FT-CI

Argentine :

C’est eux ou c’est nous, exproprier les expropriateurs !

20/12/2001

FAIM ET MISERE OU CONFISCATION
DES STOCKS DES SUPER ET HYPERMARCHES ?

Des milliers de sans-emplois réclament de quoi manger. La presse écrite et la télé qualifient leurs actes de « pillages », mais ce n’est rien d’autre que la recherche désespérée de nourriture. Le vrai pillage, c’est celui des monopoles comme Carrefour, Wal Mart, Jumbo, Norte, Disco, Casa Tia. En pleine récession économique, on se rend bien compte des contradictions du système capitaliste :des millions de personnes qui n’ont rien ã donner ã manger à leur enfants pendant que les rayons et les entrepôts regorgent de nourriture.

Les « révoltes de la faim » de 1989 n’ont pas été une issue à la crise d’alors. La classe ouvrière dans son ensemble n’ayant pas donné de réponse à la catastrophe de l’hyper-inflation, car la CGT d’Ubaldini attendait l’arrivée de Menem au gouvernement, ce ne furent que des explosions sans organisation et qui, dans la plupart des cas, se dirigeaient contre les petits commerçants déjà ruinés dans une guerre de pauvres contre pauvres.

Aujourd’hui, en revanche, ces révoltes simultanées furent le détonateur de la chute de Cavallo car elles furent des manifestations de la classe moyenne et des travailleurs. Ainsi, cette fois-ci, nous pouvons y donner une issue différente. La très forte chute de la consommation et des ventes accélère la faillite des petits commerçants asphyxiés de surcroît par les banquiers, tout en augmentant l’excédent des stocks de marchandises du grand capital commercial. Il ne faut pas se mettre ã dos les petits commerçants mais au contraire tout faire pour les gagner ã une alliance dirigée par les travailleurs. L’exemple fut donné par les habitants de Concordia qui se sont approvisionnés dans un super-marché déclaré en faillite et qui gardait ses stocks afin de payer ses créanciers. Toutes les organisations ouvrières, quelles qu’elles soient, syndicales ou de chômeurs, doivent lutter pour la confiscation des stocks de tous les super et hypermarchés. La distribution des aliments doit absolument se faire sous le contrôle strict des comités de quartier et des mouvements « piqueteros » (chômeurs organisés « coupeurs de routes » ndt) afin qu’elle ne profite pas aux agents des gouverneurs et des maires. Ces mesures d’urgence doivent être prises dans le but de nationaliser les grandes centrales de l’alimentation, de céréales et de réfrigération pour en finir avec la faim en Argentine.

PAUVRETE OU TRAVAIL POUR TOUS ?

On compte déjà plus de cinq millions de chômeurs et de travailleurs très précaires. C’est pour cela que le sondage populaire de la CTA (Centrale des Travailleurs Argentins) pour une assurance chômage de 500 pesos fut un franc succès. On ne peut pourtant pas attendre, comme le proposent De Gennaro et Maffei (dirigeants du syndicat CTA), que ce soient le gouvernement et le Congrès qui le mettent en place. Ainsi, comme l’ont démontré les manifestations face aux supermarchés, la faim et la pauvreté n’attendent pas ces messieurs les députés ni le « Front National contre la Pauvreté » (FRENAPO) d’Elisa Carrio, ni la CTA. Aussi, il nous faut lutter pour imposer cette assurance chômage de la seule manière viable, c’est-à-dire par la mobilisation des chômeurs et des travailleurs.

Une assurance chômage est indispensable afin qu’ils puissent subsister, mais une chose est sûre c’est que ça ne peut pas être la solution pour en « terminer avec la pauvreté » en Argentine, comme l’affirme fallacieusement la direction de la CTA. Pire encore : la dévaluation du peso qui menace provoquerait une baisse du montant réel de cette assurance tout comme de tous les salaires en général. La CTA en ne proposant aucune issue face à la crise laisse, de fait, le champ libre à la classe dominante.

Hugo Moyano de la CGT défend directement la dévaluation car il prétend qu’il « vaut mieux perdre un pourcentage de son salaire plutôt que de perdre son emploi ». C’est le piège que nous tendent les patrons dans chaque entreprise et maintenant, la corporation nationale, l’UIA (Union Industrielle Argentine) amie de Moyano et Daer (leaders des deux CGT), nous propose de généraliser cette mesure. Nous devons répondre par un programme totalement opposé : il faut lutter pour un travail pour tous. Il ne s’agit pas de faire baisser de quelques points les chiffres du chômage au détriment des salaires mais au contraire d’incorporer en masse les 5 millions de travailleurs précaires à la production nationale. Ceci ne sera possible qu’en répartissant toutes les heures de travail entre les mains disponibles avec un salaire égal aux nécessités de chaque familles. De même, face à la dévaluation qui entraînera une augmentation des prix il faut imposer l’échelle mobile des salaires, une clause pour que cesse la chute des revenus réels de plus de 8 millions de salariés comme cela se produit depuis l’époque de la dictature militaire (1976-1983) aussi bien avec les dévaluations qu’avec la « stabilité » monétaire.

MONOPOLES ET TARIFS DOLARISES OU
RENATIONALISATION DE ENTREPRISES PRIVATISEES ?

Les tarifs des services publics affectent les revenus de la majeure partie de la population urbaine et rurale. Ils représentent plus de 30% du revenu familial. Pire encore, une dévaluation du peso rendrait impayable ces tarifs fixés en dollar et serait un facteur aggravant pour une nouvelle hyper-inflation.

Le combat des travailleurs de l’Aerolineas (entreprise aérienne qui a été privatisée, dominée par des actionnaires espagnols) a prouvé l’escroquerie des privatisations. Ce ne sont que des actes de piraterie impérialiste contre les nécessités élémentaires de la majeure partie de la population. Pendant que les extractions de pétrole et de gaz de Repsol ou Perez Companc ont augmenté, des millions de personnes n’ont rien pour se chauffer en hiver ou paient l’essence quatre fois plus chère qu’aux USA ou en Europe. Les compagnies de chemin de fer, comme Fero Expreso Pampeano, continuent de licencier et d’augmenter leurs tarifs alors qu’ils reçoivent des subventions de l’Etat. Les tarifs téléphoniques sont les mêmes qu’aux Etats-Unis alors que les salaires argentins sont quatre fois inférieurs : tout se fait en fonction des profits de France-Télécom et Telefonica qui de surcroît prétendent licencier et baisser les salaires. Pour un retard de paiement la compagnie de New York majore dix fois plus la facture des Argentins que celle des Américains ou leur coupe directement l’électricité. Sur plus de dix mille kilomètres, les routes sont payantes ce qui alourdit les charges des utilisateurs et des petits transporteurs revenant en réalité ã nous imposer des impôts douaniers modernes contre la libre circulation à l’intérieur du pays. Il n’y a aucun plan ouvrier et populaire viable sans la récupération des leviers de l’économie nationale privatisée dans les années 90. La demande de re-nationalisation des entreprises privatisées sans indemnisation et sous contrôle des travailleurs et des usagés est une grande cause nationale qui doit sceller l’alliance populaire contre les monopoles.

FERMETURES ET LICENCIEMENTS OU NATIONALISATION
AVEC CONTROLE OUVRIER DES ENTREPRISES EN FAILLITE ?

Le chiffre record des faillites laisse des milliers de travailleurs sans emplois. Les dirigeants syndicaux inculquent l’idée que la solution n’est pas du ressort quotidien des travailleurs mais des bureaux ministériels ou dans les négociations occultes avec le patronat. Cependant, la solution est entre nos propres mains. Si un patron se déclare en crise il nous faut exiger l’ouverture des livres de comptes pour prouver le vol. Comme ils imposent par la force des heures supplémentaires lors des périodes d’expansion, il faut leur imposer la répartition des heures de travail, entreprise par entreprise, sans baisse de salaire, en prenant directement sur leur profit. Et si l’entreprise ferme alors il faut, comme l’ont fait les ouvriers céramistes de Zanon et leur syndicat très combatif, occuper l’usine en développant des piquets de grève et une garde ouvrière afin d’exiger la nationalisation sous contrôle ouvrier.

Il y a une condition basique. Il faut de vrais Comités dans les usines avec de nouveaux délégués et des dirigeants de commissions internes élus par la base.

Tout comme le mouvement des chômeurs avait commencé avec le contrôle « piquetero » des routes pour interférer dans la distribution des marchandises de la machine capitaliste, de nouveaux germes de pouvoir ouvrier doivent surgir dans le milieu de la production sous le contrôle des comités en place dans les usines.

DEFICIT ZERO OU NON PAIEMENT DE LA DETTE EXTERIEURE ?

Le FMI impose le déficit zéro avec de nouveaux ajustements pour le budget 2002 : baisse des salaires, des retraites et des primes (13ème mois) pour payer la dette. Dans plusieurs provinces, les employés publics se sont mobilisés pour le paiement des 2 ou 3 mois de salaires arriérés ou contre leur paiement en « Lecops ou Patacones » ou tout autres bons, morceaux de papier qui se dévaluent ã mesure de leur émission alors que les banquiers ou autres vautours du FMI se gardent les dollars.

Avec la restructuration de la dette, le gouvernement, appuyé par les politiciens de l’UCR (Union Civique Radicale, centre-droit) et du PJ (Parti Justicialiste, péroniste), la UIA et la CGT de Daer, a donné aux créanciers la sécurité d’être payés en leur assurant comme garantie de paiement les recettes des impôts pendant les 32 années (équivalent des bons du Trésor) ã venir tout en garantissant un intérêt trois fois supérieur ã celui perçu aux USA.

Durant les quatre dernières années la consommation a baissé de 10 milliards de dollars alors que le paiement des intérêts de la dette a lui augmenté de 7 milliards de dollars. La dette représente aujourd’hui environ 50% de la production annuelle du pays ce qui est une entrave pour toute économie nationale. Il faut en terminer avec cette domination asphyxiante : ne pas payer la dette extérieure et rompre avec les organismes internationaux usuriers comme le FMI et la Banque Mondiale.

CONFISCATION DE L’EPARGNE POPULAIRE OU
NATIONALISATION DE LA BANQUE ET DES AFJP (fonds de pension privés argentins) ?

En 10 mois, près de 20 milliards de dollars ont fuit du pays sous l’impulsion du grand capital. Une fois cet argent en sécurité, Cavallo a gelé les dépôts des petits épargnants et a empêché les travailleurs de disposer de la totalité de leurs salaires ou de leurs retraites. Avec ce coup mortel porté à la population, aux petits commerçants, aux petits producteurs et aux petits porteurs, les banquiers font des affaires non seulement avec les fonds gelés mais aussi sur le dos du peuple qui est obligé de faire la queue pendant plusieurs heures pour ouvrir un compte ou pour faire n’importe quelle démarche sur laquelle il faut payer d’incroyables commissions. Les commerçants qui veulent s’équiper pour recevoir les paiements par carte bleue doivent payer 90$ par mois aux banquiers qui de surcroît encaissent 3% sur chaque vente. Les seuls qui s’en sortent sont, bien entendu, les grandes chaînes de supermarchés.

Aujourd’hui personne ne croit que le « 91ème jour » (fin du corralito) existe : jour où l’on devrait rendre accessibles tous les dépôts. Ces dépôts sont sur le point d’être confisqués pour payer la dette extérieure ou pour soutenir une éventuelle dollarisation ou pour être directement dévalués. Les capitalistes ont pour habitude d’exproprier les classes moyennes comme ils l’ont déjà fait lors du Plan Bonex en 1989.

Nous exigeons la libre disponibilité des salaires, des retraites et des dépôts de moins de 100 mille pesos et que soient gelés ceux qui sont supérieurs ã ce montant. Il faut supprimer les dettes des fermiers pauvres et des petits commerçants asphyxiés par des taux usuriers.

Il faut re-nationaliser les AFJP sous le contrôle des retraités et des travailleurs vu que la majeure partie de ces salaires différés ont été convertis en bons de la dette et sont entre les mains des banquiers qui peuvent s’enfuir du pays ou entrer en faillite.

La seule solution en profondeur est d’en finir définitivement avec la fuite des capitaux, de défendre l’épargne jusqu’à 100 mille pesos et de mettre le reste des dépôts et de réserves des banquiers au service de la production et d’un plan pour l’emploi de tous en expropriant les expropriateurs, en nationalisant la banque et en la mettant sous contrôle de ses travailleurs. Un plan ouvrier et populaire nécessite une banque étatique unique qui centralise l’épargne nationale et octroie des crédits ã taux réduits aux producteurs de la campagne, à l’industrie et au commerce en fonction des besoins de la population. Le commerçant saigné ã blanc et les fermiers pauvres doivent chercher une solution à leurs problèmes au coté de la classe travailleuse que est la seule force sociale qui puisse mener ã bien toutes ces tâches.

OLIGARCHIE DE LA SOCIETE RURALE
OU EXPROPRIATION DES LATIFUNDIARES ?

La propriété terrienne est l’autre cause de l’arriération et de la misère populaire. Ces dernières années, la concentration des terres en des mains restreintes s’est aggravée : pas plus de 500 propriétaires possèdent plus de 5 millions d’hectares. Au sommet de cette oligarchie, ã peine 53 propriétaires, avec 44 mille hectares en moyenne, possèdent les terres les plus riches du pays. Au rythme de la pénétration impérialiste, des magnats comme Benneton ou Soros sont parmi eux, mais on y trouve aussi de vieux « capitaines de l’industrie » locale comme Pérez Companc ou Amalita Fortabat. Le chef de leur corporation « la Société Rural », Enrique Crotto ne cesse d’appeler à la répression contre les travailleurs et le peuple. Alliés des impérialistes américains et européens ã qui ils vendent leurs produits, aux banquiers et unis par des liens familiaux aux grands industriels, ces parasites ont ruiné les paysans pauvres et provoqué l’expulsion des masses paysannes qui se transforment en chômeurs dans les grandes villes.

Contre la faim en Argentine, il faut liquider les latifundia, en expropriant et en nationalisant la propriété foncière. Il faut répartir la terre nationalisée pour la remettre en usufruit aux familles des paysans pauvres. Ainsi on pourrait recoloniser la campagne en octroyant des parcelles de terre nationalisées aux pauvres qui aujourd’hui s’entassent dans les villes et veulent travailler la terre. Parallèlement, on pourrait avancer dans la collectivisation des grandes fermes agricoles et d’élevage sous l’administration des travailleurs ruraux.

FUITE DES DEVISES ET PILLAGE
OU MONOPOLE DU COMMERCE EXTERIEUR ?

L’ouverture de l’économie et le non-contrôle du commerce extérieur ont produit une augmentation monstrueuse des importations, liquidant des branches entières de la production nationale comme l’électroménager, le textile ou la chaussure. Il ne s’agit pas de promouvoir comme le font la CGT et le CTA, la solidarité des travailleurs avec les industriels de l’UIA qui se réclameNT de « la production nationale » et dont le président Ignacio de Mendiguren a vendu son entreprise pour devenir importateur de vêtements. Ces industriels demandent des barrières protectionnistes pour les produits venant du Brésil tout en étant les alliés des principaux importateurs : les monopoles impérialistes et les entreprises privatisées.

Les profits de ces grandes entreprises et les devises tournées vers l’extérieur ne viennent pas seulement des tarifs élevés et de la conquête du marché intérieur. Une autre source de profit est l’importation « inter-entreprises ». Renault importe de ses propres usines en France des pièces et des accessoires pour autos, de même que Ford des Etats Unis, et toutes les entreprises privatisées importent des métropoles impérialistes.

Le monopole du commerce extérieur signifie que tout ce qui s’achète ou se vend sur le marché mondial doit rester entre les mains de l’Etat. Ainsi pourrait s’octroyer le « prix de soutien » des produits agricoles que réclament les petits producteurs. L’échange cesse d’être entre les mains de monopoles privés, qui régulent les importations et les exportations sans se préoccuper de l’intérêt des millions de consommateurs.

DICTATURE DES BANQUIERS ET DES ENTREPRENEURS OU GOUVERNEMENT DES TRAVAILLEURS ET DU PEUPLE ?

Une organisation sociale incapable de garantir de quoi manger et du travail mérite de disparaître. La poignée de banquiers et de capitalistes qui a épuisé et pillé la nation avec les services de ses politiciens, résistera ã toute mesure à l’encontre de ses intérêts spoliateurs.

Comme le disait le révolutionnaire russe Vladimir Lénine « Il n’y a pas d’état, y compris le plus démocratique, dont la Constitution n’offre aucun échappatoire ou réserve qui permette à la bourgeoisie de lancer ses troupes contre les ouvriers, déclarer l’état de guerre etc., au cas où la classe exploitée sort de sa situation d’esclave et cherche ã faire quelque chose qui ne soit pas de l’ordre de l’esclave ».

L’unique perspective réelle est de prendre le chemin des organismes de démocratie directe où s’expriment toutes les couches de travailleurs et d’opprimés. Comités de lutte, assemblées générales, coordinations, intersyndicales, congrès des délégués de base, qui devront prendre des mesures d’autodéfense face à la réaction des capitalistes. Ces organismes pourront être la base pour imposer de manière révolutionnaire, balayant le gouvernement, le régime et l’Etat des capitalistes, le gouvernement des travailleurs et du peuple. Ce gouvernement sera le seul qui pourra aller jusqu’au bout pour en finir avec le mécanisme anarchique de la production capitaliste basé sur les profits d’une poignée de parasites. Il pourra commencer la planification rationnelle de l’économie basée sur les besoins de toute la société. Bien que la majorité ouvrière et populaire ait déjà commencé ã affronter une partie de ces ennemis -le gouvernement, les banquiers et les entreprises privatisées- nous sommes conscients qu’elle n’approuve pas encore une issue révolutionnaire comme celle que propose le PTS.

Mais ils sont des millions ã désapprouver le retour des politiques du PJ après la chute de Cavallo et De la Rua. Face aux pièges de ce type et des pactes qui se feront au détriment du peuple, notre programme d’action apporte une réponse. Lutter pour imposer une Assemblée Constituante souveraine afin que le peuple puisse débattre librement de l’issue à la crise nationale. Une assemblée qui concentre les pouvoirs législatifs et exécutifs, mettant fin à l’actuelle division des pouvoirs. Ses membres seraient élus ã travers le suffrage universel ã partir de 16 ans, sans distinction de sexe ou de nationalité. Leurs mandats devraient être révocables pour en finir avec les tromperies des faux « représentants du peuple » qui roulent leurs électeurs. Les candidats à la Constituante devraient être promus ã partir des assemblées locales, proches des nécessités du peuple et sous sa surveillance. Pendant l’exercice de leur mandat ils recevraient un salaire égale ã celui d’un ouvrier ou d’un instituteur, pour en finir avec les politiciens de luxe. Pour ouvrir le chemin ã cette démocratie, il faut encore balayer le pouvoir existant par une grève générale et un grand soulèvement national. En renversant le gouvernement Cavallo-De la Rua et en y substituant une Assemblée Constituante libre et souveraine, on pourrait instaurer une démocratie beaucoup plus large. Les masses laborieuses y feraient leur expérience beaucoup plus rapidement, et se prépareraient plus facilement au pouvoir ouvrier.

DEPUTES ET SENATEURS CORROMPUS ET DIRIGEANTS SYNDICAUX MILLIONNAIRES OU COORDINATION ET ASSEMBLEE NATIONALE DES TRAVAILLEURS ET PIQUETEROS ?

La situation ouverte dans le pays pousse des couches de plus en plus larges d’exploités dans la lutte. Quelle organisation peut centraliser la volonté de ces millions de personnes qui rejettent ce régime ? Les directions syndicales sont marquées par un profond discrédit, bien mérité après des années de tromperies. Les syndicats ferment leurs portes ã des millions de chômeurs, de retraités et de pauvres.

Sans tourner le dos aux vieilles organisations de masse, il faut mettre en place de nouvelles qui harmonisent les différentes revendications et formes de lutte, dépassant les frontières syndicales, même dans les limites d’une région ou d’une ville. Il y a déjà de petites tentatives dans ce sens : L’ Intersyndicale de La Plata qui a convoqué la marche le palais du gouvernement de province contre Ruckauf (gouverneur de la province de Buenos Aires) menée par les ouvriers de l’Astillero Rio Santiago (construction navale), les enseignants de Suteba, les fonctionnaires et les chômeurs ; ã Neuquén (en Patagonie) par le Syndicat des céramistes avec les chômeurs du MTD et les enseignant de la UNTER de Rio Negro et de nombreuses autres expériences.

Chacune d’elle signale la nécessité de former des coordinations régionales de fonctionnaires, d’ouvriers et de chômeurs. De même au niveau du pays tout entier : une Assemblée Nationale de Travailleurs et de piqueteros, qui fonctionnent à la base de délégués élus dans des assemblées de quartier et sur les lieux de travail. Les dirigeants de l’Assemblée piquetera de La Matanza (banlieue populaire de Buenos Aires) ont été complètement dépassés, débordés par les mouvements de masse des chômeurs marchant sur les supermarchés. D’Elia de la CTA et Alderete du CCC ( Courant Classiste Combatif, dirigé par les maoïstes) n’ont pas été à la hauteur pour des milliers de camarades. Ils ont voté la convocation d’une troisième Assemblée Nationale avec un délégué pour 20 camarades organisés afin de lancer un plan de lutte commune. Ils ne l’ont pas convoquée pendant tout ce temps, reprenant à leur compte la trêve de Moyano et De Gennaro qui a duré des mois. Au sommet de la crise, ils ont continué ã ne pas la convoquer alors que des dizaines d’organisations la demandaient, ã Neuquén et ailleurs.

Maintenant il est clair pourquoi ils ne l’ont pas convoquée. La CTA met tous ses efforts ã suivre la « consultation populaire » tandis que le pays s’effondre et que les masses sont dans la rue. La CCC semble avoir renoncé ã toute lutte sérieuse. Mais cette résolution non accomplie doit devenir réalité. Les secteurs les plus combatifs des syndicats et des mouvements piqueteros pourraient déjà se réunir pour l’organisation large des masses travailleuses en coordinations régionales et en Assemblée Nationale. Ces organismes sont ceux qui peuvent dépasser la crise actuelle des vieilles organisations ouvrières dirigées par la bureaucratie syndicale, et ferait un grand pas pour résoudre le principal problème de la classe ouvrière : sa direction. Les coordinations et l’Assemblée Nationale pourront unir travailleurs et chômeurs ; les travailleurs des différentes branches , ceux des grandes unités et ceux des petites unités productives et commerciales. Ils diminueraient la distance entre les travailleurs de la ville et de la campagne, inclueraient les retraités, donnerait une démocratie ouverte pour les pauvres et les dépossédés. Au lieu de la corruption et du mensonge des députés et sénateurs du Congrès, elles doivent fonctionner ã travers des délégués révocables, représentants directs des exploités.

Toute lutte sérieuse inclut des mesures d’auto-défense ouvrière et populaire que les coordination et l’Assemblée Nationale de Travailleurs doivent généraliser. Plus que jamais, sous l’Etat de Siège, dans les « coupures de routes », et dans les mobilisations aux hypermarchés, des piquets d’autodéfense sont nécessaires pour éviter la répression. Des gardes ouvrières de surveillance seront nécessaires dans les occupations d’entreprise et des édifices publiques. Ce sont les mesures indispensables pour la sécurité de ceux qui mènent une lutte sérieuse. En même temps, il est indispensable que les organismes de défense des droits de l’homme aident les travailleurs et le peuple mobilisé, comme le font ceux qui demandent la liberté de Raul Castells, Emilio Ali, et les autres militants emprisonnés comme l’ont fairt les milliers de manifestants ã Neuquén il y a quelques semaines pour la libération des ouvriers céramistes emprisonnés.

Depuis les coordinations, assemblées provinciales et nationales qui unifient les rangs de tous les travailleurs, il s’agit aussi d’établir des liens, des accords et une coordination avec les petits commerçants ruinés, ou les paysans pauvres. Il s’agit de réunir dans une grande alliance toute la force sociale qui rende possible une révolution ouvrière et populaire en Argentine. Pour impulser ces tâches et un programme comme celui que nous proposons, il est nécessaire de constituer un bloc de la gauche révolutionnaire . Mais toute la gauche n’est pas disposée à lutter pour une perspective de ce type. Pour prendre un exemple récent, lors de la manifestation vers la Place du Congrès, convoquée par la CGT de Moyano, le PC s’est fermement opposé ã ce que le colonne de la gauche soit derrière la banderole « Grève générale jusqu’à ce qu’ils s’en aillent ». Les camarades du MST et du PO ont cédé ã ces pressions.

C’est pourquoi nous avons marché séparément. Le PC est compromis avec la direction de la CTA et du FRENAPO qui ont montré toute leur incapacité lors des événements actuels. Ils ne veulent aucune issue, en dehors de ce régime de mensonge et de misère, mais prétendent ã des réformes cosmétiques. Nous proposons au MST (Mouvement Socialiste des Travailleurs ndt), s’il se sépare du PC-IU (Gauche Unie, alliance de partis autour du PC, et au PO (Parti Ouvrier) de former un bloc de la gauche ouvrière, socialiste et révolutionnaire pour intervenir en commun dans le processus actuel.

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