pas été autorisée par la préfecture, et que les agresseurs du GUD n’ont même pas été poursuivis !
Si certains sont venus soutenir l’initiative gouvernementale, pour nous elle ne suffit pas ! Le mot d’ordre de la manifestation, l’égalité pour tous, va d’ailleurs bien au-delà des faibles concessions promises par le gouvernement aux LGBTIQ : il faudrait y ajouter l’accession à la Procréation Médicalement Assistée, à l’adoption, à la nationalité pour le conjoint, toutes choses que n’inclut pas le projet de « mariage au rabais » du gouvernement PS et qui ont été largement revendiquées lors de la manif. De plus, réclamer aujourd’hui l’égalité des droits, le respect des choix de genre et de sexualité de toutes et tous, ne revient pas ã faire notre, la norme du couple marié. L’égalité réelle serait d’abolir la discrimination entre couples mariés et non mariés !
Un large secteur de la manifestation s’était donc déplacé non seulement pour défendre le projet de loi, mais pour réclamer que le gouvernement cesse de donner des gages aux réactionnaires, et avance réellement vers l’égalité des droits. En ce sens, les cortèges étaient très hétérogènes, le PS ayant même envoyé une large délégation de militant-e-s pour soutenir le pouvoir. Ceux-ci chantaient des slogans nationalistes et républicains, brandissaient des drapeaux français, dans le vieux style de la « nation civilisatrice ». Comme si les acquis de la lutte contre l’oppression de sexe et de genre étaient tombé du ciel, sans lutte, pour la seule raison que nous serions Français-e-s. Dans un pays impérialiste comme la France, cette instrumentalisation de la cause féministe par le pouvoir sert constamment ã justifier l’oppression néocoloniale des populations immigrées, et la mainmise sur les pays dominés.
D’autre part, la jeunesse, le monde du travail et en leur sein tou-te-s les LGBTIQ ne doivent pas être dupes de l’utilisation que fait le gouvernement de son projet de loi. En même temps qu’il fait quelques concessions sur ce terrain, il prépare en effet une offensive historique sur le droit du travail, le CDI, la compétitivité et les services publics. Or, le chômage, l’accroissement des inégalités dans l’accès aux soins de santé (-2,4 milliards d’euros au budget de la santé pour 2013) touchent tous les travailleurs et renforcent la précarité des plus vulnérables face aux discriminations – homophobes et racistes – sur le marché du travail et dans l’accès aux soins [3].
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