Du jamais vu au Mirail depuis le mouvement LRU de 2009 et une véritable bouffée d’oxygène dans le climat répressif actuel. 1200 étudiants se sont réunis en AG, jeudi 13 novembre, en hommage ã Rémi Fraisse, tué par la police au Testet, contre les violences policières, contre les interdictions de manifester, en solidarité avec les camarades arrêtés les 1er et 8 novembre et pour refuser les politiques austéritaires du gouvernement en matière d’éducation.
Un signe supplémentaire des ressorts existants dans la jeunesse pour organiser la plus large des mobilisations contre ce gouvernement d’assassins et de menteurs.
La mort de Rémi Fraisse, le 25 octobre, et le tournant répressif et liberticide de Hollande-Valls-Cazeneuve ont changé la donne, nationalement comme localement. Au Mirail, les deux combats ont convergé autour de leur point commun : contre un gouvernement qui veut museler la contestation par tous les moyens.
Au Mirail, la répression, on connaît. 300 étudiants avaient déjà participé ã une AG de début d’année contre la baisse des moyens et le durcissement de la sélection à l’entrée de la fac. S’en était suivi une interdiction visant le meeting de solidarité avec la Palestine qui a tout de même pu être organisé. La semaine dernière, donc, après la mort de Rémi, étudiant ã Toulouse, une première AG avait rassemblé 600 personnes. Il y avait été décidé de participer en cortège étudiant à la mobilisation du samedi 8 novembre. La préfecture a fait le choix d’interdire au dernier moment la manifestation et donné l’ordre de réprimer avec beaucoup de violence ceux qui bravaient cet interdit.
Une manifestation d’un millier de personnes a quand même pu avoir lieu, sur quelques centaines de mètres, en direction de la médiathèque José Cabanis, seul passage laissé libre par les CRS. Les forces de police, mobilisées en nombre, ont rapidement bloqué la manifestation et organisé une véritable souricière sur les allées Jaurès, plaçant dans une garde ã vue ã ciel ouvert plusieurs centaines de manifestants. Comme lors de la manifestation du 1er novembre, une véritable militarisation de l’espace public a été orchestrée par la préfecture et la mairie de Toulouse, avec un usage massif de gaz lacrymogènes. A chaque fois, le métro a été coupé, pour infliger une « punition collective » à l’ensemble de la population toulousaine.
Le 8 novembre, donc, 21 personnes ont été interpelées pendant et après la manifestation. 18 ont été placées en garde ã vue et 10 poursuivies, dont Gaëtan, camarade du NPA et militant étudiant ã Sud. Ces arrestations arbitraires s’ajoutent ã celles de la manifestation du 1er Novembre. Les camarades qui sont passés en comparution immédiate ont écopé, pour certains, de peines de prison ferme, même si le procureur reconnaissait en début d’audience que « les gens que vous allez juger aujourd’hui ne sont pas des casseurs ». Mais il ne fait aucun doute que le Parquet, ã savoir Christiane Taubira, de même que le ministre de l’Intérieur, Cazeneuve, qui jure ses grands dieux respecter scrupuleusement le secret de l’instruction, voulaient des condamnations pour l’exemple. A Toulouse comme en Seine-Saint-Denis, qui a fait l’objet d’une répression brutale en direction des lycéens, l’objectif est de faire passer l’envie à la jeunesse de crier son ras-le-bol et de casser net toute mobilisation contre ce gouvernement. Peine perdue, au vu du succès de l’AG de jeudi midi.
C’est dans ce climat bouillonnant qu’a été convoquée l’AG du 13. Après quelques moments forts, comme l’intervention du frère d’une inculpée et d’un des inculpés, de même que des prises de parle de personnels de l’Université réitérant leur appui aux revendications étudiantes, plusieurs résolutions ont été ratifiées.
La première concerne la participation à la manifestation du samedi 15, appelée par les organisations syndicales et politiques contre l’austérité, avec un cortège étudiant portant pour revendication « Du fric pour les facs et les lycées, pas pour les flics ni l’armée ! ».
Il a également été décidé de diffuser un tract en direction du monde du travail, expliquant les raisons de la mobilisation étudiante et remettant en cause le discours dominant dans les médias et « ã gauche » (qu’elle soit social-libérale, réformiste ou « radicale ») au sujet des « casseurs ».
Un appel a également été lancé ã une journée nationale de mobilisations dans l’enseignement, le jeudi 20 novembre, qui coïncide déjà localement avec des appels à la grève dans le secondaire, comme en Seine-Saint-Denis, dans la perspective de construire la mobilisation du samedi 22 novembre, où une manifestation contre les violences policières est appelée au niveau hexagonal.
Les étudiants du Mirail commencent ã s’organiser en commission et ã mettre en place plusieurs actions pour faire grossir le mouvement, car c’est là l’une des clefs du combat : élargir la bagarre ã d’autres secteurs et l’étendre au niveau national, ã partir des universités et des lycées mobilisés. Une commission externe s’est donc réunie dès vendredi pour rédiger un tract qui s’adressera aux différents cortèges de la manif du 15 et sera diffusé dès la semaine prochaine à la sortie du métro toulousain, devant des lycées et en direction des travailleurs, notamment les cheminots qui, eux aussi, ont été fortement confrontés à la répression dans la région Midi-Pyrénées lors de la grève nationale du printemps dernier. Cet esprit de solidarité s’est également exprimé en sens inverse. De l’autre côté des Pyrénées, les grévistes de Panrico (boulangerie industrielle) ã Barcelone, nous ont par exemple fait parvenir leur soutien au mouvement [1].
Dans un contexte de plus en plus tendu, avec des lycées mobilisés dans plusieurs villes, un lock -out de l’Université de Rennes pour empêcher une AG, des interdictions de manifester qui se multiplient de la part du plus impopulaire des gouvernements depuis des années, l’appel du Mirail peut être un point d’appui pour construire un grand mouvement de contestation de la jeunesse qui pourrait, ã terme, dépasser le cadre de simple mouvement étudiant. C’est ce que craint ã juste titre Hollande.
14/11/14
Nous reproduisons ci-dessous la motion votée en AG par les étudiant-e-s réuni-e-s en AG au Mirail le 13 novembre
Nous, assemblée générale des étudiant-e-s du Mirail, sommes réuni-e-s aujourd’hui jeudi 13 novembre contre l’austérité universitaire, contre le barrage de Sivens, contre les violences policières et la répression des manifestations, ainsi qu’en soutien aux inculpé-e-s et condamné-e-s des 1er et 8 novembre.
Nous appelons, à la suite de l’appel de l’AG de Clermont, et avec les personnels de l’université, ã une journée de grève nationale de l’enseignement : étudiant-e-s, lycéen-nes, enseignant-e-s, personnels, le jeudi 20 novembre avec manifestations.
Nous appelons ã construire une mobilisation la plus large possible pour s’opposer au tournant autoritaire actuel, à la militarisation de l’espace public, aux violences policières et ã tous les grands projets qui ne sont utiles qu’aux capitalistes.
Il y a de l’argent pour les guerres et la répression, alors qu’il en faut pour les facs et les lycées, sinon c’est la sélection qui nous attend !
Nous appelons ã participer à la manifestation du 15 novembre et ã mobiliser pour la journée de mobilisation nationale du 22 novembre contre les violences policières et en soutien aux condamné-e-s et inculpé-e-s des 1er et 8 novembre qui doivent être amnistié-e-s et relaxé-e-s.
Les responsables de la mort de Rémi Fraisse doivent être punis, jusqu’au plus haut sommet de l’État : Cazeneuve, démission !
Plus jamais l’État ne doit remettre en cause le droit de circuler, et de s’exprimer et de manifester.
Le gouvernement militarise l’espace public, détruit les services publics et privatise les universités.
Du fric pour les facs, les lycées et la biodiversité, pas pour les flics ni pour l’armée !
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