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ANI, retraites, budget 2014, criminalisation des Rroms... jusqu’à la lie ?

Assez de conciliation avec ce gouvernement anti-ouvrier et anti-populaire !

07/10/2013

Assez de conciliation avec ce gouvernement anti-ouvrier et anti-populaire !

La rentrée sociale s’inscrit malheureusement dans la continuité de ce qu’avait été le printemps. Des attaques qui s’accumulent, des résistances qui existent mais ne parviennent pas ã enrayer le cycle des reculs, et des choux gras pour le FN. La nouvelle réforme des retraites n’a pas jusque-là été l’occasion tant attendue pour construire une riposte d’ensemble. Et sur les Rroms (voir l’article de Pierre Hodel dans ce numéro), la fiscalité ou encore le travail le dimanche, c’est la classe dominante qui est à l’offensive, et qui profite d’un rapport de force qui lui est favorable pour avancer dans ses attaques. Sur nos lieux de travail et d’études, dans nos quartiers, nombre de collègues, de jeunes, de précaires ou de chômeur-se-s souhaitent rompre avec cette dynamique, reprendre la rue et commencer ã inverser la vapeur. Mais, malgré quelques explosions, l’horizon général reste bouché. Pourquoi ? C’est ce qu’il est temps de comprendre.

Un gouvernement de combat contre les classes populaires…

Le faible niveau de mobilisation qu’on constate jusque-là ne peut pas être expliqué par les illusions que se feraient les travailleurs et la jeunesse envers Hollande et son gouvernement. Sondage après sondage, le premier peine ã dépasser les 30% d’opinions favorables depuis plus de six mois. Et pour cause ! Après avoir entériné la fermeture des Hauts fourneaux de Florange, de l’usine PSA d’Aulnay et de centaines d’autres boîtes moins emblématiques, Hollande a orchestré la signature de l’ANI, qui permet aux patrons de pratiquer un chantage légal au licenciement, et dont l’application site par site s’apprête ã faire perdre parfois des centaines d’euros par mois aux travailleurs. Pour financer le cadeau aux entreprises de 20 milliards d’euros par an (2% du PIB !) dans le cadre du « crédit impôt compétitivité », il a fait augmenter la TVA. Aujourd’hui, il avance un nouveau projet de loi pour commencer ã transférer sur cette dernière le financement de la sécu, en lieu et place des cotisations patronales.

Pour 2014, ce gouvernement a concocté un « budget de combat » selon ses propres termes, combat contre notre classe, ses droits, ses acquis. 15 milliards d’euros d’économies sont prévus, en plus de 3 milliards de hausses d’impôts. Pour mémoire, le budget 2013 avait déjà rogné 30 milliards d’euros sur nos salaires directs (20 milliards de hausse d’impôts) ou indirects (10 milliards d’économies). Quant à la nouvelle réforme des retraites (voir l’article de Nina Kirmizi dans ce numéro), elle est un pas de plus dans la casse de nos pensions, alors que l’espérance de vie en bonne santé est en baisse depuis 2010. La durée de cotisation est allongée ã 43 ans pour toutes celles et tous ceux qui sont nés après 1973, alors même que le chômage des jeunes ne cesse d’augmenter. La hausse des prélèvements va faire baisser nos salaires, alors que les prix augmentent mois après mois. Alors qu’il devient tout simplement impossible pour la grande majorité des travailleur-se-s d’obtenir une retraite ã taux plein, celles des retraité-e-s actuel-le-s sont abaissées.

Cette offensive à l’intérieur a aussi un pendant international : après l’attaque sur le Mali en janvier dernier, qui a repositionné ce pays comme bastion de la françafrique, Hollande a pris en cette rentrée une posture martiale au sujet de la crise syrienne... avant de finir complètement marginalisé par la solution diplomatique négociée par les Etats-Unis et la Russie et la résolution ultérieure du Conseil de Sécurité, qui ne fait même pas référence au chapitre 7 de la Charte de l’ONU comme le souhaitait Paris, c’est-à-dire à la possibilité pour les impérialistes d’utiliser la force en cas de non-respect de ses engagements par le régime syrien. Reste que ses visées guerrières s’inscrivent dans la droite ligne de la politique internationale promue par la bourgeoisie française depuis le début de la crise, avec l’intervention en Côte d’Ivoire (pays redevenu le point avancé de l’impérialisme français en Afrique) ou encore en Libye (qui avait permis de faire contrepoids aux processus révolutionnaires ouverts en Tunisie et en Égypte dans la région, avant que le pays ne tombe dans une ingouvernabilité croissante après l’intervention). Dans l’Hexagone comme à l’extérieur, c’est « la réaction sur toute la ligne ».

… mais avec une méthode différente de celle du gouvernement Sarkozy

Hollande a donc repris les attaques là où Sarkozy les avait laissées, notamment parce qu’il avait trouvé le mouvement contre la précédente réforme des retraites sur son chemin à l’automne 2010. Mais la particularité est que le nouveau Président parvient à les faire passer dans le cadre d’une méthode différente de celle tentée par Sarkozy, qui s’inspirait lui du modèle de la « dame de fer » britannique [1], bien qu’il soit resté loin de parvenir ã ses fins, en grande partie du fait de l’explosion de la crise économique internationale.

A présent règnent les conférences sociales, les salons, les petits fours, les tables de négociation. Désormais la casse sociale s’annonce, étape par étape, sur le perron de l’Elysée par des « partenaires » qui jugent le « dialogue » souvent « constructif », parfois « insuffisant », mais toujours très utile. Et, depuis bientôt 18 mois, dans le cadre de la négociation de l’ANI comme de la réforme des retraites, pas une seule des directions officielles du mouvement ouvrier n’a refusé de se prêter ã ce macabre petit jeu ! Voilà ce qu’observent les millions de travailleur-se-s et de jeunes qui, au quotidien, subissent de manière toujours plus pressante le terrorisme du chômage de masse, c’est -à-dire misère et marginalisation pour les un-e-s, et baisse des salaires et dégradation des conditions de travail pour celles et ceux qui ont encore la chance d’avoir un emploi. Voilà pourquoi des franges importantes de notre classe sont déboussolées, et cèdent à la haine aveugle, négative, retournant leur colère contre les secteurs opprimés de cette société : travailleur-se-s étranger-ère-s ou immigré-e-s, minorités sexuelles, Rroms, etc.

La situation actuelle est profondément déterminée par le refus des directions syndicales dans leur ensemble d’organiser la colère de notre classe. Toutes préfèrent le pourrissement en cours à la rupture avec le gouvernement, au motif que celui-ci est « de gauche ». Cela alors que des secteurs de la bourgeoisie continuent ã hésiter sur la meilleure politique pour faire passer les réformes profondes qui leur permettront de sortir le capitalisme français de la crise structurelle qu’il traverse. On se souvient du tournant de Hollande, il y a un an, passant du « choc de compétitivité » au « pacte de confiance ». Ou encore du rappel à l’ordre d’un secteur du patronat envers Pierre Gattaz, jugé trop conciliant après la séance de négociations sur les retraites qui a eu lieu fin août. C’est l’énorme combativité qu’a rencontré la réforme emblématique du sarkozisme en 2010 qui a convaincu une grande partie de la classe dominante de favoriser la « méthode Hollande » malgré l’incertitude de ses résultats. Mais la pression de la crise pourrait l’amener ã vouloir ã nouveau changer de rythme, pour avancer beaucoup plus vite.

« Ils dialoguent, on exécute » : retour sur la politique des directions syndicales

Toutes ? Il y a certes des différences importantes de positionnement entre les centrales. La CFDT, sortie renforcée de l’application de la réforme sur la représentativité en mars dernier, pousse le bouchon jusqu’à assumer publiquement une posture ouvertement collaborationniste, en appuyant les contre-réformes successives. Après avoir signé l’ANI, Laurent Berger appelait le gouvernement ã accélérer la mise en place de la réforme des retraites au printemps dernier, réforme qu’il salue aujourd’hui ! Berger et son équipe portent désormais un discours reprenant quasiment terme ã terme celui du patronat, tout juste mâtiné de références ã « l’équité ». Il expliquait ainsi en juin que la « coopération » (avec le CAC 40) est « une exigence d’une société bloquée, en manque de marge de manœuvre et de dialogue ». Les porte-voix patronaux, théoriciens du « choc de flexibilité », ne disent pas autre chose... La CFDT a d’ailleurs signé récemment avec la CFE-CGC et le Médef un rapport commun sur le thème « Réinventer la croissance ». Voilà jusqu’où va, aujourd’hui, la trahison de la deuxième centrale syndicale du pays, qui, dans son bloc avec la CFTC et la CFE-CGC représente 51% du paysage syndical selon les résultats des dernières élections professionnelles.

Dans ce contexte, la CGT pourrait chercher ã fédérer autour d’elle les secteurs désireux de rompre avec l’humiliation et la tétanisation du « dialogue social ». Il n’en est rien. D’une part, la prise de distance avec la CFDT au sujet de l’ANI s’est révélée n’être qu’une somme de petites phrases destinées ã montrer un visage plus combatif en amont du congrès de la centrale de Montreuil, qui s’est tenu en février dernier ã Toulouse. Il s’agissait de capter la colère des équipes à la base, qui ressentaient le besoin d’un affrontement après la fermeture de Florange, la répression policière des camarades de Goodyear et en pleine grève ã PSA Aulnay. Mais, dès le congrès passé, le nouveau secrétaire général Thierry Lepaon a pris un nouveau virage ã droite. Fin mai, il se vantait d’un « déjeuner convivial » avec Laurent Berger. « Oubliez les deux blocs, d’un côté les contestataires et de l’autre les réformistes ! Sortez de cela. Cela ne marche pas… » explique-t-il ã L’Humanité mi-septembre.

Effectivement, ce qui s’est passé avec la réforme des retraites démontre que la direction de la CGT n’est pas « contestataire », bien au contraire. Son orientation depuis le mois de juin, réitérée dans son récent courrier aux parlementaires qui vise ã faire « pression » avant le vote de la loi, consiste ã demander « ã ce que la réforme des retraites fasse l’objet d’une négociation tripartite entre syndicats de salariés, organisations patronales et le gouvernement » (Lepaon). C’est-à-dire justement ce que souhaite le gouvernement, pour faire passer son attaque ! A la fin août, Thierry Lepaon expliquait à la presse que ce gouvernement « écoute » trop le patronat, et « pas assez » la CGT, mais que, suite aux meetings de la CGT, « l’audition commencerait ã revenir ». Il concluait même : « Nous sommes donc sur la bonne voie ! ». C’est ce qu’il a répété lors de ces fameux meetings, où il se vantait lourdement des « avancées » soi-disant obtenues grâce au dialogue.

La CGT est la plus importante organisation syndicale du pays. Elle regroupe en ses rangs des centaines d’équipes combatives, ayant une expérience de lutte et l’envie de riposter. Mais sa direction actuelle préfère plutôt utiliser le poids des 700 000 adhérents du syndicat pour se donner un ticket d’entrée dans les salons.

Quant ã FO, son appel ã manifester pour le 10 septembre n’a pas trompé grand monde. Encore moins que la CGT, elle n’a cherché ã construire cette journée, ã en faire la première étape de la mobilisation générale qui sera nécessaire pour faire reculer le gouvernement. Juste après le 10, elle a mis toute son énergie ã refuser de réunir l’intersyndicale, et ã faire passer en interne l’acceptation de la réforme. Finalement, elle n’appelle qu’à un rassemblement devant l’Assemblée lors de la première lecture du texte le 15 octobre prochain, qui vient compléter la proposition de « semaine d’action » formulée par la CGT du 7 au 10 octobre. Dans les deux cas, il s’agit de faire passer la réforme et d’enterrer la mobilisation comme cela s’est passé pour l’ANI. C’est que, dans les deux cas, FO ne cherchait qu’à se positionner pour ne pas perdre toute son influence dans le mouvement syndical, en ne laissant pas tout l’espace « contestataire » à la CGT.

Le mouvement ouvrier hexagonal face aux gouvernements de gauche, une vieille histoire

Voilà donc ce qui imprime sa marque sur la situation politique en cette rentrée. Après avoir fait sa campagne sur le thème du « Médef de combat », Pierre Gattaz utilise ã fond la méthode du dialogue social pour défendre les intérêts de la minorité parasite qu’il représente. En face, le mouvement ouvrier est paralysé par sa soumission à l’exécutif « de gauche ».

Le problème n’est pas nouveau. Souvenons-nous que c’est déjà grâce au soutien dont il avait su se doter auprès des directions syndicales, mais aussi du PCF, que Mitterrand a pu refermer la décennie de luttes et d’insubordination ouvrière et populaire qui avait suivi mai 1968. C’est le gouvernement Mitterrand qui avait pu le premier mettre en œuvre les réponses voulues par la bourgeoisie à la crise économique ouverte dans les années 1970, en imposant la rigueur, et en installant le chômage de masse. Et c’est alors que le FN avait pu s’établir dans le paysage politique, sur le terreau de la déception historique expérimentée par notre classe. Jospin avait repris le flambeau en 1997, en privatisant ã tour de bras, plus qu’aucun gouvernement de droite... jusqu’au 21 avril 2002, où Jean-Marie Le Pen le devançait au premier tour des présidentielles.

Le FN fort de cette faiblesse

La croissance du FN est l’expression d’une crise sociale profonde. Elle est la manifestation de l’impasse dans laquelle commence ã se trouver le régime bourgeois français, soumis d’une part à la pression du capitalisme allemand concurrent, et de l’autre à la peur de se retrouver dans la même situation que les pays d’Europe du Sud. Mais pourquoi ces éléments structurels s’expriment-ils essentiellement ã droite, de manière réactionnaire ?

Le FN n’est en rien, aujourd’hui comme hier, la raison principale de l’essor qu’il vit depuis des années, et ce malgré toute l’immonde ingéniosité qu’il met ã profiter de la situation. Ce sont les désillusions ressenties par notre classe, liées aux précédentes expériences de gouvernement sociaux-libéraux, et la méfiance accumulée envers les organisations de la gauche politique et syndicale, qui ouvrent son boulevard au FN. S’il parvient ã apparaître comme l’opposition la plus résolue au gouvernement, en se délimitant clairement des deux grands partis de la bourgeoisie (PS et UMP), c’est précisément parce que les directions officielles du mouvement ouvrier, politiques comme syndicales, se refusent à le faire. « Il y a une différence entre la gauche et la droite. Considérer que c’est la même chose c’est permettre au Front national d’empocher la mise. Jamais la CGT ne fera ce jeu », explique à longueur d’interviews Thierry Le Paon, qui insiste : « avec ce gouvernement, tel qu’il est, les choses peuvent avancer ». Quant aux directions locales des luttes emblématiques depuis un an, rares sont celles qui rompent la discipline envers ce gouvernement. On a ainsi vu Edouard Martin, syndicaliste (CFDT) devenu célèbre pour avoir vertement critiqué Hollande lors de la fermeture de Arcelor-Mittal ã Florange, se prêter la semaine dernière à l’esbroufe de la cérémonie organisée sur le site en présence du Président, et se féliciter de la création... d’une plateforme de recherche sur la sidérurgie !

Quant au Front de Gauche, l’ensemble de ses composantes tombe d’accord sur la perspective d’un « recentrage ã gauche » de l’actuel gouvernement, avec entrée de ministres PC et PG. Dans le cadre des municipales, toutes souhaitent l’alliance avec le PS, la division actuelle portant sur la nécessité de réaliser cette alliance dès le premier tour (ce que souhaite le PCF pour conserver son appareil de 7000 élu-e-s) ou au second (voir l’article de Romain Lamel dans ce numéro). La conciliation de classes, qui plus est dans un contexte de crise économique et d’offensive brutale de la classe dominante : voilà donc la maladie sur laquelle se développe la moisissure du FN.

Indépendance de classe, pôle de direction alternatif : les tâches de l’extrême gauche

Face ã ce constat, l’extrême-gauche se retrouve face ã d’énormes responsabilités. Il s’agit de réussir ã organiser, ã partir des luttes qui se développent, et au cœur même du mouvement ouvrier comme du mouvement étudiant, la possibilité d’une expression de classe, indépendante et combative ã partir de laquelle puissent commencer ã se regrouper les secteurs qui souhaitent en découdre. Ce serait une grave erreur, en effet, de ne voir dans la situation actuelle que les difficultés et les dangers, comme le fait malheureusement la majorité de notre parti. Des possibilités existent, et ne doivent pas être sous-estimées.

D’une part, et bien qu’il ait réussi jusque-là ã faire passer toutes les attaques qu’il se proposait d’imposer, ce gouvernement est affaibli et particulièrement impopulaire. Hollande ne dépasse pas le tiers d’opinions favorables dans les sondages depuis plus de 8 mois. Depuis l’affaire Cahuzac [2], il a réussi ã contenir les pressions dans sa majorité, mais il n’est pas exclu que, sous la pression d’un changement de situation, les tensions avec Europe écologie-Les verts ou avec l’aile gauche du PS ne se transforment en crise gouvernementale.

Et d’autre part, des luttes existent, qui ont la particularité de porter en germe une remise en cause profonde de la politique du gouvernement et des classes dominantes. Ainsi l’application concrète de l’ANI, ce grand recul du droit du travail orchestré par Hollande, bien qu’elle n’ait pas encore provoqué d’explosion globale, a provoqué une première riposte d’ensemble dans le groupe PSA (voir l’article de Vincent Duse dans ce numéro), où le plan de compétitivité défendu par la direction n’a rien de bien différent de ceux que le patronat cherche ã imposer dans des milliers d’autres boites (voir l’article de Marc Barois). Dans le secteur de la santé, la rentrée a été marquée par plusieurs luttes contre les fermetures de sites ou de services notamment en région parisienne, comme la maternité des Lilas, le centre dentaire Archereau ã Paris 19e ou encore l’Hôtel Dieu, dans le cadre d’une occupation qui dure depuis plus d’un mois. Si elles se fédéraient, ces bagarres pourraient marquer un point d’inflexion dans une décennie de casse de l’hôpital et de la santé publics. Dans l’éducation nationale, la réforme des rythmes scolaires, qui avait provoqué une mobilisation importante des enseignants du primaire en début d’année dernière, est en train de se mettre en place et provoque des résistances, ã Aubervilliers et ailleurs.

S’ajoute ã tout cela la situation qui est en train de se tendre sur les facs, où se font sentir désormais très concrètement les conséquences des coupes budgétaires accumulées depuis plusieurs années. A Béziers, c’est l’ensemble du site universitaire qui est menacé de fermeture. Dans l’emblématique université Paris-1 Panthéon-Sorbonne, le déficit camouflé depuis des années a poussé la direction ã supprimer 10% de son offre de cours en cette rentrée, soit pas moins de 30 000 heures ! Cette situation pourrait ouvrir une véritable crise dans les universités, empêchées de remplir normalement la fonction qui est la leur dans la société capitaliste. Elle provoque d’ores et déjà des résistances et des débuts de mobilisation, ã Rennes 2 comme ã Bézier, où deux AGs de 500 personnes se sont tenues jeudi 25 puis jeudi 3 octobre. Les jours qui viennent diront si l’on assiste à la naissance d’une mobilisation étudiante nationale, qui pourrait modifier la situation en exprimant la première contestation d’ampleur de la politique du gouvernement sur le terrain des luttes, et ainsi augmenter le niveau de confiance de l’ensemble de notre classe.

Quoi qu’il en soit, ce qui est en jeu pour commencer ã renverser la situation, c’est l’apparition et le renforcement d’une expression indépendante et combative des travailleurs et de la jeunesse, ancrée dans leurs luttes et leurs préoccupations immédiates, et parvenant ã avancer dans la constitution d’un plan de bataille à la hauteur des enjeux. Les directions officielles de la gauche et du mouvement ouvrier travaillent au contraire ã conserver coûte que coûte leurs liens avec le gouvernement, avalant – et défendant ! – la pilule d’une politique souvent plus dure que celle de Sarkozy. Tout l’enjeu pour nous est donc de se mettre au service de la construction de cette voix alternative pour les travailleurs. Ce qui implique de rompre avec toute forme de suivisme des va-et-vient du Front de Gauche, lui même engagé dans la recherche perpétuelle de liens avec le PS et le gouvernement. Il est indispensable que le NPA change son orientation majoritaire, en s’impliquant de manière déterminée dans les luttes, tout en radicalisant nos revendications à la hauteur des attaques du gouvernement et du patronat. Il s’agit d’œuvrer à la construction d’une véritable alternative révolutionnaire qui puisse redonner pleinement confiance aux travailleurs face ã ce système en crise, seule manière de contrecarrer le poids grandissant du FN dans certaines couches du prolétariat.

3/10/2013

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