Pour une Europe des travailleur-euse-s et des peuples
Résolution présentée par Anticapitalisme & Révolution et le CCR au CPN d’avril
16/04/2014
Le CPN du NPA des 5 et 6 avril a été traversé par un intense débat sur les élections européennes et le positionnement des révolutionnaires face aux institutions de l’UE. Ce débat a donné lieu à la présentation de trois contributions. La première, proposée par la majorité du parti (PX), intitulée « Contre l’Europe de l’austérité et du chômage, contre l’Europe de la finance, du profit et de la concurrence. Pour une Europe de la solidarité et de la coopération, l’Europe des travailleurs et des peuples », a recueilli 46 voix. Face ã cette résolution, nous avons proposé un texte alternatif avec d’autres camarades d’Anticapitalisme et Révolution (A&R). Cette seconde résolution, qui a recueilli les voix de la plupart des camarades de la PY élu-e-s au CPN ainsi que des camarades du CCR, soit 24 voix, était intitulée « Contre le gouvernement PS-Medef, l’UMP et leur Union européenne, Contre le FN, son nationalisme et son racisme ; Pour la riposte du monde du travail, uni par-delà les frontières, Pour une Europe des travailleurs et des peuples ». Enfin, des camarades de la minorité de la PY ainsi que ceux de la Tendance Claire (TC) ont proposé une troisième résolution, qui a recueilli 10 voix, intitulée « Contre l’Union européenne, contre le gouvernement des riches et des patrons, Rupture anticapitaliste ! ».
Les titres donnés aux différentes résolutions indiquent assez clairement les divergences existantes au sein du parti et la façon dont, politiquement, elles se traduisent. Nous sommes, de notre part, convaincus que l’UE est une arme de guerre et un instrument de coordination mis en place par les secteurs les plus concentrés des bourgeoisies impérialistes d’Europe de l’Ouest pour mener ã bien les attaques internes contre le monde du travail, la semi-colonisation complète de l’Europe centrale et orientale, arrière-cours historique de Berlin, Paris ou Rome, et de façon ã se positionner face à leurs partenaires et concurrents extérieurs, avec des résultats inégaux, comme le montre par exemple les énormes difficultés ã construire une politique extérieure commune.
De cette analyse découle deux conséquences. L’ennemi auquel le monde du travail, les classes populaires et la jeunesse ont ã faire face, ici, en France, est bien de chez nous : il ne s’agit pas de Bruxelles, qui n’agit que comme organe de coordination des bourgeoisies les plus puissantes (parfois au prix de grincements de dents), mais du patronat et du gouvernement français. En d’autres termes, il n’existe pas de bourgeoisie européenne en tant que telle et encore moins de supra-Etat européen. C’est ce qu’indiquent, par exemple, les énormes contradictions existant autour de la monnaie unique, la mutualisation des dettes et l’union bancaire. Cette UE n’est, en dernière instance, qu’une « unification », très partielle et bancale, au service du capital, qu’il soit financier ou industriel.
Replacer ã sa juste place les responsabilités des différentes instances nationales et européennes de décision ne revient pas, en revanche, ã nier le caractère profondément réactionnaire de l’UE telle qu’elle existe. Cela ne revient pas non plus ã nier la place occupée par l’euro dans un tel dispositif, les bourgeoisies étant obligées d’opter pour des attaques directes vis-à-vis du monde du travail sans pouvoir se permettre dévaluations et inflation, des armes privilégiées dans le passé par les classes dominantes pour faire régler la facture de la crise au salariat.
C’est en ce sens qu’opter pour la simple dénonciation de « Bruxelles » revient ã tomber explicitement ou implicitement dans une défense souverainiste et chauvine d’un intérêt commun qu’il y aurait ã combattre, « salariés et bons-patrons-bien-de-chez-nous », contre la Commission ou la Banque Centrale européenne. C’est ce que défend, en dernière instance, la gauche réformiste européenne, Mélenchon et Tsipras en tête.
Face ã cette position, sans pour autant basculer avec armes et bagages dans le camp du Parti de la Gauche Européenne (Front de Gauche, Syriza, Refondation Communiste, etc.), la majorité du NPA développe une position anti-souverainiste mais qui insiste surtout sur la nécessité de mettre en place un « gouvernement anti-austérité » qui prendrait le contre-pied de ce qu’applique Hollande… et donc Bruxelles. C’est ce qui ouvrirait la porte ã un « processus constituant » permettant de construire une « Europe de la coopération entre les peuples ». On voit bien, ici, la façon dont la majorité du NPA entend être Tsipraso-compatible, si ce n’est « Front-de-Gauche-compatible », au mois dans le cadre d’un front électoral et politique qu’elle souhaiterait permanent avec Mélenchon.
Face ã des institutions réactionnaires à leur fondement même, nous avons choisi de défendre la perspective d’une Europe des travailleurs et des peuples qui ne pourra être que les Etats-Unis socialistes d’Europe. Cela impliquerait un processus révolutionnaire ouvrier et populaire ã échelle continentale, quel que soit le pays où un tel processus pourrait émerger pour, par la suite, essaimer, afin de ne pas être brisé.
Cette position, en revanche, n’implique en rien de défendre la perspective d’une « rupture anticapitaliste avec l’UE et l’euro » comme l’ont posée les camarades de la minorité de la PY et de la TC dans le troisième texte qui a été soums au vote. Selon ces camarades, le fait que l’UE ait un caractère éminemment réactionnaire et que nous soyons pour sa destruction impliquerait, pour ne pas laisser le terrain de l’europhobie à l’extrême droite, de revendiquer une rupture anticapitaliste. A large échelle, cependant, en termes de propagande, l’adjectif qu’on accole au terme « rupture » importe peu. A nouveau, dans ce cas précis, c’est sur le terrain des souverainistes, de droite et de gauche, à l’image d’un Alékos Alavanos qui défend la sortie de la Grèce de l’euro, en prenant pour modèle le kirchnérisme argentin, que l’on risque de glisser. C’est en ce sens, d’ailleurs, que quoique partant de prémisses différentes, les deux textes présentés au CPN, que ce soit celui de la majorité ou celui de la minorité de la PY-TC, se recoupent dans leur logique implicite.
A une époque de grave crise sociale et politique secouant l’Allemagne, Trotsky soulignait dans un texte de septembre 1930, « Le tournant du Komintern et la situation en Allemagne », combien « la crise politique en Allemagne remet en question le régime que le traité de Versailles a instauré en Europe. Le Comité central du Parti Communiste allemand dit qu’une fois au pouvoir, le prolétariat allemand liquidera les documents de Versailles. Et c’est tout ? L’abolition du traité Versailles serait ainsi la plus haute conquête de la révolution prolétarienne ! Par quoi sera-t-il remplacé ? Cette manière négative de poser le problème rapproche le parti des nationaux-socialistes. Etats unis soviétiques d’Europe, voilà le seul mot d’ordre correct apportant une solution au morcellement de l’Europe, qui menace non seulement l’Allemagne mais aussi l’Europe entière d’une décadence économique et culturelle totale. Le mot d’ordre d’unification prolétarienne de l’Europe en même temps une arme très importante dans la lutte contre le chauvinisme abject des fascistes, contre leur croisade contre la France. La politique la plus dangereuse et la plus incorrecte est celle qui consiste ã s’adapter passivement à l’ennemi, ã se faire passer pour lui. Aux mots d’ordre de désespoir national et de folie nationale, il faut opposer les mots d’ordre qui proposent une solution internationale ».
C’est en renouant avec cette même logique politique que nous nous sommes attachés ã présenter une contribution qui, tout en partant des coordonnées actuelles du débat, pose les enjeux européens du point de vue de notre classe et ã partir de l’ennemi que nous avons, ici, dans l’Hexagone, ã combattre.
Contre le gouvernement PS-Medef, l’UMP et leur Union européenne
Contre le FN, son nationalisme et son racisme
Pour la riposte du monde du travail, uni par-delà les frontières
Pour une Europe des travailleurs et des peuples
Les élections européennes de mai 2014 vont intervenir dans une situation très particulière, marquée par de grandes tensions. La crise du capitalisme mondial, qui se poursuit sans discontinuer depuis 2007, se double d’une crise particulière de l’Union européenne et de la zone euro. Les gouvernements et les bourgeoisies des différents pays ont une seule politique pour y répondre : faire payer la crise aux travailleurs et aux couches populaires par l’austérité, les licenciements, la casse systématique des acquis sociaux. L’Union européenne, avec ses traités néolibéraux et ses institutions antidémocratiques, est le cadre dans lequel cette politique est organisée et conduite.
Depuis 2012, c’est le PS et ses alliés qui l’appliquent au gouvernement. A travers le « pacte de responsabilité », ils ont même scellé une alliance stratégique avec le Medef. Leur déroute aux élections municipales, avant tout du fait de l’abstention ouvrière, jeune et populaire, en est un résultat direct. Le succès par défaut des listes de droite s’est accompagné de la percée du FN, « recentré » sur une démagogie économique et sociale nationaliste. Le danger est grand que cette tendance s’amplifie dans les élections européennes.
La nomination de Valls comme premier ministre est un pas supplémentaire marquant la volonté du gouvernement de s’affronter à la classe ouvrière et ses organisations. Face ã cette situation, notre politique commence par la dénonciation et l’appel à la lutte contre les artisans de l’austérité en France et à l’échelle européenne : Hollande et avant lui Sarkozy, le PS et la droite qui poursuivent fondamentalement la même politique, l’Union européenne, ses traités et institutions qu’ils ont contribué ã forger.
Nous défendons une alternative en défense des salariés et de la population, ouvrant la perspective de la construction d’une autre Europe. Nos propositions, basées sur l’unité et la solidarité des travailleurs, en France comme en Europe, sont à l’exact opposé des solutions nationalistes bourgeoises réactionnaires préconisées par le FN. Elles exigent de s’en prendre aux profits et de s’affronter au pouvoir des capitalistes.
1) Une Union des capitalistes contre les travailleurs et les peuples
Foyer de deux guerres mondiales inter-impérialistes, le continent européen a une histoire commune, une culture qui dans une large mesure lui est commune. Ses économies sont très largement interpénétrées et interdépendantes – ainsi, 80 % du commerce des pays de l’UE se fait aujourd’hui à l’intérieur de l’UE. L’unification politique et sociale de est une tâche majeure qui permettrait des progrès conséquents et une amélioration générale des conditions de vie de ses travailleurs.
Mais l’Union européenne s’oppose concrètement ã cette nécessité. Dès ses débuts avec le traité de Rome de 1957, le processus dit de la « construction européenne » a été placé sous le signe de la « concurrence libre et non faussée ». Ce caractère a été renforcé par l’Acte unique de 1986, le traité de Maastricht (1992) instituant l’euro puis celui de Lisbonne (2007).
Ce type de construction, intrinsèquement capitaliste et néolibéral, ne pouvait être développé qu’en dépossédant les peuples. Sa complexité et son opacité contribuent à les abstraire de tout contrôle populaire. L’Union européenne est la négation de la démocratie et du droit à l’autodétermination. Non seulement elle ignore et contourne systématiquement les votes populaires, comme en France celui de 2005 contre le Traité constitutionnel européen, mais elle repose sur des institutions foncièrement anti-démocratiques. L’essentiel de ses prérogatives est concentré dans le Conseil des chefs d’Etat ou de gouvernement, la Commission européenne, la Banque centrale et la Cour de justice, tous organes non élus. Le Parlement européen ne remplit qu’un rôle accessoire et une fonction décorative.
Cette « construction européenne » vise en réalité deux grands objectifs. D’une part, renforcer la position des groupes capitalistes des Etats membres dans la concurrence internationale contre ceux des Etats-Unis, du Japon et des « pays émergents » (Chine, Russie, Brésil…) ; d’autre part, coordonner et imposer les politiques nationales menées contre les classes ouvrières dans tous les Etats membres, une nécessité pour les différentes bourgeoisies alors que c’est Europe que subsistent encore une série d’acquis des luttes passées.
Les politiques antipopulaires de l’UE s’étendent au-delà de ses frontières. C’est ainsi le cas aujourd’hui, en collaboration avec le FMI, vis-à-vis de l’Ukraine, à laquelle est proposé un « accord d’association » dont l’application (entraînant l’ouverture de ses marchés, la dévaluation de sa monnaie et l’augmentation des prix de ses produits de première nécessité) conduirait dans ce pays ã une catastrophe sociale. Une des fonctions de l’UE est en effet de soumettre les pays de l’ancien bloc de l’Est, pour les transformer en une arrière-cour au service des intérêts des bourgeoisies impérialistes.
Tout cela se double des politiques de « l’Europe forteresse », mises en œuvre notamment ã travers les accords de Schengen. Il s’agit de fermer les frontières de l’UE aux travailleurs migrants, ainsi que de contrôler étroitement ceux qui parviennent ã s’installer sur son territoire, et donc favoriser leur surexploitation.
Enfin, si malgré les velléités il n’y a toujours pas de « défense européenne », et si les efforts diplomatiques communs de l’UE restent, selon les cas, inexistants ou balbutiants, cette dernière ne couvre pas moins les interventions impérialistes de ses Etats membres, comme aujourd’hui celle de la France au Mali et en Centrafrique.
2) La crise accentue et dévoile le rôle réactionnaire de l’UE et de l’euro
La crise mondiale a mis en évidence la fragilité de l’UE et de la zone euro, mais aussi leur nature différenciée et hiérarchisée. La « construction européenne » n’a pas réduit mais aggravé les inégalités de développement entre les pays. Sans véritable budget européen, sans solidarité entre les différents Etats qui restent soumis aux intérêts particuliers de leurs bourgeoisies nationales, l’UE a généré et renforcé des rapports internes de domination, qui dans certains cas s’apparentent ã des relations néocoloniales. La concurrence libre et non faussée, l’euro ont renforcé les capitalismes européens les plus forts au détriment des plus faibles. Ainsi le peuple grec paie-t-il aujourd’hui par une misère sans fin et sans fond la sauvegarde des profits des banques allemandes, françaises ou britanniques.
Face à la crise, l’UE et ses gouvernements nationaux ont réagi en faisant franchir un saut qualitatif aux politiques d’austérité et en renforçant le contrôle des institutions de Bruxelles sur les orientations économiques et sociales mises en œuvre au niveau national : telle est la fonction du pacte budgétaire européen, le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG). L’UE collabore activement avec le FMI, en particulier dans le cadre de la « troïka » (Commission européenne, BCE, FMI), pour imposer des politiques de super-austérité dans des Etats membres (Grèce, Irlande, Portugal, Espagne, Chypre), avec le soutien des gouvernements et des classes dominantes de ces pays, et ailleurs (Ukraine), La Commission de Bruxelles déclare placer la France sous « surveillance » du fait de ses « déficits excessifs », et le gouvernement Hollande-Ayrault réagit en annonçant 50 milliards « d’économies », c’est-à-dire de coupes dans les services publics, ã réaliser d’ici 2017…
Tout ce que l’Union européenne pouvait inspirer d’espoirs, tout ce qui de ses mesures pouvait apparaître un peu progressiste (comme l’effacement des frontières internes pour la circulation des personnes ou les programmes Erasmus pour certains étudiants, certes en général favorisés), est en train de voler en éclats ou de se trouver fortement relativisé.
Les politiques impulsées depuis Bruxelles et Francfort (siège de la BCE), avec le soutien de Paris et des capitales des autres pays centraux, conduisent, notamment en France, ã un rejet populaire croissant de ce qui est faussement identifié à l’Europe. Alors que les classes populaires se retrouvent exclues, dépossédées de la « construction » de cette « Europe », les élections européennes risquent de favoriser une réaction binaire, « pour ou contre l’Europe », bénéficiant à l’extrême droite et ã ses solutions de repli nationaliste.
Sur les anticapitalistes repose la responsabilité d’affronter ce danger, en dénonçant le caractère capitaliste et destructeur de l’UE et en lui opposant une Europe des luttes et de la solidarité.
3) Contre le souverainisme réactionnaire du FN
Le Front national se fait le champion de la dénonciation de la « tyrannie de Bruxelles » pour mieux défendre une politique nationaliste et chauvine qui prône la sortie de l’UE et de l’Euro pour défendre le retour au franc et le repli national.
Une telle politique n’a d’autre objectif que de diviser et dresser les uns contre les autres les travailleurs pour le plus grand profit des capitalistes. Elle dédouane par ailleurs la bourgeoisie française de ses responsabilités alors même que celle-ci est un acteur central de la politique menée au sein de l’UE.
La rupture éventuelle d’un pays avec l’UE n’annulerait en aucun cas son caractère capitaliste et impérialiste. Si ce pays en venait ã perdre ses parts de marché européen, il n’en attaquerait que plus sauvagement encore sa propre classe ouvrière afin de baisser le coût du travail de manière ã rester compétitif sur des marchés encore plus restreints et continuer ã se battre pour des parts du marché mondial. Ainsi, européistes et souverainistes ne diffèrent que sur la meilleure manière de défendre les intérêts impérialistes et de classe.
4) Hollande et son gouvernement ont pour seul horizon l’Europe de l’austérité et de la concurrence
A peine arrivé au pouvoir, et contrairement ã sa promesse de renégocier le traité budgétaire (TSCG), avec sa règle d’or de l’austérité voulue par Merkel et Sarkozy, Hollande et son gouvernement l’ont entériné.
Ils se sont soumis volontairement à la pression des banques, se sont fait leur agent contre les salariés et les classes populaires. Au nom de la lutte contre les déficits, ils bradent les services publics, en premier lieu la santé et l’éducation. Au nom de la course à la compétitivité, ils poursuivent la remise en cause des droits des salariés engagés par Sarkozy, attaquent les retraites. Avec le pacte de responsabilité, ils distribuent 30 milliards d’euros au patronat au prix de la remise en cause de la protection sociale. Ainsi, le chômage s’aggrave de mois en mois, les conditions de vie et de travail se dégradent, tandis que la régression sociale nourrit les inquiétudes, les peurs, les désespoirs sur lesquels surfe le Front national.
Notre combat contre l’Union européenne est indissociable de celui que nous menons en France, contre le gouvernement « PS-Medef ». A l’objectif d’une Europe des travailleurs et des peuples, d’une fédération des républiques socialistes d’Europe, correspond ici celui d’un gouvernement des travailleurs, en confrontation directe avec les capitalistes et s’engageant sur la voie d’une transition vers une société sans classes.
5) L’Union européenne n’est pas réformable, il est impossible de la « refonder »
Nous avons dans ce cadre un désaccord fondamental avec le Parti de la gauche européenne (PGE) et, en France, le Front de gauche (FdG) qui le représente. Ces formations défendent la politique traditionnelle de la gauche réformiste antilibérale, qui prétend que l’on pourrait « refonder l’Europe » dans le cadre des institutions de l’Union européenne.
Dans notre campagne électorale, nous devrons montrer qu’une telle perspective est totalement illusoire. Tous les textes (Rome, Maastricht, Lisbonne, etc.) qui définissent les objectifs et régissent le fonctionnement de l’UE reposent en effet sur la concurrence, la libre circulation des capitaux et des marchandises, la « compétitivité des entreprises » au détriment des intérêts des salariés et des couches populaires. Et la nature totalement antidémocratique des institutions de l’UE en interdit, même dans le principe, toute réforme.
A travers ces positions du PGE et du FdG, le « crétinisme parlementaire » atteint des sommets inégalés. S’il est déjà incohérent et illusoire d’imaginer la possibilité d’une transformation politique et sociale progressiste sans rupture avec les institutions nationales en vigueur (ici la V° République, ailleurs des monarchies…), transposer une telle perspective au niveau de l’UE et de ses institutions absolument anti-démocratiques va au-delà du réformisme.
Notre objectif, que nous défendrons durant la campagne électorale, est d’en finir avec l’UE, de la démanteler pour laisser place ã une autre Europe, radicalement différente. Une tâche qui ne pourra être accomplie que par les travailleurs d’Europe, unissant leurs forces et leurs efforts par-delà les frontières des différents pays.
6) D’Athènes ã Paris en passant par Madrid, l’Europe des travailleurs et des luttes
Les mesures d’austérité appliquées par les gouvernements dans les différents pays de l’Europe et les conséquences de la crise mondiale ont rendu plus visible pour des nombreux travailleurs le caractère international de la lutte de classes et le fait qu’ils affrontent des ennemies communs. Des dizaines de journées de grève général en Grèce, en passant par le mouvement des indignés, par la lutte contre la réforme des retraites en France, les mobilisations massives au Portugal ou plus récemment les « marées » contre les privatisations et les luttes contre les fermetures d’usine dans l’Etat Espagnol, la nécessité d’une perspective internationaliste est plus actuelle et audible que jamais.
Tout processus révolutionnaire déclenché dans un pays européen ferait tâche d’huile sur le continent. Cette perspective n’est pas une utopie, un rêve. Elle s’inscrit dans une histoire qui a commencé au 19ème siècle avec les premières grandes révolutions européennes, les soulèvements de 1848, « le printemps des peuples » qui a bouleversé toute l’Europe contre les vieilles dynasties qui espéraient pouvoir continuer ã manipuler les peuples en fonction de leurs seuls intérêts au gré de leurs rivalités et luttes d’influence. Aujourd’hui, ce sont les dynasties du grand Capital qui voudraient se jouer des peuples… Un nouveau printemps est donc à l’ordre du jour.
Le soutien et la popularisation des luttes partout en Europe, l’effort afin de les faire converger, sera une dimension centrale de notre campagne des élections européennes.
7) Unifier nos exigences pour un programme d’urgence européen
Les régressions sociales majeures imposées aux travailleurs et aux couches populaires ces dernières années pour le seul bénéfice des grands groupes capitalistes créent le terrain pour des bouleversements révolutionnaires. Il y a dans ce contexte un certain nombre de revendications communes aux travailleurs de tout le continent. C’est autour d’elles que le NPA doit articuler le programme de sa campagne :
· Contre les spéculateurs et les banquiers, annulation de la dette et nationalisation sous gestion des travailleurs et de la population de toutes les banques avec création d’un monopole public bancaire
· Arrêt des privatisations, nationalisation des branches stratégiques de l’économie
· Réquisition sans indemnité ni rachat et sous contrôle des travailleurs de toutes les entreprises qui ferment ou licencient, partage du temps de travail entre tous jusqu’à en finir avec le chômage et indexation des salaires au coût de la vie
· Annulation des traités européens en vigueur (Rome, Maastricht, Lisbonne, TSCG…) qui tous s’attaquent aux acquis et aux conditions de vie des travailleurs et des couches populaires.
· Régularisation et droit de vote pour tous les immigrés. Retrait immédiat des troupes européennes d’Afrique. Défense inconditionnelle du droit à l’auto-détermination des nations opprimées, de tous les peuples d’Europe (Catalogne, Pays Basque, Ecosse...)
· Défense des droits reproductifs des femmes. Imposons le droit à l’IVG et à la PMA, libres et gratuits, dans toute l’Europe.
· A bas le pillage exercé sur les ressources naturelles et la main-d’œuvre bon marché des pays de l’Europe de l’Est. Expropriation des entreprises et secteurs de l’économie privatisés, qui doivent passer sous la gestion de leurs salariés et de la population tout entière. Pour des gouvernements des travailleurs eux-mêmes en rupture totale avec l’expérience stalinienne.
· Contre cette « démocratie » pour les riches et les politiciens professionnels, pour la révocabilité des élus, pour que leur salaire soit celui d’un travailleur, égal au salaire médian.
La lutte pour ces revendications ne se fera pas sans affrontements sociaux et politiques majeurs, dans lesquels les classes dominantes utiliseront tous les moyens pour maintenir leurs privilèges. La solidarité internationale sera une condition indispensable pour gagner dans chaque pays.
8) Pour l’unification socialiste de l’Europe
Il ne s’agit pas de réformer leur Europe mais d’en construire une autre, celle des travailleurs et des peuples, au service de nos besoins, une Europe socialiste. Seules de véritables mobilisations révolutionnaires pourront déposséder les classes dominantes. De telles mobilisations ne pourront déboucher que si au moins une fraction du mouvement ouvrier les prépare, les pense, les inscrit dans une stratégie globale au niveau du continent. Ce processus peut commencer dans un pays mais ne pourra pas s’arrêter aux frontières nationales.
Si un tel processus aboutissait en France, amenant au pouvoir un gouvernement des travailleurs, le plus probable serait que l’UE explose ou se disloque. Il s’agirait alors de lutter pour l’extension du processus aux autres pays, pour mettre en place une fédération de républiques socialistes, seule capable de mettre fin aux rivalités entre les peuples d’Europe et en même temps de transformer ses relations avec le reste du monde, en reconnaissant ce qui leur est dû aux peuples victimes de siècles de pillage colonial et impérial, de domination sociale et politique.
Pour œuvrer dans ce sens, il est essentiel de relancer une politique de regroupement des anticapitalistes et révolutionnaires, en Europe comme en France. La campagne du NPA prendra en compte cet objectif et contribuera ã sa réalisation.
05/04/14