La « Troika », formée par le FMI, l’UE et la BCE accentue ses pressions pour que le gouvernement grec accepte de poursuivre le plan d’ajustement de 2012, et qu’il utilise l’argent pour le paiement de la dette usuraire. La solidarité internationale avec les travailleurs et le peuple grec est plus nécessaire que jamais.
Lundi, le gouvernement grec a rejeté la continuité du plan d’ajustement exigé par l’Eurogroupe pour refinancer la dette. Le chantage a continué ce mardi. Jeroen Dijsselbloem, le ministre des finances hollandais et président de l’Eurogroupe, est resté ferme sur sa position selon laquelle Athènes doit chercher une extension du plan d’ajustement : « Cela dépend vraiment des Grecs. Nous ne pouvons pas les obliger ou le leur demander. Cela dépend d’eux. Nous sommes aussi prêts ã travailler avec eux les deux jours ã venir. » Pour Hans Joerg Schelling, le ministre des finances autrichien, « le gouvernement grec doit changer sa position. »
Le premier ministre grec, Alexis Tsipras, a repoussé l’ultimatum. Il a expliqué ce mardi (17 février) que l’exécutif grec n’est pas pressé de trouver un accord avec l’Eurozone si c’est pour abandonner sa promesse électorale de mettre fin à l’austérité, et a affirmé qu’il ne ferait pas de concessions : « Dernièrement, les gouvernements ont pris l’habitude d’agir d’une façon différente par rapport ã ce qu’ils ont promis pendant leur campagne électorale. Je le répète, nous pensons bien mettre en œuvre nos promesses de changement. ». Tsipras en a profité pour annoncer les premières mesures que son gouvernement présentera dès cette semaine : interdire les expulsions du logement principal, permettre l’étalement en 100 mensualités des remboursements de prêts bancaires pour les personnes les plus défavorisées, et plus généralement mettre en place des « mesures qui vont conforter les salariés, les chômeurs, les petites et moyennes entreprises et vont relancer l’économie. » De son côté, le ministre grec des finances Yanis Varoufakis, prend une posture plus conciliatrice : « En Europe, nous savons discuter et trouver une bonne solution, une solution honorable, même en partant d’un désaccord initial. »
Les conditions du chantage
Varoufakis a affirmé, après les négociations du lundi, que Pierre Moscovici, le commissaire européen aux affaires économiques de l’UE, lui avait présenté un premier texte qu’il était prêt ã signer. Celui-ci prévoyait une prolongation du contrat de prêt, comme pas intermédiaire vers la signature d’un « nouveau contrat de croissance avec la Grèce ». Cependant, le document a été retiré par le président de l’Eurogroupe, Dijsselbloem, avant le début de la réunion, et remplacé par un autre qui exigeait de la Grèce le prolongement du « plan de sauvetage » en échange de « flexibilité » et « d’aménagement », mais qui resterait dans le cadre de ce plan.
Selon les versions des textes qui ont fuité, il y avait plusieurs différences entre le texte que Varoufakis s’est dit prêt ã signer et le texte présenté par Dijsselbloem. Le premier notifiait que la Grèce irait jusqu’au bout du plan en cours tout en tenant compte des plans du nouveau gouvernement. Cette phrase apparaît rayée dans le second texte, dans lequel figure que la Grèce réitère son « compromis clair d’honorer les dettes de tous ses créanciers ». D’autre part, le second texte propose une « extension technique du programme actuel de 6 mois, comme pas intermédiaire pour trouver une solution postérieure. », et indique que le FMI « continuera de jouer son rôle ». Toujours selon ce texte, le gouvernement Syriza devra témoigner d’un « engagement ferme ã ne pas prendre de décisions unilatérales », et garantir la soutenabilité de la dette dans la lignée « des objectifs de la déclaration de l’Eurogroupe de novembre 2012 ».
Il s’agit d’exigences teintées de colonialisme avec lesquelles la Troika prétend poursuivre la légalisation de l’exploitation de la Grèce, se basant sur la misère des travailleurs et du peuple grec.
Les marchés misent sur le succès de l’ultimatum, mais la fuite des capitaux continue
La banque d’investissement Barclays pronostique un fort risque de Grexit (sortie de la Grèce de l’Eurozone) si les discussions échouaient, et par conséquent la possibilité que Tsipras ait ã mettre en place un référendum pour choisir entre l’acceptation des conditions ou la sortie de la zone euro. Pourtant, de nombreux opérateurs financiers misent sur le succès du chantage. Selon Reuters, « beaucoup d’investisseurs pensent qu’au-delà de la dure rhétorique, les parties trouveront un accord avant l’expiration du crédit du programme d’aide de la Grèce, le 28 février. S’ils ne trouvaient pas un accord, la Grèce pourrait se retrouver très vite sans réserves. »
Mardi, les actions grecques ont chuté après que les négociations entre Grèce et Eurogroupe ont été stoppées. L’indice général de la bourse d’Athènes a chuté de 4,7% juste après l’ouverture. S’en est suivi un léger rebond et la journée s’est terminée par une baisse de 2,45%. Les actions des banques grecques ont baissé de 6,4%, tandis que les banques de la zone euro ont récupéré les pertes de départ et ont terminé à la hausse (0,28%).
Pendant ce temps, la fuite des capitaux, source d’énormes profits du capital financier, dont les capitalistes grecs, se poursuit et s’accentue. Pour le seul mois de décembre, on estime que 7,6 milliards ont été envoyé à l’étranger, soit 4% du PIB grec. Certaines estimations évaluent les fuites de la semaine dernière en moyenne entre 200 et 300 millions d’euros.
Plus que jamais avec le peuple grec et pour l’annulation de la dette
Dans une situation où le chômage dépasse les 27% et atteint 50% pour les jeunes et les femmes, avec la moitié de la population vivant sous le seuil de pauvreté, la Troika entend, ã travers ce chantage, poursuivre les mesures austéritaires et imposer encore plus de misère aux grecs. Il est impossible de sortir de cette situation catastrophique avec des réformes molles et en appelant à la bonne volonté de la Troika, qui a assez démontré qu’elle n’en avait aucune.
La dette usuraire qui atteint les 315 milliards d’euros et représente 175% du PIB a été générée par les capitalistes grecs et les banquiers européens. Tsipras et Varoufakis génèrent beaucoup d’illusions sur la Troika. Ce n’est pas la renégociation avec cette dernière, mais bien l’annulation pure et simple de la dette qui est l’unique solution pour que cela ne soit pas encore les travailleurs et le peuple grec qui payent la crise une fois de plus. Nous ne pensons donc pas qu’il faille appuyer le gouvernement dans sa position pour continuer ã payer la dette créée par ceux qui se sont enrichis, et continuent de le faire, sur le dos de la majorité de la population.
Notre solidarité va aux travailleurs et au peuple grec qui ont démontré leur énorme combativité avec plus de 30 grèves générales, contre l’austérité de la Troika et les gouvernements capitalistes PASOK-Nouvelle Démocratie qui ont appliqué les mémorandums. Pour affronter la Troika, nous avons besoin de la plus grande solidarité internationale avec les travailleurs grecs. Si les prétentions colonialistes de la Troika étaient repoussées, cela serait un grand pas, au-delà de la Grèce, pour faire payer la crise aux capitalistes.
18/02/2014
|