FT-CI

LE MONDE.FR - 21/01/2011

Tunisie : syndicat unique sous Ben Ali, l’UGTT veut rester proche de la rue

21/01/2011

Abdessalem Jerad (droite), secrétaire général de l’UGTT, lors d’une manifestation pro-palestinienne, ã Tunis, le 3 juin 2010.

AFP/FETHI BELAID

Mardi 18 janvier, la direction de l’UGTT demande ã trois ministres, estampillés de l’étiquette syndicale, de quitter le gouvernement. Celui-ci a été formé la veille. Les trois hommes devaient jouer le rôle de ministres "d’ouverture". Par ce geste, le syndicat martèle sa volonté de rester partie prenante du processus démocratique qui s’est mis en marche, dans la rue, en Tunisie.

"Cette composition [du gouvernement] n’est pas en harmonie avec les aspirations et les attentes des travailleurs (...) pour faire face aux pratiques du passé et pour respecter les équilibres vu la présence massive de figures de l’ancien régime et de représentants du parti RCD…", indique, mardi, le secrétaire général Abdessalem Jerad. La direction du syndicat dénonce aussi "la marginalisation du rôle de l’UGTT dans ledit gouvernement de transition".

Il est vrai que le syndicat n’a pas toujours été tenu à l’écart de l’histoire politique du pays et de ses gouvernements. Souvent vécue comme proche du pouvoir, pilier de la société tunisienne, à la tête aussi de mouvements sociaux depuis des années, traquée, l’UGTT – qui revendique 517 000 adhérents – est une organisation atypique dans le mouvement syndical international.

RCD ET UGTT : DEUX PILIERS QUI MAILLENT LE PAYS

"C’est notre histoire, explique Habib Briki, secrétaire général adjoint de l’UGTT, nous avons joué à l’origine un rôle politique. En 1957, Habib Bourguiba [le père de l’indépendance] a fait un gouvernement constitué ã 50 % de membres de son parti et ã 50 % de l’UGTT. Les volets sociaux et économiques des programmes étaient faits par le syndicat."

Dès les débuts de la République tunisienne, au lendemain de l’indépendance en 1956, l’UGTT et le Parti socialiste destourien, auquel a succédé le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) – ces deux piliers maillent le pays –, ont été parfois étroitement associés, souvent en opposition. Les directions, les secrétaires généraux ont été alternativement très proches du régime ou emprisonnés, voire contraints à l’exil. Mais le syndicat a perdu beaucoup du prestige acquis dans les années 1970.

Yves Veyrier, secrétaire confédéral de l’organisation française Force ouvrière, se rappelle du 21e congrès de l’UGTT auquel il a assisté en décembre 2006, ã Monastir, ville côtière du nord tunisien. "La police encerclait la salle où trois tendances s’affrontaient. En fait, raconte ce spécialiste des questions internationales, le gouvernement voulait empêcher l’une d’entre elles de pénétrer dans le congrès et il a fallu, après des affrontements, que la direction négocie avec le pouvoir." Une synthèse a finalement été trouvée et le représentant de la Ligue des droits de l’homme tunisienne, poursuivie par le régime de Ben Ali, est même intervenu lors de ce congrès, se souvient Yves Veyrier.

VERS LA FIN DU SYNDICALISME UNIQUE ?

A la Confédération syndicale internationale (CSI), qui regroupe la quasi totalité des syndicats du monde, dont l’UGTT, on reste prudent. "L’UGTT est une centrale syndicale unique qui a dû, pour exister, faire des concessions, accepter le cadre imposé par le régime", explique un permanent de la CSI. "Une partie des salariés, des jeunes, pourrait demander à l’instar de ce qui se passe au niveau politique, un changement à la tête du syndicat, voire la fin du syndicalisme unique", dit-il encore.

"Aujourd’hui, veut croire le dirigeant Habib Briki, l’histoire ressemble ã celle de 1957 : la révolte du peuple a été soutenue par l’UGTT, qui a organisé les assemblées générales dans les villes. La grève générale que nous avons menée le 14 janvier dans la région de Tunis a été décisive pour le départ de Ben Ali."

Le syndicat, marqueur de l’histoire de la Tunisie, ne veut pas être en dehors de la "révolution du jasmin".

Rémi Barroux

Notes liées

No hay comentarios a esta nota

Journaux

  • PTS (Argentina)

  • Actualidad Nacional

    MTS (México)

  • EDITORIAL

    LTS (Venezuela)

  • DOSSIER : Leur démocratie et la nôtre

    CCR NPA (Francia)

  • ContraCorriente Nro42 Suplemento Especial

    Clase contra Clase (Estado Español)

  • Movimento Operário

    MRT (Brasil)

  • LOR-CI (Bolivia) Bolivia Liga Obrera Revolucionaria - Cuarta Internacional Palabra Obrera Abril-Mayo Año 2014 

Ante la entrega de nuestros sindicatos al gobierno

1° de Mayo

Reagrupar y defender la independencia política de los trabajadores Abril-Mayo de 2014 Por derecha y por izquierda

La proimperialista Ley Minera del MAS en la picota

    LOR-CI (Bolivia)

  • PTR (Chile) chile Partido de Trabajadores Revolucionarios Clase contra Clase 

En las recientes elecciones presidenciales, Bachelet alcanzó el 47% de los votos, y Matthei el 25%: deberán pasar a segunda vuelta. La participación electoral fue de solo el 50%. La votación de Bachelet, representa apenas el 22% del total de votantes. 

¿Pero se podrá avanzar en las reformas (cosméticas) anunciadas en su programa? Y en caso de poder hacerlo, ¿serán tales como se esperan en “la calle”? Editorial El Gobierno, el Parlamento y la calle

    PTR (Chile)

  • RIO (Alemania) RIO (Alemania) Revolutionäre Internationalistische Organisation Klasse gegen Klasse 

Nieder mit der EU des Kapitals!

Die Europäische Union präsentiert sich als Vereinigung Europas. Doch diese imperialistische Allianz hilft dem deutschen Kapital, andere Teile Europas und der Welt zu unterwerfen. MarxistInnen kämpfen für die Vereinigten Sozialistischen Staaten von Europa! 

Widerstand im Spanischen Staat 

Am 15. Mai 2011 begannen Jugendliche im Spanischen Staat, öffentliche Plätze zu besetzen. Drei Jahre später, am 22. März 2014, demonstrierten Hunderttausende in Madrid. Was hat sich in diesen drei Jahren verändert? Editorial Nieder mit der EU des Kapitals!

    RIO (Alemania)

  • Liga de la Revolución Socialista (LRS - Costa Rica) Costa Rica LRS En Clave Revolucionaria Noviembre Año 2013 N° 25 

Los cuatro años de gobierno de Laura Chinchilla han estado marcados por la retórica “nacionalista” en relación a Nicaragua: en la primera parte de su mandato prácticamente todo su “plan de gobierno” se centró en la “defensa” de la llamada Isla Calero, para posteriormente, en la etapa final de su administración, centrar su discurso en la “defensa” del conjunto de la provincia de Guanacaste que reclama el gobierno de Daniel Ortega como propia. Solo los abundantes escándalos de corrupción, relacionados con la Autopista San José-Caldera, los casos de ministros que no pagaban impuestos, así como el robo a mansalva durante los trabajos de construcción de la Trocha Fronteriza 1856 le pusieron límite a la retórica del equipo de gobierno, que claramente apostó a rivalizar con el vecino país del norte para encubrir sus negocios al amparo del Estado. martes, 19 de noviembre de 2013 Chovinismo y militarismo en Costa Rica bajo el paraguas del conflicto fronterizo con Nicaragua

    Liga de la Revolución Socialista (LRS - Costa Rica)

  • Grupo de la FT-CI (Uruguay) Uruguay Grupo de la FT-CI Estrategia Revolucionaria 

El año que termina estuvo signado por la mayor conflictividad laboral en más de 15 años. Si bien finalmente la mayoría de los grupos en la negociación salarial parecen llegar a un acuerdo (aún falta cerrar metalúrgicos y otros menos importantes), los mismos son un buen final para el gobierno, ya que, gracias a sus maniobras (y las de la burocracia sindical) pudieron encausar la discusión dentro de los marcos del tope salarial estipulado por el Poder Ejecutivo, utilizando la movilización controlada en los marcos salariales como factor de presión ante las patronales más duras que pujaban por el “0%” de aumento. Entre la lucha de clases, la represión, y las discusiones de los de arriba Construyamos una alternativa revolucionaria para los trabajadores y la juventud

    Grupo de la FT-CI (Uruguay)