Lors de la soirée internationaliste du 5 décembre, des représentants des trois courants organisateurs de la conférence européenne dont cette soirée a été le prolongement ont pris la parole. Nous reproduisons ici, le discours de Daniela Cobet du Courant Communiste Révolutionnaire (CCR) du NPA, qui a clôturé la soirée.
Bonsoir à toutes et à tous les camarades qui sont là. Je voudrais tout d’abord dire, au nom de l’ensemble des camarades du CCR et de Révolution Permanente, que nous sommes très contents d’être là ce soir et d’être aussi nombreux. En plus dans un contexte où cette soirée est l’achèvement de la première journée de notre conférence internationale, où nous avons débattu pendant des heures et des heures de toute une série de sujets qui vont nous aider à nous armer à affronter les défis qui sont devant nous.
Je voudrais dire aussi qu’on voit bien que si cette soirée est aussi pleine de monde, c’est parce qu’elle répond à un besoin fondamental, celui de célébrer aujourd’hui, face à la xénophobie, face aux amalgames racistes, face aux illusions d’un plan B dans le cadre du système capitaliste, face à l’état d’urgence de Hollande, de célébrer l’internationalisme, de célébrer cette langue commune qui nous unit, qui est celle de la lutte pour la révolution socialiste internationale.
Mais cette soirée est aussi marquée par des événements, profondément tristes, qui se sont passés il n’y pas très longtemps, les attentats odieux qui ont eu lieu à Paris et qui ont tués des dizaines de personnes, dont plusieurs amis de gens qui sont peut-être ici, des familiers ; tout le monde à Paris connait quelqu’un qui au moins connait quelqu’un qui est mort dans ces attentats-là. Daech est un ennemi des travailleurs à l’échelle du monde entier. C’est un ennemi des travailleurs d’abord et avant tout car c’est une des expressions de la contre-révolution qui essaye d’enterrer définitivement le printemps arabe, c’est-à-dire le premier processus révolutionnaire du 21e siècle. Et c’est aussi un ennemi parce que ce sont les attentats de Daech qui donnent, aujourd’hui, le prétexte à la bourgeoisie française et à son État pour déclencher une offensive réactionnaire aussi bien sur le plan intérieur, avec le tout sécuritaire de l’état d’urgence, que sur le plan extérieur, par la politique va-t-en-guerre du gouvernement Hollande.
Donc notre gouvernement essaye de nous expliquer que toutes les mesures qu’il prend en ce moment visent à combattre le terrorisme et à nous protéger. Et donc nous voulons dire face à ça que nous ne sommes pas dupes. Nous ne pensons pas que l’impérialisme soit capable de combattre le terrorisme, tout simplement parce que l’impérialisme en a été une des causes. Comme l’expliquait Marco Ferrando tout à l’heure, Daech est né en grande partie dans les prisons de l’impérialisme américain en Irak à partir de l’intervention impérialiste en 2003, et ça nous ne l’oublions pas.
Et nous ne sommes pas dupes non plus, parce que nous savons très bien que notre ennemi, il est ici, il n’est pas chez les étrangers, chez les migrants, il est d’abord et avant tout, chez ceux qui mènent tous les jours contre nous une guerre sociale. Et cette guerre sociale là, c’est la guerre des attaques contre l’emploi qui multiplient le nombre de licenciements et le chômage partout en Europe. Et cette guerre-là, le gouvernement voudrait nous dire qu’il faudrait que nous l’arrêtions, c’est-à-dire qu’il faudrait imposer une trêve sociale, au nom de la mémoire des victimes. C’est comme ça qu’il a exercé une énorme pression pour briser des luttes qui commençaient à se mettre en place, qui exprimaient une grande colère ouvrière comme celle d’Air France et celle des camarades hospitaliers de l’APHP dont quelques-uns sont ici et auxquels je voudrais rendre hommage.
Et en même temps, on voit que cette soirée est très bien mais qu’elle ne suffira pas et que le combat qui est le nôtre, le combat pour abattre nos ennemis dans chacun de nos pays, dans chacun de nos impérialismes, et pour créer cette grande fraternité des travailleurs du monde entier, c’est un combat qui dépend des révolutionnaires et des internationalistes. Et nous savons très bien, pour répondre y compris aux interventions qui ont été faites avant moi, ici sur cette scène, que cette tâche-là, de construire un véritable parti mondial de la révolution, capable de mener à bien ce combat, il n’y a aucune des organisations révolutionnaires, telles qu’elles existent aujourd’hui, qui est capable de la mener. Et ce n’est même pas la somme de ceux qui sont déjà révolutionnaires aujourd’hui. Il s’agira précisément de construire un parti mondial qui soit capable d’attirer vers ses rangs tous ces travailleurs qui aujourd’hui se battent contre les mesures d’austérité contre le racisme et contre la répression.
C’est en ce sens que nous sommes très fiers de chacun des combats que nous avons pu mener à côté de camarades qui viennent d’autres traditions et d’autres courants que le nôtre, à commencer par l’expérience de la plateforme 3 dans le congrès du NPA que nous avons mené avec les camarades d’Anticapitalisme&Revolution qui sont intervenus ici aujourd’hui. C’est pour cela aussi qu’en tant qu’organisation internationale, nous avons lancé un appel à toutes les organisations qui revendiquent l’indépendance de classe, le programme révolutionnaire, et qui essayent de tirer les leçons politico-stratégiques de chacun des événements de la lutte de classe que l’on est en train de traverser, pour avancer vers la construction d’une grande internationale, celle de la révolution socialiste.
C’est en grande partie pour cela que nous avons invité des camarades qui appartiennent à d’autres courants à venir ici ce soir et que nous espérons que ce serait un premier pas pour avancer dans des discussions à l’échelle internationale qui aillent dans ce sens. Et après, juste pour finir, parce qu’après on pourra se consacrer à la soirée, je voudrais qu’on termine cette soirée ici, en chantant ce chant qui est le chant des travailleurs du monde entier, l’internationale.
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