Nous traduisons ici l’article « La Izquierda Diario y el combate leninista » publié dans La Verdad Obrera [1], journal de PTS en Argentine, du 11 septembre 2014 qui porte sur le lancement prévu pour le 16 septembre 2014 de La Izquierda Diario (Journal de l’Extrême-Gauche, http://laizquierdadiario.com/), le premier quotidien numérique de l’histoire de l’extrême-gauche en Argentine et en Amérique Latine, et le seul aujourd’hui existant à l’échelle internationale.
Nous approchons ã grands pas du 16 septembre, jour du lancement officiel de La Izquierda Diario : le premier journal numérique de l’extrême-gauche argentine et latino-américaine. La Izquierda Diario est une initiative de notre parti, le PTS [Parti des travailleurs socialistes], ouverte à l’extrême-gauche dont l’influence politique grandit actuellement, participant aux luttes des travailleurs et de la jeunesse. Aujourd’hui, nous sommes investis dans des luttes dures devenues des emblèmes nationaux de la défense des postes de travail, telles que celles de Lear et Donnelley. Nous nous confrontons au pouvoir politique ã travers nos sièges au parlement mais aussi aux forces répressives et aux provocations des bureaucraties syndicales dans les rues et sur la Panaméricaine. Et nous défendons l’indépendance politique des travailleurs contre toutes les variantes capitalistes.
Notre objectif n’est pas de faire un site internet d’extrême-gauche de plus, mais un véritable journal d’information et d’opinion, avec la perspective et le point de vue de l’extrême-gauche, sur les thèmes les plus variés (politique, économie, monde du travail, genre et sexualité, jeunesse, culture, sport, idées et débats, etc.), afin de dévoiler les mensonges de ceux qui sont au pouvoir, et de donner la parole ã tou-te-s ceux-celles qui sont exclu-e-s des médias de masse traditionnels. Nous voulons être entendus par les centaines de milliers de personnes qui cherchent une sortie via l’extrême-gauche à la fin du cycle kirchnériste, et pour cela notre ambition est de concurrencer les grands appareils et les corporations aussi bien pro-gouvernementales que de l’opposition bourgeoise, pour dénoncer les plans d’austérité, de surexploitation et de misère de nos ennemis et propager l’esprit de lutte, d’organisation et de conscience des exploité-e-s et des opprimé-e-s.
Cela fait déjà quelques semaines que nous produisons ce qui, dans le journalisme, est appelé « les numéros 0 », les numéros d’essai destinés ã améliorer le site et les contenus du quotidien. Ces derniers jours nous avons rendu certains de ces numéros d’essai publics et nous avons reçu des commentaires et critiques en général très favorables, aussi bien de travailleurs, d’étudiants, que de journalistes et d’intellectuels.
La Izquierda Diario disposera d’un réseau de correspondants militants dans 15 pays et plus de 30 villes : le Mexique (Distrito Federal), le Venezuela (Caracas), le Costa Rica (San José de Costa Rica), le Brésil (San Pablo, Río de Janeiro, Belo Horizonte, Campinas), la Bolivie (La Paz), le Chili (Santiago de Chile, Antofagasta, Valparaíso), l’Uruguay (Montevideo), les Etas-Unis (New-York, Washington), la France (Paris, Mulhouse, Toulouse), l’Allemagne (Berlin, Munich), l’Angleterre (Londres), l’Etat Espagnol (Madrid, Barcelone, Saragosse).
Dans notre pays, nous aurons des correspondants dans presque toutes les provinces. De Santa Cruz (Río Gallegos), Chubut (Rawson, Trelew), Neuquén (Centenario, San Martin de los Andes, Zapala), Río Negro (Viedma, Cipolletti, Bariloche, El Bolsón) ; La Pampa (Santa Rosa), en passant par Mendoza (Capital, San Rafael, y varias localidades), Córdoba (Capital, Río Cuarto, y varias localidades), San Luis (Capital), Salta (Capital), Tucumán (Capital), Jujuy (Capital, Ledesma), Santa Fe (Capital, Rosario, Villa Constitución), Entre Ríos (Paraná), jusqu’à la province de Buenos Aires (La Plata, Bahía Blanca, Mar del Plata, Junín, et toute la banlieue de Buenos AIRES), et la ville de Buenos Aires. Et nous pensons que quand le quotidien sera en ligne, de nouveaux correspondants émergeront ã travers le pays.
Nous serons « à l’antenne » ã partir du 16, mais nos productions journalistiques ont déjà fait irruption dans la politique avec toute leur force. Les dénonciations, photos et vidéos qui ont été découvertes du « gendarme carancho » et du « barbu aux cheveux blancs » [2], ont été postées par TvPTS, groupe audiovisuel qui va être intégré ã La Izquierda Diario. Produites sur le lieu où les faits se sont déroulés et diffusées le jour même, elles ont servi de preuves pour révéler au grand jour l’action répressive et l’infiltration dans la protestation sociale de la Gendarmerie Nationale, commandée par le Secrétaire de la Sécurité, Sergio Berni. De même, ã Lear il a été possible de montrer et dénoncer la « cage » dans laquelle les délégués ont été parqués, de même que les fausses assemblées (de la bureaucratie syndicale) et les agressions du SMATA.
Révolutionner les médias de l’extrême-gauche
Avec le lancement de La Izquierda Diario, le PTS réorganise son système de presse pour passer ã une formule beaucoup plus audacieuse, avec l’ambition de continuer ã avancer jusqu’à faire naître un « léninisme du XXIe siècle ». Lénine, dans le fameux Que Faire ?, avançait que le rôle d’un quotidien dans la Russie arriérée et au milieu de la répression de l’autocratie tsariste, devait être celui d’un « organisateur collectif ». Un instrument pour que tous les marxistes révolutionnaires de Russie s’expriment avec la même orientation politique lors de n’importe quel événement, en luttant pour leurs idées et leurs programme contre les tendances opportunistes et conciliatrices, construisant ainsi un parti de combat. Tout cela, dans les conditions de l’époque et du pays, signifiait un journal qui sortait, comme souvent, une fois par mois. Appelé Iskra (L’Etincelle), il était rédigé à l’étranger (il a commencé ã être publié en décembre 1900, ã Munich, en Allemagne) et introduit clandestinement pour parvenir au plus grand nombre d’ouvriers possible.
Des années plus tard, quand en 1912 commença le processus généralisé de luttes ouvrières (un-e « essor ou montée ouvrier-ère ») qui se développa jusqu’à l’éclatement de la Première Guerre Mondiale en 1914, le journal des bolcheviks (partisans de Lénine) se transforma en un quotidien, jusqu’à disputer et faire jeu égal avec lesmenchéviks (conciliateurs), avec l’objectif d’organiser les ouvriers autour de leur orientation et leur programme politique. « De 1912 jusqu’à 1914, avec des centaines de groupes d’ouvriers, les bolcheviks éditent La Pravda quotidiennement, souffrant de dizaines de censures et changeant de nom plusieurs fois pour éviter les confiscations que le régime tsariste imposait. Un des noms qu’a pris le quotidien est La Vérité Ouvrière, d’où nous tirons l’appellation de notre journal » [3]
Tel fut le moyen par lequel put s’exprimer la « voix » qui luttait pour la construction d’un parti révolutionnaire. La voix de la tendance intransigeante, et non pas conciliatrice de la social-démocratie russe (plus tard ils [les bolchéviks] s’appelleront communistes). Sans ces combats politiques, idéologiques et organisationnels, la glorieuse Révolution d’Octobre de 1917, très probablement, aurait été dirigée par les menchéviks conciliateurs avec la bourgeoise libérale, déviée et finalement vaincue.
Aujourd’hui, en plein XXIe siècle, une extrême-gauche révolutionnaire comme celle qu’incarne le PTS, qui est en train de mener de durs combats dans la lutte de classes, qui participe au Front d’extrême-gauche et des travailleurs [FIT] qui a recueilli pratiquement 1,3 millions de votes [en 2013], a besoin d’un quotidien qui s’appuie sur les outils les plus avancés de la technique actuelle. Si à la fin du XIXe siècle et au début du XXe, un quotidien imprimé (qui en Russie circulait clandestinement) était le point plus avancé de la technique moderne, aujourd’hui, sans nier l’influence qu’a encore la presse imprimée, avec l’émergence d’autres moyens comme la radio, la télévision, internet, nous pouvons et nous devons unifier et développer ces moyens pour diffuser les idées et le programme de l’extrême-gauche.
La Izquierda Diario intègrera d’autres media que nous a déjà développés comme la chaîne internet TvPTS, Zone Industrielle, les photographes de Enfoque Rojo (« Objectif Rouge »), les programmes de radio comme Pateando el Tablero (CABA et Neuquén), les émissions comme Giro a la Izquierda de Córdoba (“Un tour à l’extrême-gauche de Cordoba »), la production écrite dans différents blogs, etc.
L’avancée politique de l’extrême-gauche témoigne du développement d’un secteur du mouvement ouvrier et de la jeunesse, et ceci impose le défi de relayer quotidiennement la politique de l’extrême-gauche classiste sur leurs ordinateurs personnels et leurs téléphones portables (d’un usage répandu chez les ouvriers et les jeunes), avec des applications spéciales. Pas seulement aux militants mais aussi aux sympathisants et ceux-celles qui ont voté pour le FIT, mais aussi tous les travailleur-euse-s et étudiant-e-s qui voient comment le kirchnérisme finit par ouvrir la route à la droite. Le PTS fera simultanément une impression massive tous les 15 jours (entre 15000 et 20000 exemplaires) de notre journal, La Vérité ouvrière, qui sera distribuée par les militants des organisations du parti ou alliés dans les usines, entreprises et universités, travail qui sera accompagné de collectes pour aider ã son financement (suivant, là aussi, le « modèle » léniniste).
La chose est notoire, le PTS a des militants dans des centaines d’usines, entreprises, universités et lycées. Dans tous ces lieux, le journal imprimé servira au travail militant, pour soutenir la relation de face-à-face et en personne, autant que l’organisation directe des travailleur-euse-s et des étudiant-e-s .Mais le site web de notre parti reçoit aussi, aujourd’hui, entre 60000 et 80000 visites par mois, avec celui du PO (Partido Obrero) il est de loin le plus visité au sein de l’extrême-gauche (des sites comme ceux du MST et du reste de l’extrême-gauche ont beaucoup moins de visites, comme on peut facilement l’observer en téléchargeant la barre d’outils Alexa). Avec La Izquierda Diario et l’avantage d’un travail journalistique de plus grande envergure (et des tribunes ouvertes), nous voulons multiplier l’influence que permet le web, en visant en premier lieu les centaines de milliers de travailleur-euse-s et étudiant-e-s qui ont déjà voté et sympathisé avec le FIT, afin de les mettre en contact avec nos positions politiques qui ne se limitent pas aux campagnes électorales, et développer ainsi un courant d’opinion, mais également avec l’objectif d’éventuellement les organiser.
A un autre niveau, comme il n’y a pas de pratique révolutionnaire sans théorie révolutionnaire, il est indispensable de développer les outils théorico-politiques du marxisme pour la lutte d’idées. Avec cet objectif, nous avons créé la revue Ideas de Izquierda (« Idées d’extrême-gauche »), une revue marxiste, politique et culturelle, que nous publions depuis plus d’un an en commun avec des intellectuels importants, qui ne sont pas dans notre parti mais qui se retrouvent dans le programme et les perspectives du FIT. Dans le même but, et sous une forme populaire plus adaptée, pour que les secteurs les plus avancés se rapprochent des discussions et débats qui parcourent le marxisme et l’extrême-gauche nationale et internationale, nous continuerons ã impulser la publication de livres venant des éditions du “Centre d’Etudes, d’Investigations et de Publications – Léon Trotsky” (CEIP) et de l’Institut de la Pensée Socialiste – Karl Marx (IPS), afin d’assurer la divulgation et la diffusion des classiques du marxisme. En lien avec tout cela, nous publions depuis deux décennies la revue théorico-politique Stratégie Internationale, en coordination avec les organisations de la Fraction Trotskyste – Quatrième Internationale (http://www.ft-ci.org/), avec laquelle nous avons lancé un appel (moyennant un manifeste) pour poser les bases d’un Mouvement pour une Internationale de la Révolution Socialiste – Quatrième Internationale (MIRS-QI). La prochaine conférence de la FT-QI qui se réunira début 2015 ã Buenos Aires décidera de la nouvelle forme et de la nouvelle périodicité de cette publication.
Avec ce « système de presse », nous pensons être en train de fournir tous les efforts possibles et d’utiliser les meilleures ressources existantes pour accroître l’influence de l’extrême-gauche révolutionnaire chez les travailleur-euse-s et la jeunesse, avec l’audace que réclame la période que celle-ci traverse en général, et que notre parti traverse en particulier. Combinée aux batailles dans la lutte de classes, aux combats du mouvement ouvrier et de la jeunesse, et à l’impulsion vers un internationalisme militant (auquel La Izquierda Diario contribuera au travers d’une importante section internationale), nous croyons être en train de relever les défis du moment, qui se résument dans l’établissement des bases d’un parti léniniste de combat pour que la classe ouvrière puisse vaincre.
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