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Retraites : la mobilisation du 10 est une bonne surprise

Il faut avancer vers la construction d’un mouvement d’ensemble !

13/09/2013

Il faut avancer vers la construction d’un mouvement d’ensemble !

Un peu plus que prévu... !

Une journée bien plus fournie que la première mobilisation contre l’Accord national interprofessionnel, et des cortèges souvent un peu plus fournis que ce ã quoi l’on s’attendait étant donné le peu d’énergie mis par les directions syndicales dans sa préparation : c’est le bilan de la première journée de grèves et de mobilisation contre la 6e réforme des retraites [1], cette fois portée par un gouvernement « socialiste ». Une bonne surprise, alors que la presse avait passé les jours précédents ã répéter que la mobilisation ne prenait pas et que les manifs seraient ridicules. « L’enthousiasme n’est plus là  », disait Le Monde. « La journée s’annonce peu suivie », titrait Les Echos. A Paris comme ã Bordeaux, Rouen, Toulouse, Dijon ou encore Avignon, les rues un peu plus remplies que prévu apportent donc un début de démenti ã cette campagne qui visait ã confiner l’ambiance générale au défaitisme.

Un rapport de force qui reste ã construire...malgré les directions syndicales !

Ce premier constat n’enlève évidemment rien à la constatation plus générale en ce qui concerne le rapport de force : on est encore loin du compte par rapport ã ce qu’il faudrait réussir ã faire pour être en mesure de faire reculer le gouvernement. Loin même de ce qu’avait été la manifestation de rentrée en 2010. Il faut dire qu’à l’époque, la mobilisation avait été préparée depuis le printemps, par une intersyndicale unie dans son opposition au projet et rapidement forcée ã appeler ã de nouvelles journées d’action par la pression de la base. Cette fois, les directions syndicales sont divisées, la CFDT s’étant rangée explicitement aux bottes du patronat et du gouvernement, en appelant même ã accélérer le rythme des réformes en mai dernier !

Quant à la CGT et FO, les bureaucraties qui les dirigent entretiennent une posture conciliatrice envers l’exécutif depuis le début. Après un énième passage à l’Elysée à la fin août, le secrétaire général de la CGT Thierry Lepaon soulignait les quelques « avancées » obtenues soit-disant sous sa pression, et expliquait que dans ce contexte il ne « regrettait pas » d’avoir appelé à la mobilisation le 10. C’est ce qu’il a rappelé dans les quatre meetings d’une tournée en province engagée dans les dernières semaines, en évitant chaque fois soigneusement de s’en prendre au gouvernement, pour ne cibler ses attaques que sur Pierre Gattaz, le nouveau patron des patrons. Quand ã FO, sa participation à la mobilisation était clairement liée ã sa volonté de se repositionner pour les prochaines élections syndicales, dans un contexte où l’organisation est ã deux doigts de perdre sa représentativité. Son secrétaire général Jean-Claude Mailly expliquait le 27 août : « On n’a jamais refusé d’examiner le levier cotisations, que ce soit pour la part dite patronale ou la part salariale ». Comme s’il pouvait y avoir une justice en augmentant les cotisations des uns et des autres, quand les salaires de ceux qui ont la chance d’avoir un emploi permettent de moins en moins de mener une vie décente, pendant que le patrimoine des 500 familles les plus riches de France a augmenté de rien moins que 25% en 2012 ! Hier, il s’est empressé de clamer que la journée d’hier n’était « pas une déferlante ».

Encore faudrait-il expliquer pourquoi. La faiblesse des cortèges de FO ce mardi témoignent bien du double jeu des confédérations, qui s’opposent pour mieux négocier, et font tout pour éviter de trop mobiliser. Alors que, la journée ayant été moins mauvaises que prévue, se pose maintenant la question de fixer une nouvelle échéance, la direction de FO freine des quatre fers et refusent même de réunir l’intersyndicale. Du côté de la CGT, loin de proposer le plan de bataille nécessaire au combat contre la réforme, Lepaon et son équipe avait placé la journée sous le triptyque fourre tout "retraites, salaires, emploi", fixant une fois de plus le cadre d’une mobilisation témoignage sans perspective. Quant à la FSU, elle était quasiment invisible sur le terrain.

Ouvrir une brèche dans la « méthode Hollande » !

Plus que jamais, il faut donc être clairs sur le fait que ces directions ne nous représentent pas ! Elles font tout pour éteindre la colère, étouffer les départs d’incendie, alors même qu’il est chaque jour un peu plus établi que ce gouvernement est le meilleur allié des classes dominantes pour faire le sale boulot que n’avait pas réussi ã faire Sarkozy, en grande partie justement ã cause de la grande mobilisation de 2010. Hollande cherche alors ã avancer dans la même direction mais avec une autre méthode, qui consiste ã faire passer lapilule sans grand choc,par une succession de réformes moyennes dont l’effet sur le « coût du travail » sera cumulatif.C’est ce qu’il a commencé ã faire depuis un an, exauçant déjà plusieurs vœux d’un patronat bien décider ã nous imposer le sang et les larmes pour maintenir ses profits malgré la crise : 20 milliards par-ci en crédit d’impôt « compétitivité », une hausse de la TVA par-là , et maintenant une nouvelle réforme des retraites, moins brutale que celle prévue par le rapport Moreau mais qui s’accompagne de nouvelles promesses au Médef, notamment sur les cotisations patronales pour les allocations familiales (35 milliards, soit rien moins que 1,75% du PIB). Cela alors que 30 000 emplois disparaissent par mois, chaque fois avec l’aide de l’exécutif qui se met au service des Mittal et des Peugeot, ou encore des patrons de Air France qui licencient ã tour de bras dans le cadre du plan « Transform ». A la SNCF, une nouvelle étape de la privatisation se prépare, qui va démanteler la société publique en trois entités distinctes. Le gouvernement l’a sagement repoussée au printemps de peur des convergences. Et l’on pourrait multiplier les exemples, des facs avec le nouveau volet de la LRU concocté par la ministre Fioraso en passant par l’EDF et la Poste en restructuration constante, ou encore l’Educ’ Nat’ où se poursuit la réforme des rythmes scolaires. En faisant voter l’ANI [2] en janvier dernier, Hollande a réussi ã faire passer quasiment en douce une casse importante du droit du travail, qui permet aujourd’hui la multiplication des « accords de compétitivité », dont la boucherie que prévoit la direction de PSA est le pire exemple : les ouvriers perdraient jusqu’à 200euros de salaire par mois [3] !

Voilà donc ã quoi collaborent les directions syndicales, ce qu’elles entérinent sans broncher ou en le faisant seulement pour défouler un peu la colère avant de remettre le couvercle : un projet extrêmement dur des classes dominantes, qui cherchent ã utiliser la crise pour imposer des reculs historiques aux travailleu-se-s.Ce gouvernement et sa méthode de « dialogue social », tant vantée par les Lepaon et les Mailly, est l’instrument de ce projet. C’est donc cette méthode, appliquée avec succès pour l’ANI en début d’année, qu’il va falloir commencer ã battre en brèche. Encore faut-il savoir comment.

Fédérer les colères, s’appuyer sur les possibles départs de feu

Si la mobilisation n’est pas encore suffisante, un constat s’impose néanmoins : la colère est là . Nombreux sont les collègues, les jeunes, les chômeur-euse-s qui sont ã bout et voudraient en finir avec tous ces reculs, mais qui néanmoins ne voient pas encore de perspective, et dans ce contexte ne sont pas encore prêt-e-s ã se mettre en grève ou ã prendre la rue. Dans cette situation, les militant-e-s combatif-ve-s ont la responsabilité de chercher ã changer ce climat, en expliquant qu’il faut se préparer à l’affrontement, et qu’il faut fédérer les colères. La coupe est pleine en effet dans de nombreux secteurs, où les mauvais coups se sont accumulés ces dernières années. Or, rien de mieux pour avancer sur nos revendications locales qu’un mouvement d’ensemble autour de la question des retraites, qui créerait les conditions pour que l’on puisse commencer ã inverser la vapeur dans les ateliers, dans les bureaux, les établissements scolaires ou les facs.

C’est pour cela qu’il faut être très attentifs aux départs de feu qui pourrait modifier le climat général et redonner envie de lutter à la majorité de notre classe. Depuis quelques jours, les médias s’inquiètent d’un possible mouvement dans la jeunesse, et ce n’est peut-être pas un hasard si la direction de l’Unef, pourtant liée au PS, a décidé à l’arraché d’appeler à la mobilisation de ce mardi. On verra bien ã partir de la semaine prochaine, où la plupart des facs feront leur rentrée. La manifestation parisienne a par ailleurs permis de constater la forte participation du secteur hospitalier, alors qu’une aile de l’Hôtel Dieu est occupé depuis deux semaine contre la fermeture programmée, qui aurait des conséquences dramatiques sur l’accès aux soins comme sur les conditions de travail des personnels. Dans plusieurs villes, les boîtes touchées par les licenciements et les accords de compétitivité étaient dans la rue, comme les salarié-e-s de la société STX ã Saint-Nazaire. A Toulouse, ce sont les facteurs du Muret qui sont en grève, dans un mouvement qui pourraient s’étendre. A la SNCF, la grève était suivie ã quasiment 20% à l’échelle nationale, ce qui est une proportion significative même si c’est deux fois moins qu’en 2010 lors de la manifestation de rentrée. Et, surtout, la grosse usine de PSA Mulhouse a connu aujourd’hui mercredi sa plus grande grève depuis 1989, avec 800 grévistes et des manifestations sur les chaînes contre l’accord de compétitivité. Dans tous les cas, il va falloir suivre de près ces conflits, qui peuvent permettre de développer dans l’avant-garde une dynamique qui pourra jouer un rôle d’entraînement sur le reste du mouvement ouvrier.

Tisser des liens, réactiver les interpros

La mobilisation de mardi a aussi été l’occasion, pour un certain nombre de milieux militants locaux, de réactiver les liens qui s’étaient tissés en 2010 ou dans le cadre d’autres bagarres, pour discuter des perspectives et voir comment développer la mobilisation. là où ces liens n’existent pas encore, nous devons œuvrer à les tisser, en poussant ã des rencontres intersyndicales et à la création de collectifs unitaires. Mené conjointement ã celui qui consiste ã pousser à la grève et à la mobilisation chacun dans son secteur, ce travail est de première importance pour réussir ã passer un cap dans la construction du rapport de force. Dans le 78 ou encore ã Bayonne, le collectif de lutte qui avait porté la mobilisation de 2010 a été réactivé. Dans le deuxième cas, une AG d’une quarantaine de personnes à la Bourse du Travail a lancé une pétition publique combative. A Saint-Denis ou ã Gennevilliers, comme certainement dans d’autres villes, des AGs de grévistes interprofessionnelles se sont tenues mardi matin, regroupant chaque fois une cinquantaine de travailleurs du public et du privé, et des étudiant-e-s de Paris 8 dans le premier cas. Les résolutions votées dans les deux cas vont dans le bon sens : construire des équipes regroupant des salarié-e-s de différents secteurs, pour aller s’adresser aux boîtes, aux établissements, au reste de la fonction publique ou encore aux facs du coin.

Au total, la journée de mardi n’est qu’un petit début, mais elle permet de commencer le combat ! Les jours qui viennent doivent donc être consacrés ã se servir de toutes les possibilités existantes pour réchauffer l’atmosphère.

12/9/2013

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