Comité de rédaction
« Tou-te-s ensemble », « jonction des secteurs en bagarre » et « convergence des luttes » pour gagner et essaimer. Voici les principaux mots d’ordre qui ont été avancés à la tribune de l’amphi du bâtiment D, de l’Université de Paris 8 Vincennes-Saint Denis, et repris par les 250 personnes qui sont passées au meeting appelé par les personnels grévistes de la fac. Après 8 semaines de combat pour arracher à la présidence « de gauche » de Paris 8 une augmentation de 98 euros, les personnels constitués en Collectif des Bas Salaires avaient lancé un appel aux différents secteurs en lutte ou qui ont été en bagarre pour mutualiser les expériences et partager des réflexions au sujet de la situation actuelle dans le monde du travail. Ce meeting était soutenu localement par la CGT Ferc Sup, le Snasub-FSU, la Dionysoise, Solidaires étudiant-e-s et le NPA. Le résultat est à la hauteur des attentes.
Au cours de la soirée, plusieurs camarades ont pris la parole à l’invitation des grévistes de Paris 8, ã commencer par des étudiant-e-s de la fac, aux côtés des travailleurs en lutte depuis le début, des profs de Paris 8, des personnels en lutte CGT Ferc Sup et Snasub-FSU, des anciens grévistes de la restauration de l’ENS de la rue d’Ulm, des hospitaliers du Mans, des cheminots Sud Rail de St-Lazare, des femmes de chambre du Royal Monceau, des postiers CGT de Basse-Normandie, de Sud PTT 92, de la CFDT Thalès de Gennevilliers, de la CGT Carrefour Supermarché de Montreuil, des enseignants-chercheurs précaires de Lyon 2, le tout émaillé de messages de solidarité envoyés par les postiers grévistes de Balma, près de Toulouse, des salariées sans-papiers du salon de coiffure du 57 Bvd de Strasbourg en lutte depuis plus de 8 mois contre la précarité ou encore de la CGT de Sanofi. Des délégations des salariés de Carrefour Market de plusieurs magasins actuellement en lutte, ainsi que des enseignant-e-s mobilisé-e-s du 93 et des intermittent-e-s étaient présentes dans la salle et ont pu assister et participer au meeting.
« Lutter pour une hausse de salaire, c’est déjà une victoire dans le contexte austéritaire actuel où, ce qu’on nous demande, c’est de ne pas broncher ». Le ton général était donné par Stavroula, du collectif des bas salaires de Paris 8 en ouverture du meeting. Et « deux mois de lutte face ã une direction intransigeante », c’est encore une victoire, a poursuivi Fatima, également membre du collectif.
La lutte a été relayée et soutenue depuis le début par les camarades de Solidaires Etudiant-e-s et du NPA, car « elle est triplement légitime » a souligné Marine, une des nombreux-ses étudiant-e-s solidaires avec cette grève courageuse. C’est un combat pour des augmentations de salaire nécessaires pour boucler les fins de mois, parce que le travail des personnels est essentiel pour faire tourner la fac et parce que les étudiants, aussi, qu’ils soient ou non salariés, sont confrontés, au quotidien, à la précarité. Et face ã ce combat, la présidente « de gauche » de la fac, Danielle Tartakowsky, « spécialiste » de l’histoire des mouvements sociaux et des manifestations dans l’Hexagone, se comporte comme le pire des patrons, adepte de l’intransigeance et des retraits sur salaire mâtiné de chantage et de dialogue social.
Mais la lutte, a souligné Valentin, le représentant des enseignants, qui ont signé ã 130 une pétition de solidarité, c’est aussi une façon « pour renouer une convivialité et des affects », autant de carburant nécessaire pour penser et militer pour une nécessaire transformation de l’institution universitaire actuelle en une « réelle université au service du monde du travail et des classes populaires », a souligné dans son intervention Timour, étudiant soutenant également leur lutte.
Dans toutes les prises de parole de salariés, du public comme du privé, qui ont suivi, on a pu entendre le même constat : dégradation accélérée des conditions de travail et de service, mais aussi, le fait que seule la lutte paie. Raison de plus pour « ne pas se séparer, une fois que la grève a commencé », a insisté Anaïs, de la CGT des palaces parisiens, notamment « dans la dernière ligne droite, lorsqu’il ne faut rien là¢cher ».
Quand on gagne, en effet, a pu rappeler Christophe, postier CGT ã Lisieux, tout juste sorti, avec ses collègues de Basse-Normandie d’une lutte victorieuse, c’est toute l’ambiance qui se transforme et la peur qui change de camp. « Raison de plus pour mettre un grand coup pour que la grève gagne, car une grève qui gagne, c’est une grève qui fait des petits », a poursuivi Gaël, pour Sud PTT 92, une idée reprise par Aurélia, des enseignants-chercheurs de Lyon 2, qui viennent de gagner une première manche en faisant reculer la direction de la fac.
« Dans une grève qui perdure et s’inscrit dans la durée, a fait entendre Laurent, personnel et militant CGT de Paris 8, c’est l’intelligence qui redouble ». Et après cette rencontre réussie, on peut imaginer que le moral des grévistes de Paris 8 sort renforcé pour poursuivre le combat contre la précarité et les bas salaires. Par delà les actions qui seront décidées dans les prochains jours, le rendez-vous a été donné, par les différents intervenants, pour le 9 avril, par delà les drapeaux et les appartenances syndicales. C’est une des étapes du calendrier pour que le « tou-te-s ensemble », repris en chœur par l’ensemble du public puisse recommencer ã s’inscrire ã nouveau dans le paysage politique et social hexagonal.
20/03/15
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