Aujourd’hui avait lieu la 5ème journée nationale de lutte en solidarité avec les travailleurs et travailleuses de Lear licenciés ou mis ã pied au mépris de la loi, des délégués syndicaux attaqués par la direction comme les bureaucrates voyous du SMATA (syndicat des ouvriers mécaniciens et du transport), et des piquets et blocages de l’autoroute Panaméricaine (sur le site de Pacheco où se trouve l’usine Lear dans la zone nord de Buenos Aires) réprimés par de vrais bataillons de gendarmes.
La justice a cependant rendu il y a peu un verdict favorable aux travailleurs, forçant le ministre du travail ã imposer aux patrons de Lear de réintégrer les délégués syndicaux en question. En guise de réponse, les patrons ont tout simplement décidé de fermer toute l’usine pendant 15 jours, brandissant la menace que le site pourrait même fermer : quoi de mieux qu’un lock-out pour affaiblir les travailleurs, et ce genre de menaces pour les diviser ?
Mais malgré le feu croisé du patronat, de la bureaucratie syndicale et du gouvernement depuis plusieurs semaines, les travailleurs-ses et les militant-e-s ne désarment pas plus aujourd’hui qu’hier ! Au contraire, c’est peut-être aujourd’hui un nouveau pas qui a été franchi dans l’intensité et l’ampleur de l’affrontement de classes historique qui se joue actuellement. En effet, c’est au tour de l’usine Ford, ã quelques kms de celle de Lear, d’avoir été paralysée aujourd’hui grâce ã un important piquet bloquant la sortie des camions de l’usine Johnson Controls, un de ses équipementiers (comme Lear) qui avait également licencié un délégué indépendant de la bureaucratie du SMATA. Une preuve supplémentaire de cette possible montée en puissance du conflit qui se dessine, c’est le cap également franchi dans la répression (quoique dans la continuité des opérations policières antérieures de criminalisation des blocages ouvriers de la Panaméricaine) : aujourd’hui, quatre camarades du PTS, participant aux actions de solidarité avec les ouvrier-e-s de Lear, et cela au moment même du blocage de Ford, ont été bombés à la lacrymo, violentés et brutalement tirés de leur voiture (qui servait ã un blocage sur le site de Pacheco) et finalement arrêtés par la gendarmerie.
Relà¢chés dans la soirée, on notera que parmi ces quatre camarades, avec Maria Chavez, Guillermo Pistonesi et Patricio del Corro, on compte Victoria Moyano Artigas [1] qui est l’une de ces nombreux enfants séquestrés par la dictature (1976-1983). Or il y a quelques jours ã peine, c’était l’effervescence médiatique autour des retrouvailles, qui ont fait verser sa larme, dit-on, à la présidente Kirchner, entre Estela de Carlotto, éminente figure des mères de la place de mai, qui luttent depuis la fin de la dictature (1976-1983) pour rétablir la vérité sur les enlèvements d’enfants, subis dès l’accouchement par des femmes emprisonnées, et son petit-fils séparé dans le même contexte de sa mère, qu’elle recherchait depuis 37 ans. La situation est caricaturale par sa duplicité obscène : d’un côté la larme médiatique de la présidente, de l’autre les matraques et les menottes de ses flics !
Mais ne pas croire que cette caricature est purement locale. S’il y a bien un chef de gouvernement de « gauche » capable du même genre de grand écart, c’est sûrement Valls, qui est loin d’avoir sorti chez nous tout le grand jeu dont on l’imagine aisément capable…
09/08/2014
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