Gouvernement aux abois cherche boucs émissaires
11/12/2011
Par Romain Lamel
Le gouvernement Sarkozy, en difficulté ã moins de cinq mois de l’élection présidentielle, multiplie les boucs émissaires, dans quel but ?
Claude Guéant et Nicolas Sarkozy Claude Guéant et Nicolas Sarkozy
Les Comoriens et les Roumains, tous des délinquants selon Guéant…
Le 11 septembre dernier le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, interrogé sur les racines de l’insécurité ã Marseille, répond : « Il y a une immigration comorienne importante qui est la cause de beaucoup de violences. ». Par cette déclaration, il a surpris jusqu’aux rangs du Front National. Même le conseiller régional FN, Stéphane Ravier s’indignait : « Jamais Le Pen n’a stigmatisé une communauté. On est au-delà du caricatural. ». Les Comoriens, voilà l’ennemi ! Le lendemain, le même sinistre personnage affirmait : « Près 1.200 ressortissants roumains ont été déférés devant la justice (…) pour les sept premiers mois de l’année ã Paris. Les délinquants roumains représentent 1 déféré sur 10 dans la capitale ». Les Roumains, voilà l’ennemi !
Frauder ou ne pas frauder, telle est la question selon Sarko…
Le 15 novembre dernier, le Président de la République avait trouvé une nouvelle cible : les fraudeurs à la Sécurité Sociale. « Frauder, que dis-je, voler la sécurité sociale, c’est trahir la confiance de tous les Français et c’est porter un coup terrible à la belle idée nécessaire de solidarité nationale ». Pour sauver cette « belle idée nécessaire de solidarité nationale », le gouvernement a décidé de baisser les indemnités journalières en cas de maladie pour les salariés gagnant plus de 2 450 euros brut et les travailleurs du secteur public pourraient ne plus être indemnisés pendant leur premier jour de maladie. Ces mesures devraient rapporter… 150 millions d’euros à la Sécurité Sociale.
Cela s’ajoute ã une série d’attaques qui démantèle petit ã petit le droit à la santé pour tous. En 1983 déjà , le ministre PCF de la Santé, Jack Ralite avait instauré dans le cadre du gouvernement d’Union de la Gauche un forfait hospitalier obligeant toute personne hospitalisée ã verser 20 francs (3 euros) par nuit d’hospitalisation. Aujourd’hui, d’augmentation en augmentation, ce forfait hospitalier atteint la somme de 18 €. Le nombre de médicaments remboursés par la Sécurité Sociale se réduit ã une peau de chagrin après les multiples vagues de déremboursement. Depuis le 1er janvier 2008, tous les malades sont obligés de payer 50 centimes par boîte de médicaments et acte médical, 2 euros par transport sanitaire. Combien rapportent ces franchises à l’Etat ? 850 millions d’euros.
Toutes les mesures prises par ce gouvernement en termes de Santé et au nom de la réduction des déficits ne représentent qu’une infime partie des exonérations de charges et de contributions, estimées ã 30 milliards d’euros par an, autant de cadeaux faits depuis deux décennies par tous les gouvernements successifs, de droite comme de gauche, au patronat. Voilà la vraie fraude à la Sécu ! A l’autre bout de la chaîne de la « belle idée nécessaire de solidarité nationale », les profits de l’entreprise multinationale d’origine française, Sanofi-Aventis, n’ont jamais été aussi bons : 8,47 milliards d’euros de bénéfices pendant l’année 2009, 5,47 milliards d’euros durant l’année 2010. Mais comme le dit le Président, les fraudeurs à la Sécurité Sociale, voilà l’ennemi !
Il faut traquer le streaming dit Frédéric Mitterrand
Moins d’une semaine plus tard, le 21 novembre, Nicolas Sarkozy avait trouvé une nouvelle cible : les internautes qui regardent un film en streaming. « Les sites de streaming illégal font des ravages et j’entends qu’on les combatte » a-t-il décrété sur un ton très martial. Aussitôt, son ministre de la « Culture », le neveu de son oncle, Frédéric Mitterrand, s’est empressé de déclarer qu’il allait « étudier la manière de traquer le streaming illégal ».
Quelques jours auparavant, l’entreprise multinationale d’origine française, Vivendi qui gère via sa filiale Universal, une partie de la production musicale et cinématographique internationale, annonçait des profits de 3,36 milliards d’euros.
En septembre 2009, le gouvernement avait déjà fait voter la loi HADOPI permettant de suspendre l’abonnement internet des personnes téléchargeant de la musique gratuitement (tout en les forçant ã continuer ã payer l’abonnement suspendu…). Quand le temps presse, sur des sujets aussi brûlants, le président et ses ministres ne comptent pas leur temps. « Il y a urgence. Tout ce qui est illégal appelle des mesures assez urgentes », dixit Mitterrand. « D’ici trois mois je sortirai un arsenal – mais je n’aime pas ce mot - une panoplie de mesures qui seront nécessaires ! ». Désormais, on n’a plus affaire ã des ministres, mais ã de vrais Batman, avec la panoplie qui va avec. Mais comme le dit le Président, les personnes qui regardent un film sur internet sans payer de tribut à l’entreprise qui en a acheté le droit d’exploitation, voilà l’ennemi !
Il faut leur renvoyer tout leur attirail réactionnaire dans les gencives disons-nous !
A cinq mois de l’élection présidentielle, le gouvernement multiplie désespérément les boucs émissaires. A l’image de l’ensemble du quinquennat, l’enjeu est d’essayer au passage de rogner toujours plus d’argent aux classes populaires mais aussi de stigmatiser, de détruire et d’atomiser tout ce qui pourrait ressembler de prés ou de loin ã un quelconque lien social de solidarité et de défense. C’est là l’objectif que se fixe la bourgeoisie et auquel la droite répond par des rodomontades et par la manière forte alors que la gauche souhaite davantage de dialogue… pour arriver au final au même résultat.
Pendant ce temps-là , le gouvernement réussit toujours ã dégager des milliards d’euros pour protéger les possédants : 7 ã 8 milliards d’euros par an par la suppression de la taxe professionnelle pour les entreprises, plus de 7 milliards d’euros par an par la niche fiscale proposé par le secrétaire général de l’UMP, Jean-François Copé, qui permet aux grandes entreprises d’être exonérées d’impôts sur les plus-values liées à la vente d’une filiale possédée depuis au moins 2 ans, 1,8 milliard d’euros par an par la réforme de l’ISF touchant les plus grosses fortunes ou encore 2,27 milliards par an par la baisse des droits sur les grosses successions.
Nous voyons ainsi la vraie nature de ce gouvernement, cherchant ã rançonner les classes populaires pour pouvoir offrir des cadeaux toujours plus importants aux possédants. Le PS ne propose pas autre chose. Lorsqu’ils étaient au pouvoir, leurs homologues espagnols, grecs ou portugais ont mis en place des plans d’austérité frappant également les classes populaires et épargnant les possédants. Lorsqu’Arnaud Montebourg et Jean-Marie Le Guen essaient de stigmatiser l’Allemagne de Merkel alors que nombre de responsables de la crise sont dans notre propre pays, ils utilisent la même stratégie de diversion que l’UMP, avec la démagogie raciste en moins, pour l’instant en tout cas… On se souvient de la charge de Manuel Valls, candidat à la primaire socialiste, aujourd’hui chargé de la communication de François Hollande, sur la surreprésentation des minorités visibles dans les marchés de banlieue, trop peu fréquentés « par les Blancs, les Whites et les Blancos ».
PS comme UMP, ne veulent pas s’en prendre aux véritables responsables de la crise. Ils s’en remettent ã des boucs émissaires dont ils accusent abusivement de tous les maux. C’est extrêmement dangereux. Cela relève de l’offensive systématique et permanente contre notre classe et nos solidarités. Cela vise ã nous diviser et ã nous séparer. Il est temps que toutes et tous ensemble, travailleurs comoriens et roumains, soi-disant fraudeuses, streamers invétérés et Blanc@s exaspéré-e-s, on la leur renvoie dans les gencives leur offensive.
09/12/11