« Debout, debout, un camarade est mort ! »
Barrage de Sivens : Rémi Fraisse tué par les flics de Valls et Hollande
28/10/2014
Courant Communiste Révolutionnaire
L’idée de construction du barrage de Sivens, près de Gaillac, a été lancée par un conglomérat d’intérêts mêlant politiciens locaux du Conseil général du Tarn et patrons de l’agro-business de la Chambre d’agriculture, moyennant un conflit d’intérêt des plus flagrants, la CACG (Compagnie d’Aménagement des Coteaux de Gascogne) qui avait réalisé l’étude d’impact ayant été également chargée de réaliser les travaux. Alors que ce projet est contesté depuis longtemps par de nombreux organismes et associations les experts mandatés par le ministère de l’Environnement viennent eux-mêmes de remettre leur rapport, qui juge que le barrage aurait un impact négatif sur l’écosystème et qu’il est surdimensionné (même s’ils ne vont pas jusqu’à demander l’arrêt définitif des travaux, loyauté gouvernementale oblige) vis-à-vis des besoins des gros producteurs de maïs de la région. En d’autres termes, il s’agit d’un projet inutile construit pour une quarantaine d’exploitations agricoles, pour le plus grand bénéfice des bétonneurs et de la Chambre d’agriculture.
Depuis la déclaration d’intérêt général par la préfecture du Tarn en octobre 2013, le projet suscite un important rejet. Décidé de passer en force, le gouvernement a envoyé les forces de répression contre les militants de la « Zone A Défendre » de la vallée du Tescou, comme cela s’est fait contre les opposants à l’Ayraultport de Notre-Dame-des-Landes. La situation s’est tendue encore davantage ã partir de septembre, lorsque la gendarmerie a commencé ã couvrir les agissements de nervis qui ont attaqué les Zadistes ã plusieurs reprises.
Lors de la mobilisation appelée pour le samedi 25 octobre, les forces de répression ont agi avec une grande brutalité à l’encontre de plusieurs milliers de personnes rassemblées pour exiger l’arrêt de la construction du barrage. De nombreux manifestants ont été blessés par des tirs de flashball et au cours de charges et c’est dans ce cadre que, pendant la nuit de samedi ã dimanche, Rémi Fraisse, étudiant toulousain de 21 ans, opposant au barrage, a été assassiné.
Le rapport d’autopsie rendu public aujourd’hui affirme ne pouvoir affirmer ou infirmer qu’une grenade lancée par la gendarmerie serait à l’origine de l’explosion ayant tué Rémi. Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, a appelé « à la retenue les responsables politiques et associatifs qui se sont autorisés ã tenir des propos approximatifs, irresponsables et polémiques » et a condamné « avec la plus grande fermeté les incidents qui se sont déroulés » ã Gaillac lors de la manifestation d’hommage ã Rémi hier, dimanche 26 octobre. C’est bien une preuve supplémentaire, si cela était encore nécessaire, de la veulerie de ce gouvernement d’assassins adepte de la répression des mouvements sociaux. C’est dans le cadre de ces violences policières contre les manifestants qu’a été tué Rémi, mais cette répression (par armes, intimidations, destructions d’affaires personnelles) est déjà présente depuis le début de la lutte, et la mort de Rémi n’est en ce sens que la suite « logique » d’une escalade de la violence dénoncée depuis longtemps. Alors que le préfet s’était engagé ã ne pas en poster ce week-end, étant donné les milliers de militants attendus, pourquoi ces 250 gendarmes mobiles et CRS armés de grenades et de flash-balls, alors qu’il n’y avait plus ni ouvrier ã « protéger » ni machine ã préserver (la seule qui avait été laissée sur place le vendredi ayant été brûlée le soir même) ? Certainement pas pour seulement défendre un lopin de terre entouré d’un fossé large de plusieurs mètres. Plutôt faire volontairement monter la tension et provoquer : les autorités savaient très bien ce qui allait arriver au Testet en y déployant cette armée le samedi.
La famille de Rémi a décidé de porter plainte pour homicide volontaire "par une ou plusieurs personnes dépositaires de l’autorité publique", ont précisé ses avocats. Contre les « conclusions » de l’autopsie officielle, pour que toute lumière soit faite sur les violences policières, le meurtre de Rémi et exiger une autopsie parfaitement indépendante il faut une commission d’enquête constituée par l’ensemble des organisations syndicales et militantes opposées à la construction du barrage et solidaires des manifestants, ã commencer par la Confédération Paysanne et les signataires de l’appel ã manifester du 24.
Le plus bel hommage que l’on pourra rendre au camarade tué, sera, dans les manifestations ã sa mémoire de porter le combat contre le projet de construction du barrage de Sivens et d’exiger la démission de l’ensemble des responsables directs et indirects des violences policières - non seulement celle du préfet du Tarn et du président du Conseil général et député PS Thierry Carcenac, mais également celle de Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur.
« Debout, debout, un camarade est mort ! » scandaient ce soir les manifestants ã Toulouse : le Courant Communiste Révolutionnaire du NPA exprime ses condoléances aux amis, aux proches et à la famille de Rémi Fraisse, et participera sur cette base à l’ensemble des manifestations et rassemblements pour que ce nouveau crime d’Etat ne reste pas impuni.
27/10/14