Comme nous le signalions la semaine dernière, la ville de Saint-Denis (93) a été complètement militarisée pour empêcher la mobilisation des jeunes lycéens pour dénoncer les violences policières dans le cadre de la lutte contre l’assassinat de Rémi Fraisse. Cette semaine la militarisation a continué. Des cars de CRS et la police montée dans le centre-ville, des voitures de police aux abords des lycées. Cette fois la militarisation visait notamment la grève et la mobilisation appelée par les syndicats de l’éducation nationale. Pour calmer le jeu la ministre Najat Vallaud-Belkacem annonçait la veille de la grève la création de 500 postes supplémentaires… d’ici 2017 !
La semaine dernière on a assisté à la militarisation de St-Denis. Même à l’intérieur de l’université Paris 8 on a vu la police en civil. Leur objectif était clairement d’intimider le mouvement lycéen et étudiant. En effet, bien que ce dernier ne soit pas encore à la hauteur de la situation (sauf peut-être ã Toulouse), juste la perspective d’un début de mobilisation et convergence avec les lycéens effraye le gouvernement Hollande-Valls. En effet, « c’est la hantise de ce gouvernement comme des précédents : un coup de colère de la jeunesse » (Lejls.com, 17/11/14).
La militarisation de Saint-Denis continue
C’est pour cela que même si la mobilisation étudiante sur St-Denis ã du mal ã démarrer (au moins pour l’instant) et qu’il y avait des signes très clairs qui indiquaient que la dynamique de mobilisation des lycéens avait été stoppée par l’intimidation de la police et, en partie, par la répression au sein même des lycées de la part des proviseurs, la ville de St-Denis continuait militarisée cette semaine. La police montée, la police municipale et les cars de CRS étaient toujours présents dans le centre-ville et devant les lycées.
Il s’agit d’une claire limitation des droits de s’exprimer et de manifester. En effet, même convaincus par la justesse et légitimité de leur contestation, beaucoup de lycéens et lycéennes font part de leurs craintes face aux représailles et intimidations.
Le gouvernement emploie une arme ã double tranchant. En pariant sur le tout répressif en Seine-Saint-Denis la situation risque de se tendre, voire de provoquer une explosion sociale dans les quartiers populaires. Certes, pour le moment l’intimidation et la répression semblent marcher pour le gouvernement, mais on ne peut pas exclure un retournement dans la situation, notamment si des secteurs de la classe ouvrière rentrent dans la lutte.
Les instits et les profs mobilisés et solidaires des lycéens réprimés
Cette semaine le dispositif policier visait notamment la grève et la mobilisation de l’éducation nationale appelées pour le 20 novembre dans le 93. La grève était initialement appelée pour exiger plus de moyens pour l’éducation dans la Seine-Saint-Denis et pour dénoncer les nombreux problèmes et disfonctionnement dans le département (salaires des contractuels et profs stagiaires non payés, manque de personnel, postes non pourvus, etc.).
Cependant, au vu de la militarisation de Saint-Denis et la répression contre les lycéens une réunion unitaire réunissant organisations politiques et syndicales de la ville s’est tenue. Dans celle-ci on a décidé d’appeler ã manifester le 20 au matin dans la ville pour défendre les revendications des profs et pour exprimer le soutien à la mobilisation des lycéens et lycéennes.
Ainsi, 500 personnes dont des parents d’élèves, des profs et des étudiants de l’université de Paris 8 ont défilé dans les rues de la ville avant de rejoindre la manifestation devant le ministère de l’économie ã Paris.
Il s’agit d’un petit exemple mais très important pour faire progresser l’idée de la nécessité de la convergence entre les luttes de la jeunesse des quartiers populaires et de la classe ouvrière.
Les fausses annonces du gouvernement
Alors que pour désamorcer la mobilisation des lycéens du 93 le gouvernement utilisait des « méthodes musclées », pour essayer de calmer le mécontentement dans l’éducation nationale, la veille de la grève, la ministre Najat Vallaud-Belkacem, parmi d’autres mesures, annonçait la création de 500 postes supplémentaires dans le département d’ici 2017. Une blague qui risque de ne faire sourire personne ! Comme déclarait une représentante du Snudi-FO : « Ce sont des effets d’annonce puisque ces recrutements étaient déjà prévus. On ne va pas refuser des créations de postes, mais le retard reste trop important ».
En effet, les problèmes du département ne se réduisent pas simplement au manque de moyens dans l’éducation nationale. Celui-ci n’est qu’un aspect d’une situation sociale globalement désastreuse, résultat d’une politique consciente de marginalisation et ségrégation des couches populaires qui habitent le 93.
S’attaquer aux problèmes structurels du 93 impliquent résoudre la question du chômage, du logement précaire, du manque de services publiques ou la mauvaise qualité de ceux-ci. Mais aussi il s’agit de lutter contre le racisme et la répression d’Etat.
Le gouvernement PS est incapable de s’attaquer ã ces problèmes-là . C’est un gouvernement au service des riches et des classes dominantes directement responsables de cette situation. C’est pour cela qu’il n’a rien d’autre ã offrir que de la répression. C’est le sens profond de la répression brutale qu’ont subi les lycéens du 93 la semaine dernière.
En ce sens, la solidarité totale avec les jeunes mobilisés et la lutte contre la militarisation des villes et des quartiers, de la part du gouvernement national et/ou municipal, est une question fondamentale pour notre classe. Permettre au gouvernement de réprimer les jeunes du 93 c’est le renforcer pour réprimer toute lutte qui remette en cause ses politiques. La solidarité ouvrière et la convergence des luttes sont décisives pour avancer contre les attaques du patronat et du gouvernement ainsi que contre les crimes d’Etat et les violences policières.
22/11/2014.
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