Lundi 1er septembre, Rena Dourou, membre du parti de gauche réformiste Syriza est entré en fonctions dans la région de l’Attique, ce qui constitue pour ce part de gauche la première expérience de pouvoir ã cette échelle -l’Attique étant la région la plus étendue et la plus peuplée de Grèce.
Rena Dourou les avait tous surpris en occupant la première place avec 50,8% des voix, le 25 mai, face au président sortant, un socialiste qui comptait sur l’appui du gouvernement de coalition mené par Antonis Samaras. Sa victoire dans la région athénienne a acquis une portée symbolique dans la mesure où elle décourage la classe bourgeoise et entérine la crise de son hégémonie politique.
En parallèle, son élection a suscité de grandes attentes pour les travailleurs et les secteurs populaires dans un contexte où Syriza, face à la débâcle gouvernementale, appelle ã des élections législatives anticipées. Ce qui transparaît notamment dans les scènes de liesse ã Ano Liosia, quartier populaire de la périphérie athénienne, où Rena Dorou a prêté serment dans un gymnase, mercredi 27 août, lors d’une cérémonie aux accents populaires soigneusement préparée.
Cependant, ã quelques jours de la passation de pouvoir, la dirigeante de gauche a déjà affiché la prudence avec laquelle elle s’apprête ã diriger l’administration régionale. Concernant le chômage qui frappe 30% de la population active de l’Attique, Mme Dorou a par exemple rappelé :
« Je n’ai jamais promis que j’allais résoudre le problème du chômage. J’ai dit que j’essaierai d’assigner des fonds européens aux projets qui n’aggravent pas le chômage. Ceci montre ã quel niveau je place la barre... Je sais que ce discours peu romantique a déstabilisé certains membres du mouvement, mais j’ai travaillé pendant treize ans dans le privé, et je suis réaliste ».
Au cas où elle n’aurait pas été assez claire, elle ajouta : « Je vais travailler dans le respect des valeurs de la gauche que je représente, mais lorsqu’on est à la tête d’une région, il faut se montrer pragmatique ».
C’est une preuve supplémentaire de la « social-démocratisation » rapide de Syriza et de son virage ã droite, avec ses réunions de plus en plus fréquentes et chaleureuses avec l’Association des Patrons de l’Industrie Grecque.
Lorsque, dans plusieurs pays européens, et notamment l’Espagne, d’énormes espoirs sont placés dans l’émergence de mouvements de la gauche réformiste- tel PODEMOS, qui a remporté plusieurs élections municipales- il est bon de se tourner vers les avancées en Grèce de ces politiques, pour en constater les limites. Tant que la bourgeoisie n’hésitera pas ã se décharger brutalement du poids de la crise sur les travailleurs, comme le démontrent les reculs réactionnaires subis depuis le début de la crise en Grèce et en Espagne, la nouvelle gauche réformiste n’offrira que des mesures timorées qui ne soulageront ni ne résoudront les maux dont souffre la population.
02-09-2014
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