La politique de l’ancienne majorité du NPA, centrée sur l’interpellation des réformistes et la recherche permanente de l’unité avec eux, non seulement pour développer les luttes mais aussi sur le plan politique, pour construire de prétendues « opposition de gauche » et « alternative politique » communes, a échoué.
Elle a dans une large mesure transformé le NPA en un groupe de pression, en limitant fortement ses capacités ã se déployer avec une orientation indépendante et radicale- en capitalisant sur la gauche une partie du mécontentement existant contre les partis du régime et les institutionscomme ã se construire dans le monde du travail et la jeunesse. Ce n’est d’ailleurs pas anodin que là où nous avons su nous démarquer des réformistes (bonnets rouges, Palestine), nous ayons rencontré le plus de succès.
Si nos débats récents ont été polarisés sur ces questions autour de deux positions, l’existence de 5 plateformes peut, ã première vue, surprendre.
Un secteur de la majorité sortante décide de constituer une plateforme commune avec des camarades de l’ancienne PY (Contrecourant) et devient ainsi la PF2. En défendant une sorte de recentrage partiel du NPA, ces camarades tentent de se présenter comme les sauveurs potentiels du parti, les seuls pouvant tenir les différents bouts et maintenir l’unité du NPA face ã une soi-disant dynamique « bloc-contre-bloc ».
Le problème est que ces camarades, tout en accusant les camarades de la PF1 de refuser tout bilan, ne tirent pas plus un bilan de leurs propres positions. Ils se démarquent sur le papier du dialogue permanent avec les réformistes mais ont soutenu activement ou passivement la mise en place de la politique du NPA dans le cadre du collectif AAA.C’est bien leur vote (ou non-vote) au comité exécutif qui, il y a quelques semaines, avait donné à la P1 une majorité pour signer la déclaration politique de ce collectif, par laquelle le NPA s’engageait dans la recherche d’une alternative politique commune avec le Front de gauche (une déclaration que, par exemple, une organisation telle que l’AL avait refusé de soutenir, en dénonçant pour sa part son caractère étroitement institutionnel). On voit bien que pour ce qui est de la rupture avec la politique de la majorité actuelle, il y a les paroles et les actes…
D’autant plus qu’au CPN ils ont proposé une motion visant ã mettre en place une commission chargée de travailler « en amont, sans attendre le Congrès » sur une déclaration commune pour la sortie de celui-ci. Même si la commission est censée réunir « toutes les plateformes », chacun aura bien compris qu’elle s’adresse tout particulièrement aux camarades de la PF1. Une fois validées les plateformes qui permettront ã chacun de « se compter », on pourra donc reprendre, dans les coulisses, les négociations en vue d’un bloc de direction majoritaire.
Pour notre part, depuis le début, nous avons tenté une démarche de rassemblement de la gauche du parti sur la base de batailles concrètes menées dans les instances de direction et sur le terrain de l’intervention. C’est ce qui selon nous correspondait le mieux à l’urgence d’une réorientation radicale du NPA vers une politique clairement indépendante, lutte de classes et révolutionnaire.
Nous ne pouvons donc que regretter que les camarades de l’Etincelle comme ceux de la TC, aient fait le choix de se mettre en marge des véritables enjeux de ce Congrès au profit d’un certain repli sur soi. L’une (l’Etincelle) en s’interdisant tout bilan critique de la direction et toute affirmation d’une stratégie révolutionnaire et l’autre (la TC) en publiant un texte essentiellement propagandiste mais en centrant leur démarche sur une « motion élections » ultra-minimale visant ã regrouper sur le simple refus de listes communes avec le FdG.
C’est un véritable gâchis, dont le résultat du vote des plateformes au CPN donne une belle image:Face ã une politique majoritaire fortement sanctionnée et une P1 qui n’a recueilli que 35% des voix au CPN, si l’Etincelle et la TC ou même seulement une des deux avait fait le choix inverse, la gauche du parti serait arrivée en première position, ce qui aurait été une très belle façon de démarrer le Congrès.
C’est qui est en jeu c’est la construction d’une alternative de direction capable de réorienter le NPA sur des bases anticapitalistes et révolutionnaires indépendantes et l’absence d’un effort commun en ce sens de la part de la gauche du parti, risque de laisser la voie libre aux politiques qui ont mené notre organisation dans le mur. C’est pourquoi nous continuons ã inciter les camarades ã changer de position, tout en cherchant ã convaincre largement dans le parti sur la base de notre plateforme qui constitue dans l’état actuel des choses l’opposition la plus conséquente à la politique de la majorité sortante.
Armelle (CE 92), Daniela (CE 93), Gaël (CE 92), Guillaume (CE jeunes 75)
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