Le 13 juin 2014 sur le site de PSA Mulhouse lors d’un changement d’équipe, un collègue venant prendre son poste a découvert un ouvrier pendu dans le local des centralistes dans l’usine de mécanique. Un drame de la vie ? Une conséquence de la souffrance au travail qui a abouti au suicide ? Plein de questions sans réponses, et pourtant tous les spécialistes souligneront que le choix de se donner la mort sur son lieu de travail est très loin d’être dû au hasard.
La direction, avec le soutien de toutes les organisations syndicales (exceptée la CGT), manœuvre pour cacher tout lien avec le travail
Dès que l’alerte a été donnée le vendredi 13 juin, la direction du site a sécurisé le lieu : un accident mortel du travail s’étant produit, elle a empêché toute personne qui n’était pas de la sécurité générale ou de la gendarmerie d’aller sur place, alors que les membres du CHSCT (Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail) de mécanique doivent pourtant pouvoir constater sur les lieux et prendre toutes les dispositions nécessaires, afin de mener une enquête approfondie. Cela leur a été refusé par la direction : ce qui constitue un délit d’entrave au CHSCT aux yeux de la loi. Pourquoi tant de mystères s’il n’y a rien ã cacher ? Pour nous, le fait que la direction refuse toute enquête autre que celle de la gendarmerie signifie qu’il y a des accusations qu’elle ne veut surtout pas voir proférées sur la place publique.
Le jeu des syndicats de collaboration de classe
Comme à leur habitude , les syndicats jaunes de la CFTC, FO, CFE-CGC, et CFDT sont venus en aide au patron pour étouffer les raisons de la mort d’un ouvrier, en premier lieu en affirmant qu’il n’avait aucun problème au travail ; qu’il s’entendait très bien avec sa hiérarchie, et qu’il ne fallait surtout pas communiquer sur cette affaire et ne pas instrumentaliser la mort d’un salarié. En fait il faut accepter de mourir en silence et ne pas faire de vagues, et surtout ne pas incriminer le patron dans sa gestion de l’exploitation dans l’usine. Et pourtant partout les ouvriers le disent : le manque d’effectifs dans les secteurs de l’entretien est criant, des suppressions de postes de maintenanciers sont nombreuses, ailleurs sur le site comme en mécanique. Mais là , comme par enchantement, il n’y aurait aucune relation de cause ã effet…
Une commission d’enquête paritaire a été demandée par la CGT au CHSCT de mécanique pour faire toute la lumière sur cette affaire avec des enquêteurs de l’INRS, donc indépendante des syndicats comme du patron. Elle a été refusée par tous les syndicats, avec l’argument qu’une telle enquête pourrait « perturber par des actions qui pourraient retarder le investigations » ! En réalité comme ça le patron pourra surtout continuer ã nuire à l’ensemble des travailleurs du site de Mulhouse sans jamais être inquiété, puisque les syndicats patronaux veillent au grain…
Le fond du problème c’est bien que des ouvriers se donnent la mort comme seule échappatoireface aux assauts toujours plus durs du patronat, comme nous l’avons déjà vécu sur le site de PSA Mulhouse en 2007 avec 5 suicides, 2 sur le site et 3 hors de l’usine, sans que rien n’ait été engagé par manque de témoignages qui auraient peut-être permis de faire condamner le patron pour faute inexcusable [1].
Nous savons que l’exploitation tue déjà lentement chaque jour, par les cadences infernales, que des ouvriers n’arrivent plus ã tenir leur postes parce qu’ils sont trop âgés et usés par des années de labeur. Sans compter le nombre de camarades qui tombent en dépression suite aux pressions ou la peur d’être licencié-e-s. Ce massacre organisé, c’est bien le capital qui le conduit pour nous faire cracher de plus-value, quitte ã nous faire mourir, directement ou indirectement,menant des salariés qui sont tellement désespérés ã se donner la mort (chez PSA ou ailleurs).
C’est bien nos luttes et résistances qui seront déterminantes pour détruire ce système et c’est bien ã cela que nous devons travailler tous ensemble pour que notre futur ne soit pas la mort. Et nous le pouvons puisque rien ne peut se faire sans la classe ouvrière, alors que les patrons, eux ne sont d’aucune utilité, mise ã part celle de nous nuire.
4/7/2014.
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