Tribune Ouvrière
Pourquoi les révolutionnaires ne se reconnaissent pas dans le programme du Front de Gauche ?
09/04/2012
Par Manu Georget [1]
Lorsque le Front de Gauche parle d’insurrection ou revendique la Commune de Paris, en réalité, de quoi parle-t-il ? Qu’est-ce qu’il y a derrière ce discours qui se veut radical ? Si on fait attention ã son programme et ã ce qu’il dit, on voit bien qu’il rejette totalement le point de vue révolutionnaire car la « révolution » de Mélenchon est électorale, c’est-à-dire que le seul message qu’il veut faire passer avec ce discours radical est d’aller voter pour lui. En fin de compte, il cherche ã orienter toutes les forces sociales et de lutte dans le cadre des institutions, c’est-à-dire qu’il cherche ã canaliser le mécontentement social qui existe chez les travailleurs ã travers les élections.
Jean-Luc Mélenchon ne fait qu’entretenir les illusions sur les institutions bourgeoises soi-disant démocratiques, et fait croire que le changement social peut passer par le biais des élections. Il célèbre et se revendique de la prise de la Bastille et de la révolution française de 1789, pas pour mettre en avant leur côté insurrectionnel (et donc opposé ã sa démarche électoraliste) mais pour entretenir un discours nationaliste. Le projet du Front de Gauche est construit sur une pseudo-critique du capitalisme qui vise en fait ã mettre en avant la nation. Il ne fait ainsi qu’être utile aux intérêts impérialistes de la France et nuisible pour les travailleurs du monde entier.
Le programme du Front de Gauche n’est pas au service des travailleurs et de la jeunesse exploitée, mais il vise ã enfermer le prolétariat dans une idéologie sociale-chauvine qui a été tant de fois, dans l’histoire de notre pays et du monde entier, l’une des armes principales de la contre-révolution. Cette idéologie est d’autant plus dangereuse aujourd’hui que la crise capitaliste crée un terrain favorable pour que les capitalistes essaient de convaincre les travailleurs que les responsables de leur souffrance sont… d’autres travailleurs !
Aucune critique en profondeur de la société capitaliste française, ni de la classe exploiteuse qui est ã sa tête. Le programme économique du Front de Gauche propose un projet de modernisation de l’industrie française. Il dénonce une oligarchie qui représente la finance et qui, en quelque sorte, corromprait la « république française ». Il avance ainsi l’idée qu’il y aurait une « gentille bourgeoisie industrielle » avec laquelle les travailleurs partageraient les mêmes intérêts, en prenant comme modèle la période d’accumulation de l’après-guerre, âge d’or de l’impérialisme français où régnait productivité et paix sociale, grâce aux monopoles d’État et à l’intégration des syndicats au service des patrons.
Les travailleurs n’ont pas besoin du projet social-chauvin et de conciliation de classes du Front de Gauche ! Ils ont besoin d’un changement radical de la société, d’en finir avec la domination des capitalistes, c’est-à-dire d’une révolution sociale.
Pour lutter et gagner face à l’Etat bourgeois et ses institutions, les travailleurs doivent acquérir une conscience de classe, c’est-à-dire que la classe ouvrière doit prendre confiance dans sa capacité ã organiser la société de manière solidaire, sans se soumettre aux capitalistes.
Pour stopper la gangrène du capitalisme, pensons lutte des classes, construisons une organisation révolutionnaire qui se dote d’un programme politique avec une perspective internationaliste, afin de développer l’unification des travailleurs et de la jeunesse exploitée de tous les pays contre la classe dominante. Cette organisation révolutionnaire, ce programme politique et cette unité des travailleurs et de la jeunesse doivent être au service de la lutte contre ce système d’exploitation et de la mise en place d’une nouvelle société, sans oppresseurs ni opprimés. C’est dans cette perspective que nous nous battons, avec mes camarades du Courant Communiste Révolutionnaire, au sein du NPA et dans la lutte de classe.
NOTASADICIONALES
[1] Ancien dirigeant de la CGT dissidente de Philips Dreux ayant lutté contre la fermeture du site en 2010 et militant du CCR.