On s’attendait ã ce que le vote de confiance au gouvernement à l’Assemblée Nationale soit serré. En effet, hier sur 566 votants, 269 ont voté pour, 244 contre et 53 députés se sont abstenus. Parmi ceux-ci il y avait 31 « frondeurs » du groupe PS à l’Assemblée. Ainsi, ils augmentent considérablement leur nombre par rapport au dernier vote de confiance début avril où ils étaient seulement 11. Lors de ce vote le gouvernement avait obtenu 306 votes en sa faveur. De cette façon le PS perd la majorité absolue au Parlement, ce qui n’était pas arrivé depuis 20 ans.
Evidemment la raison de fond de cette crise politique qui traverse le gouvernement (et le régime de la cinquième république) c’est la crise économique persistante, le taux de chômage élevé et des indices de pauvreté de plus en plus importants. C’est cela qui est à la base aussi du départ des ministres écologistes du gouvernement, qui hier se sont abstenus presque à l’unanimité (17 députés sur 18).
Cherchant ã nuancer ce nouveau revers pour le gouvernement, la presse remarque qu’il y a eu des députés liés ã des secteurs « oppositionnels » au sein du PS qui ont voté la confiance au gouvernement car ils « ont considéré que la question posée étant globale, l’exigence de rassemblement devait prévaloir sur les désaccords d’orientation économique » (Les Echos, 16/9). Cependant, cela ne vaut pas dire que sur tel ou tel vote dans le futur ces députés ne s’opposent pas au gouvernement, réduisant encore plus sa majorité à l’Assemblée.
Quoi qu’il en soit, l’image d’un gouvernement complètement affaibli n’a pas pu être renversée.
Valls a essayé mais n’a pas réussi
Justement pour changer cette image de fragilité et pour « limiter la casse », avant le vote Manuel Valls avait prononcé un discours qui faisait des « clins d’œil » à l’opposition interne, ce qui confirme une tendance que nous remarquions il y a quelques jours. Il a annoncé deux mesures sociales cosmétiques (baisse d’impôts limitée pour les classes populaires et une augmentation ridicule du minimum vieillesse), il a défendu le « modèle social français » (SMIC, 35 heures) et a lancé un « avertissement » contre les « provocations et les surenchères » du MEDEF.
En effet, le président du MEDEF, Pierre Gattaz, le jour même du vote avait tenu un discours néolibéral offensif devant la presse disant précisément que lemodèle social français avait « vécu ». On pourrait analyser ces déclarations comme une tentative de contrecarrer la tendance ã faire des « concessions » à l’opposition interne de la part de Hollande et son gouvernement.
Ce qui est sûr en tout cas c’est que les capitalistes n’ont pas ã s’inquiéter quant à la proximité de Hollande avec leurs intérêts. C’est plutôt l’incapacité du gouvernement ã appliquer les réformes pro-patronales qui doit les empêcher de dormir.
Le principal danger pour Hollande viendra des rues
Bien que les prochaines semaines et mois le gouvernement devra faire face ã des échéances parlementaires importantes comme le vote du budget 2015 en octobre, le défit le plus important peut venir des rues et des entreprises et non du parlement. La grève des pilotes d’Air France représente ã sa manière un danger en ce sens. Ce n’est pas par hasard que Valls, Macron et Cambadélis se sont prononcés pour l’arrêt de la grève. On pourrait se demander d’ailleurs avec quelle autorité ce gouvernement complètement affaibli peut demander quoi que ce soit ã des travailleurs en lutte ?
Quoi qu’il en soit, aussi bien le gouvernement que l’ensemble des députés PS (mais aussi ceux de l’opposition) et le patronat craignent profondément une explosion sociale qui mette en échec Hollande. A leur façon c’est ce que « l’opposition » interne du PS essaye d’éviter en défendant une orientation économique qui mette moins l’accent sur l’austérité.
16/9/2014.
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