Le dernier CPN a failli ne pas avoir lieu. A seulement quelques heures du début de celui-ci, certains de ses membres proposaient de l’annuler. Le prétexte était la grève des cheminots, mais chacun comprend bien que si une direction veut se réunir, elle se donne les moyens et que des alternatives en termes de transport existent. Mais les raisons de fond n’étaient pas là . Divisée sur les leçons ã tirer du résultat des élections européennes et sur un axe central de son orientation – l’opposition de gauche – au moment même où elle entendait lancer la préparation du Congrès et débuter une offensive contre la gauche du parti, la majorité visiblement ne tenait pas plus que cela ã ce que le CPN puisse se réunir. La puissante grève des cheminot-e-s, qui contredisait toutes les analyses défaitistes du mouvement ouvrier sur lesquelles se fondait la justification de la politique majoritaire, n’arrangeaient définitivement pas les choses… et ce n’était pas forcément par manque de trains !
La solution de compromis trouvée a été celle d’un CPN sur une journée et l’ordre du jour a été revu. La proposition articulée autour de l’analyse de la situation et des processus de la lutte de classes en cours (en particulier la grève des cheminot-e-s) a été acceptée d’emblée, pour notre propre surprise, nous ne le cachons pas. Pour une fois nous avons pu discuter de façon un peu sérieuse sur la situation politique, les luttes en cours et l’intervention du parti, même si c’est dommage que la dynamique fractionnelle imposée par la majorité ait fini par prendre le dessus et qu’il n’y ait pas eu de résolutions concrètes.
Un certain nombre de conclusions se dégagent néanmoins de ces débats et des évènements qui s’en sont suivis.
La première est que la majorité actuelle du NPA traverse une crise importante avec une partie de ses membres remettant en cause – quoique sans aller jusqu’au bout de leur propre raisonnement – le cœur de sa politique. Ces divisions la mettent en difficultédans sa lutte contrela gauche du parti, mais peut en même temps accentuer les tendances aux fuites en avant fractionnelles et ã des pratiques délétères. Le fait que l’ensemble des membres de la majorité ait quitté le CPN avant sa fin est un symptôme à la fois de ce type de pratique et de sa faiblesse.
La deuxième est que cette crise de la majorité n’est que l’apparence d’une crise bien plus profonde, celle du NPA en tant que parti large censé occuper un espace politique, médiatique et électoral à la gauche de la gauche et sans implantation réelle.
La troisième, qui découle des deux premières est qu’il est urgent pour la gauche du parti de passer à l’offensive et de se constituer en véritable alternative de direction, pour un autre type de parti, révolutionnaire, implanté dans les principaux bastions de la classe ouvrière et démontrant son utilité sur le terrain de la lutte de classes.
L’étape qui arrive, celle de préparation du Congrès, doit être l’occasion de mener les débats stratégiques et d’orientation au sein de la gauche du parti en visant la constitution d’une plateforme commune, tout en multipliant les expériences d’interventions qui permettront de tester dans la réalité nos points d’accord. En ce sens, l’intervention volontariste et concertée à l’égard de la grève des cheminot-e-s menée en particulier par les camarades d’AR, de l’Etincelle et du CCR constitue un point d’appui important qu’il faut valoriser et approfondir.
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