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Rafale. Hollande prince du désert et VRP de Dassault
par : Claire Manor

11 May 2015 | Après les Rafale vendus à l’Egypte et à l’Inde, le nouveau contrat signé avec le Qatar porte ã 84 les avions de guerre qui vont prochainement sortir des usines Dassault tandis que Hollande poursuit ses tractations auprès de l’Arabie saoudite et des Emirats arabes. Simultanément, l’armée française, sous le commandement suprême du président-chef des armées, (...)
Rafale. Hollande prince du désert et VRP de Dassault

Après les Rafale vendus à l’Egypte et à l’Inde, le nouveau contrat signé avec le Qatar porte ã 84 les avions de guerre qui vont prochainement sortir des usines Dassault tandis que Hollande poursuit ses tractations auprès de l’Arabie saoudite et des Emirats arabes. Simultanément, l’armée française, sous le commandement suprême du président-chef des armées, mène une politique impérialiste agressive visant ã donner à la France une place de choix parmi les puissances impérialistes. Ceux qui payent ce sont les populations d’Afrique et du Moyen-Orient, qui prennent des missiles sur la tête et tombent par milliers. Ceux qui gagnent ce sont les Dassault, patrons de l’industrie militaire, les Hollande, politiques construisant leur pouvoir ã coup de canons et de magouilles financières, les intermédiaires de tout poil qui abritent discrètement les rétro-commissions et autres avantages illégaux. Dans le camp des travailleurs, personne n’y gagne, ni en France, ni ailleurs.

Plus commode d’être chef de guerre et marchand de canons à l’étranger que chef de l’exécutif en France

Presque immédiatement après son élection, Hollande a vu sa cote de popularité amorcer sa descente aux enfers, sans qu’il parvienne ã freiner sa chute. Heureusement, dans la corbeille de mariée de la Vème république, il y a le kit de survie : le rôle suprême de chef des armées qui permet au président de se tailler une gloriole ã coup de Rafale, de missiles, d’invasion et de pillage.

Pour Hollande, en mal de conquête, il y a deux manières de se hisser, avec « la France », au rang des puissants de ce monde, les « Serval » et les « Rafale » ; la guerre impérialiste et le commerce d’armes. Et la chance lui sourit : merci ã Daech qui sert de justification ã une bonne lutte contre le terrorisme ; merci aux dictateurs et potentats de tout poil mis en place par le colonialisme défait, et qui acceptent maintenant son « soutien » ; merci aux monarques sanguinaires des pétrodollars qui jouent ã redistribuer les cartes entre impérialismes dominants.

Depuis le début de son mandat, le guerroyeur français multiplie les opérations militaires qu’il lance seul ou sous pavillon de l’OTAN ou de l’ONU : « Epervier » et « Serval » au Mali, en 2013-2014, « Sangaris » en Centrafrique, en décembre 2013, « Karkhane » dans la bande sahélo-saharienne en août 2014, « Chammal » en Irak, en septembre 2014 ; sans compter la participation ã diverses forces d’intervention dans le monde. Au total quelque 8.350 militaires français mènent actuellement les guerres impérialistes sur le terrain. Mieux que Sarko dont Hollande candidat à la présidence avait pourtant promis qu’il ne poursuivrait pas la politique militariste. On comprend pourquoi l’armée est avide de rallonges budgétaires.

Hollande et Le Drian promus « Princes du désert »…

Mais la « chance » d’Hollande ne s’arrête pas là  ; voilà que les Rafale dont les carnets de commande moisissaient dans les placards, et dont pas un seul n’avait été vendu sous Sarkozy, font un boom commercial. Après l’Egypte qui en a commandé 24, c’est au tour du Qatar d’en acheter autant et l’Arabie Saoudite ne devrait pas tarder ã mettre elle aussi la main à la poche. là aussi, il explose Sarko et fait changer de braquet le père des Rafale, un Dassault tout prêt désormais à lui faire la bise en reconnaissance ã ce bon VRP de ses engins de mort.

Cette fulgurante progression commerciale ne doit pourtant rien à la sagacité du président. S’il est maintenant en bonne voie de négociation avec l’Arabie saoudite par exemple, c’est surtout le résultat de deux facteurs favorables : la distance que ce pays marque vis-à-vis des Etats-Unis après leur signature d’un accord nucléaire avec l’Iran, et l’augmentation du dollar par rapport à l’euro qui entraîne un fort avantage concurrentiel pour les avions français devenus près de 25% moins chers.

Mais, quelles que soient les raisons de ces coups de cœur pour les Rafale, tout cela ne peut se faire, que tapis rouges déroulés, dans la bonne entente, avec force poignées de main et beaucoup d’arrangements en coulisses. Après avoir été accueilli en grande pompe au Qatar, Hollande a été reçu ã Riyad avec tous les honneurs dus ã son rang et convié ã prendre place en tant qu’invité d’honneur au Conseil de Coopération du Golfe, club des pétromonarques dont la fonction principale est de maintenir les peuples de la région dans l’oppression. Le Drian de son côté n’a pas été en reste et a fait le tour des Emirats arabes. De quoi faire des deux va-t-en guerre de véritables « princes du désert ».

Résultat de leur beau travail de « lobbying diplomatique », les ventes d’armes françaises à l’exportation explosent et selon un Le Drian tout fier, elles devraient dépasser les 15 milliards d’euros en 2015.

Mais qui sont ces drôles de « clients » et que vont-ils faire de leurs armes ?

Au milieu des congratulations et des cocoricos, un silence assourdissant : pas un mot de recommandation, pas la plus petite invitation à la modération lors des négociations avec une Arabie Saoudite où pourtant les têtes tranchées ã coup de sabre roulent sur le sol quasiment tous les jours avec 78 décapitations depuis janvier !

Les « clients » sont donc peu recommandables. Mais l’usage qu’ils vont faire de leurs achats est bien pire encore. Vendre des rafales au Qatar, ou aux Emirats arabes unis, c’est vendre des armes aux différentes « âmes » de la contre-révolution des printemps arabes, aussi bien ceux qui ont soutenu Morsi que ceux qui soutiennent Al-Sisi. C’est vendre des avions qui larguent leur lot de barbarie ã 4000 pieds au-dessus du sol, ã un pays comme l’Arabie Saoudite, responsable de plus de 1000 morts civils depuis le début de son offensive sur le Yémen, pilotée en sous-main par Washington. Le Conseil de Coopération du Golfe auquel a assisté Hollande dénonce d’ailleurs le coup d’état des Houthis dans ce pays en pleine guerre civile et les Rafale trouveront certainement là -bas un terrain d’intervention prioritaire.

Hollande et Le Drian ont beau jeu de s’indigner des comportements criminels des militaires violeurs d’enfants en Centrafrique qui « souillent l’honneur de l’armée et du drapeau français », eux qui sont directement responsables de la mort que leurs missiles sèmeront et qui se chargent bien tout seuls, dans la continuité de la barbarie coloniale, de couvrir de sang les insignes de l’impérialisme Français,

Et on voudrait nous faire croire que les bénéficiaires seront les travailleurs…

Tout en se faisant discret sur le versant plus que sombre de cette brillante réussite commerciale, Hollande espère l’absolution en nous racontant que, grâce ã ce coup de maître, une bouffée d’oxygène va venir ranimer les emplois de l’industrie aéronautique française. Et pour faire bonne mesure, Cambadélis d’ajouter que « ce qui est bon pour la France est bon pour le monde ».

Mais ã qui profite le crime, réellement ?Il y aura bien sûr des retombées, mais les bénéficiaires n’en seront certainement pas les travailleurs. Pas plus ceux qui vont être mobilisés, en France, sur les chaînes des usines Dassault « H 24 » pour sortir avec le moins d’effectifs possible la production attendue dans les délais requis, que, par exemple, les Indiens qui vont bénéficier du transfert de « savoir-faire » pour produire sur place une partie des Rafale vendus à l’Inde, tandis qu’on sait déjà qu’ils vont être soumis à la loi des gains de productivité et ã une énorme surexploitation pour devenir concurrentiels.

Le grand gagnant, c’est d’abord Dassault et les profits qu’il va récupérer de ses investissements, en trouvant enfin des débouchés extérieurs pour le Rafale après une longue traversée du désert commercial. C’est ensuite Hollande qui tente de récupérer politiquement le retour sur investissement de son positionnement guerrier, loin d’être toujours bien vu en France. C’est, de manière plus souterraine, tous ceux qui vont probablement bénéficier, comme c’est presque toujours le cas dans les ventes d’armement et comme ce fut dénoncé lors de « l’affaire Karachi » en 1995, de rétro-commissions et autres prébendes juteuses.

Plus que jamais les travailleurs, en France, doivent s’opposer à la fabrication et à la vente des armes contre les travailleurs et les populations des pays dominés

Non, il n’y a pour les travailleurs, aucun intérêt ã voir prospérer l’industrie d’armement et la promesse d’emplois n’est qu’un miroir aux alouettes ã très court terme. Non, il n’y a aucun intérêt pour eux à la domination et à la destruction des populations aux quatre coins du monde par l’armée impérialiste française.

Le capitalisme pourrissant n’offre plus de perspectives de progrès. Il ne retrouve un peu de souffle qu’en produisant, entretenant et manipulant des forces de destruction. Les opérations militaires et les guerres impérialistes, réincarnation moderne du colonialisme, doivent cesser. Toutes les troupes françaises doivent se retirer partout où elles se trouvent car elles n’ont jamais, nulle part, aucune justification ã être là . Donner du travail de manière durable et utile ã tous les travailleurs actuellement employés dans l’industrie d’armement en France suppose de mener une lutte contre les patrons et l’Etat pour s’emparer de l’outil de production très sophistiqué des usines d’armement. Il s’agira alors de produire, sous contrôle des travailleurs, des produits utiles ã des fins sociales comme le seraient des avions de transport civil de qualité et sûrs.

08/05/15

 

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