Réformisme, nouveaux réformismes, ruptures et reculades. Autour d’un débat
Les révolutionnaires internationalistes et le gouvernement Tsipras
12/03/2015
Pour plusieurs raisons, l’arrivée de Syriza en tête des élections, en Grèce, le 25 janvier dernier, puis la constitution d’un gouvernement Syriza-Grecs Indépendants (Anel) revêt une importance centrale, et ce ã plusieurs niveaux : en raison de la portée politique de la victoire, pour la première fois, d’une formation ayant défendu une ligne anti-austéritaire, mais également en raison des attentes que le gouvernement d’Alexis Tsipras suscite, tant en Grèce qu’ailleurs, au sein du monde du travail et de la jeunesse. La question de l’attitude et de l’orientation des révolutionnaires face ã un tel phénomène, qui pourrait être le signe annonciateur de nouvelles déconvenues électorales pour les partis traditionnels, notamment sociaux-démocrates, est, par conséquent, centrale pour penser notre intervention dans la séquence actuelle.
Les élections du 25 janvier, une onde de choc en Europe
Le fait que pour la première fois une formation « anti-austérité » arrive au pouvoir dans un pays de l’UE a une importance singulière pour les bourgeoisies impérialistes d’Europe de l’Ouest qui se coordonnent à l’échelon bruxellois (non sans contradictions et frictions). C’est le cas, également, à l’opposé, pour les secteurs militants du mouvement ouvrier et de la jeunesse en Europe.
Par ailleurs, les résultats de Syriza ont renforcé dans certains pays d’Europe les formations situées à la gauche du social-libéralisme, qu’il s’agisse d’organisations issues du mouvement ouvrier traditionnel ou qui ont pu faire leur apparition au cours des derniers mouvements contre la crise, à l’instar de Podemos, dans l’Etat espagnol.
Parallèlement, l’arrivée au pouvoir de Tsipras, la défaite de Nouvelle démocratie (ND), la droite grecque classique, ainsi que l’effondrement des sociaux-démocrates du PASOK ont conforté les craintes de l’ensemble des partis européens qui ont structuré depuis l’après-guerre le champ politique bipartiste traditionnel entre conservateurs (droite ou chrétiens démocrates, et gauche sociale-démocrate ou travailliste). Ils observent avec inquiétude la montée des « extrêmes » qui représentent autant de défis aux formes les plus classiques de leur domination politique dont l’érosion s’est accélérée avec la persistance de la crise en Europe et son approfondissement.
Signification et répercussions de la victoire de Syriza et de la constitution du gouvernement Tsipras-Varoufakis-Kammenos
Au niveau grec la majorité relative de Syriza à la Vouli a profondément transformé la donne, tant pour la bourgeoisie que pour les classes populaires et le monde du travail.
Depuis la chute du gouvernement de Georges Papandréou en 2011 et la mise en place des « Mémorandums », la Grèce a été saignée par la « Troïka » (Commission Européenne, BCE et FMI) qui, en accord avec les secteurs les plus concentrés du capital hellénique, a imposé au pays une cure austéritaire.
Les choix opérés ont été critiqués y compris par certaines des composantes de la Troïka, ã commencer par le FMI. Ces critiques formelles ne remettent pas en cause le fond de la politique de la Troika, c’est-à-dire le maintien des flux de remboursements des prêts contractés par la Grèce aussi bien auprès des créanciers privés que des créances détenues par la Troika et les bourgeoisies du centre Européen.
Le PIB de la Grèce a ainsi perdu 25% depuis 2010 contre 3% prévus par la Troïka. Le chômage avoisine les 25%, alors qu’il ne devait toucher que 13% de la population active selon les prévisions de la BCE, à la suite des réformes imposées. En dépit de la restructuration partielle de 2012 de la dette grecque détenue par les créanciers privés, cette dernière représente aujourd’hui 175% du PIB, contre 154% en 2013. Elle est essentiellement détenue par la Troika et les principales bourgeoisies européennes, l’Allemagne, la France, l’Italie et l’Espagne.
Bien que les choix politiques opérés par les principaux détenteurs de la dette Grecque n’aient pas eu les résultats escomptés par leurs prévisions, elles ont permis, en dernière instance, de « maintenir la Grèce au sein de la Zone euro, éviter la contagion et de geler la situation pour permettre au reste de l’Europe de se mettre à l’abri ». Pour la population hellénique, ces politiques ont eu des conséquences sociales désastreuses que la bourgeoisie grecque n’a pas hésité ã amplifier, profitant ainsi d’un chômage de masse pour exercer une pression à la baisse sur les salaires qui ont diminué, non sans une lutte intense des travailleurs grecs depuis ces trois dernières années, de près de 25% en moyenne, avec une baisse de 14% du salaire minimum.
En l’absence, notamment, de continuité et de débouché politiques aux luttes qui ont été menées ces dernières années, cette situation a renforcé l’idée selon laquelle une politique « anti-austéritaire », sans rupture avec le système, pourrait non seulement être souhaitable mais possible dans le cadre des institutions existantes et du jeu de l’alternance politique, et ce par le biais d’une victoire électorale de Syriza dont le programme réformiste originel est allé en se modérant continument depuis 2012.
Avec 36,4%, le vote Syriza n’a pas été un raz-de-marée comparable aux scores obtenus par les socialistes grecs lors des scrutins de 1981 (48%) ou de 1985 (45%), le discours de Syriza étant y compris moins ã gauche que celui du PASOK de l’époque, qui avait pu faire campagne sur la ligne « hors de l’OTAN et de la CEE » et du « pouvoir du peuple ». Cependant, l’électorat populaire et la jeunesse ont porté leurs voix sur Syriza en janvier 2015, sans pour autant que dans les principaux bastions de la gauche et du mouvement ouvrier grecs, ce score ne se renforce considérablement par rapport aux résultats obtenus lors de législatives de 2012.
Cette situation atteste d’un changement de l’état d’esprit des masses grecques qui pourrait très rapidement évoluer. Affaibli par la crise et après avoir participé à la trentaine de grèves et de mobilisations générales appelées par GSEE et ADEDY, ayant cependant manqué de perspectives dans la continuité pour être en mesure de faire plier les gouvernements en place (Papandréou en 2009-2011, Papadímos en 2011-2012 et Samaras en 2012-2015), le monde du travail et de la jeunesse a tendanciellement délaissé la rue pour porter sa radicalité et ses attentes sur le terrain des urnes. Cette démobilisation relative pèse, aujourd’hui, sur les coordonnées politiques, ce dont doit tenir compte l’extrême gauche grecque, ã commencer par la coalition anticapitaliste Antarsya et le reste de la gauche extraparlementaire.
Renoncements, modérantisme et capitulation
Du côté de Syriza, sur le plan politique, sa direction majoritaire soudée autour de Tsipras a considérablement modéré le programme réformiste originel de la formation, tout en restructurant fortement le parti, pour redimensionner le plus possible le poids de la Plateforme de Gauche et les sensibilités les plus radicales. Ces précautions n’ont pas empêché Tsipras et son cénacle de s’autonomiser ultérieurement plus encore du parti en tant que tel.
Les contradictions relatives existant au niveau européen (et y compris au sein du gouvernement allemand de Große Koalition) entre partisans de Schäuble et ceux de la modération des mesures d’austérité, de même que le jeu de rôles ayant dominé les négociations entre les ministres de l’Economie européens, l’Eurogroupe et Athènes, en la personne de Tsipras et Varoufakis, ont contribué ã masquer la capitulation ratifiée par le premier ministre grec le 23 février.
Sur la forme, le fait d’avoir rebaptisé la « Troïka » en « Institutions », que les « Mémorandums » soient désormais qualifiés « d’accords » et que les « créanciers » soient devenus des « prêteurs » ne changent pas grand-chose à l’affaire.
Sur le terrain économique, le document de six pages qui a été adopté par le gouvernement grec ratifie, dans ses grandes lignes, l’ensemble des options austéritaires ayant prévalu jusqu’à présent.
Sur le terrain social, les mesures « humanitaires » promises par le gouvernement dans le cadre du Programme de Thessalonique (et qui n’ont rien de très réformistes au sens où elles sont simplement censées rétablir certains droits ayant été réduits en miettes par les Mémorandums) sont doublement corrélées, à la fois à la poursuite des aides européennes (et par la constitution d’un excédent primaire), et non ã une ponction sur les revenus du capital grec et étranger, mais également à la poursuite du calendrier des débats parlementaire. Cela permet au gouvernement, d’une part, de brandir la menace d’une rupture avec l’UE comme une menace sur les mesures progressistes qu’il est censé adopter, mais également de temporiser (par rapport à la question des potentiels mouvements salariaux, sur les questions de logement ou d’expulsion ou encore d’accès aux services élémentaire), ainsi que de conforter l’idée selon laquelle c’est bien par les instances représentatives et délégatives, et non pas ã travers la mobilisation directe, qu’il est possible d’obtenir satisfaction.
Le document de six pages envoyé à l’Eurogroupe et adopté par l’ensemble des pays européens, y compris ceux dont les Parlements étaient censés le valider, ã commencer par l’Allemagne, n’est en fait que la quatrième renonciation de Tsipras, mais suffisamment importante pour qu’on puisse la qualifier de capitulation.
Le premier recul avait trait au caractère du programme proposé lors du Congrès de Thessalonique, à l’automne 2014, et déjà fortement en retrait par rapport aux promesses les plus sociales qui avaient pu être faites par le passé. Les deux reculs suivant avaient trait au jeu institutionnel du régime grec. Tsipras a préféré former une coalition contre-nature avec les Grecs Indépêndants, un parti de droite dure, souverainiste, anti-ouvrier et xénophobe (hypothèse prise en considération depuis au moins deux ans, ã travers la multiplication de rencontres bilatérales), plutôt que de constituer un gouvernement minoritaire ou d’appeler ã de nouvelles élections. Dans les deux cas, y compris du point de vue de Syriza, cela dénote une profonde défiance à l’égard de la capacité de mobilisation des classes populaires en soutien aux propositions portées. La troisième reculade a eu trait à l’élection du président, une charge honorifique mais importante qui échoit traditionnellement ã un membre du premier parti politique d’opposition. là aussi, et contre l’avis de sa propre aile gauche et de personnalités respectées de la gauche grecque, tel que l’ancien résistant Manolis Glezos, Tsipras a promu la candidature de Prokopis Pavlopoulos, ex-Commissaire européen et surtout ancien ministre de l’Intérieur et de la sécurité pendant les émeutes de 2008 à la suite de l’assassinat par la police du jeune lycéen Alekos Grigoropoulos.
Le gouvernement grec renforce son assise, en dépit de la volte-face
La réaction de la base électorale du gouvernement et, plus largement, des milieux populaires grecs, est sans commune mesure avec la levée de bouclier que les reculades de Tsipras et de ses partisans ont soulevé au sein même de Syriza.
De façon concordante, les sondages indiquent que 68% de la population appuie la démarche du gouvernement auprès de l’Eurogroupe (un chiffre qui monterait ã 85% au sein de l’électorat de Syriza, voire 67% pour ceux du KKE, pourtant anti-UE) et 23% seulement la désapprouveraient. Tsipras bénéficie, par ailleurs, d’un taux de popularité de 48%, soit dix points de plus que fin janvier.
Cette situation indique combien la démobilisation sociale, après la séquence de luttes et de grèves des années 2008-2012 a pu être forte. Ce recul, qui n’a rien de permanent, s’explique par la dureté des coups qui ont été portés aux classes populaires et qui ont considérablement affaibli leur capacité de réaction, en absence de projet alternatif et non institutionnel de renversement des politiques austéritaires. La situation actuelle, cependant, ne préjuge pas de l’évolution de l’état d’esprit de ces mêmes secteurs.
Tsipras dit avoir gagné du temps pour commencer ã mettre en œuvre ses « politiques humanitaires », et son ministre de l’économie déclare transformer, à la Vouli, les « promesses électorales et les slogans des manifestants en textes de loi ». Cependant, l’exécutif va rapidement devoir rendre des comptes à l’issue des quatre mois concédés par Bruxelles et il est probable qu’une nouvelle manœuvre dilatoire, auprès des partenaires européens mais, surtout, auprès de la base sociale de Syriza, ne lui sera pas permise. Reste ã savoir maintenant si cela se traduira par une désaffection politique qui se portera vers la droite ou, à l’inverse, par un regain de l’initiative et des pratiques de luttes sociales et ouvrières.
Colère au sein de Syriza mais faiblesse des mobilisations à la suite des accords du 23 février
Dans ce cadre, le positionnement de l’arc des organisations ou segments d’organisation opposés à la capitulation de Tsipras sera essentiel pour penser la capacité du monde du travail grec et de la jeunesse ã réagir sans se tromper d’ennemi ni de combat (quoique les élections de janvier n’aient pas renforcé la droite dure, présente au gouvernement, ni les fascistes d’Aube Dorée, qui ont cependant maintenu des scores importants dans leurs bastions). C’est ce qui leur permettra, surtout, de trouver des perspectives et des débouchés politiques en cas de retour sur le devant de la scène des mobilisations, à la différence de la séquence précédente.
Au sein de Syriza, la « Plateforme de Gauche », animée par Lafazanis, ministre des Infrastructures, ainsi que la Plateforme Communiste (TMI), ont fait entendre leur voix, à la fois lors du Comité Central des 28 février-1er mars comme lors de la réunion houleuse du groupe parlementaire de Syriza par Tsipras après l’envoi par le gouvernement du texte d’accord. Tasos Koronakis, le candidat de Tsipras, a été réélu à la tête de Syriza, mais 41% du CC du parti a voté contre l’accord passé avec Bruxelles. Sans que l’on sache, en dépit des fuites, le niveau de bronca existant au sein du groupe parlementaire de Syriza, jusqu’à 70 députés (soit près de la moitié des 149 élus à la Vouli) auraient protesté, également, contre le texte du 23 février. Cependant, à l’image de ce qui pouvait se passer au début des années 1980 au sein de l’aile gauche du PASOK, les oppositionnels critiquent avec virulence, mais, en dernière instance, par discipline, assurent leur présence lors des votes au Parlement et refusent de rompre avec Tsipras.
Du côté de la seconde des forces les plus importantes de la gauche hellenique, ã savoir le KKE, la direction communiste grecque poursuit son orientation sectaire du point de vue des mobilisations. Le KKE a ainsi refusé de construire un large front unique de l’ensemble des secteurs militants opposés aux reculades de Tsipras dès le 24 février, appelant, de son côté, ã des rassemblements le vendredi 27. Le KKE poursuit, sur le plan politique, la logique de division des forces contestataires qu’il pratique sur le terrain syndical ã travers son courant PAME.
C’est pourtant sur la base d’une telle unité d’action qu’il serait possible d’ébaucher une alternative aux renonciations qui pourraient être très lourdes de conséquences, sur le plan objectif comme subjectif, si rien ne se profilait en termes de luttes et de débouché politique anticapitaliste.
Par ailleurs, c’est un fait que les mobilisations des 24 février, appelées par la gauche extra-parlementaire, et celles du 28 février, convoquées par le KKE, n’ont mobilisé que quelques milliers de personnes dans tout le pays. C’est un autre témoignage du degré d’appui, du moins passif, dont jouit Tsipras actuellement. Cette mise entre parenthèse de la radicalité de rue, aujourd’hui fragmentée, et cette faiblesse de l’opposition ã Tsipras sont pourtant la clef de voute de la capacité d’une potentielle relance des mobilisations. C’est ã cela que doivent travailler les révolutionnaires, en toute indépendance politique et organisationnelle de Syriza, et c’est leur combat que nous devons, ici, relayer.
En France, plus que jamais, du côté du peuple grec, contre Hollande, Macron et les banquiers
Sous la pression médiatique et dans une logique d’adaptation idéologique court-termiste (même si elle se veut sous-tendue par une analyse stratégique de la phase actuelle), certains camarades se référant à la P1 dans le NPA ont voulu faire des courants comme Syriza ou Podemos des « nouveaux réformismes » et, parfois, dans le cas d’Olivier Besancenot, des structures « post-parti » (l’instar de la formation de Pablo Iglesias), des modèles ã suivre. Ces « nouveaux réformismes », dont la spécificité seraient qu’ils n’auraient pas partie liée au vieux mouvement ouvrier, seraient moins ossifiés, plus perméables aux pressions et, par conséquents, susceptibles d’être des accélérateurs de rupture avec le système. C’est, en substance, ce qu’écrit François Sabado dans son dernier article de fin janvier, « La fin d’une époque », publié dans Contretemps à la veille de notre dernier Congrès.
« Les expériences de Syriza et Podemos, hors gauche traditionnelle, expriment également le potentiel de réorganisation politique contre les politiques d’austérité », y affirme Sabado. C’est très loin d’être le cas. Il était déjà possible d’en avoir la certitude après la victoire de Syriza aux élections en Attique, la principale région de Grèce. Les gages de bonne conduite qui y ont été donnés par Réna Dourou, proche de Tsipras, de même que les critiques ayant rapidement fait surface quant ã son style extrêmement dirigiste, montraient déjà ã quel point Syriza n’est en rien un « nouveau » réformisme qui faciliterait de possibles ruptures.
De façon beaucoup plus classique, car la période internationale que nous traversons l’est également, une période faite d’accentuation des tensions internationales en général et inter-impérialistes également, de crise économique profonde et de processus révolutionnaires longs, faits de flux et reflux, la Grèce révèle combien le rôle des révolutionnaires internationalistes est double.
D’un côté, tout en dénonçant les pressions impérialistes qui prétendaient pouvoir passer outre les décisions démocratiques prises fin janvier, nous devons nous situer résolument du côté du peuple grec contre ses ennemis, notamment extérieurs, non seulement ã Bruxelles mais également ici, en France, dans la mesure où la Commission n’est que l’émanation-coordination des différentes bourgeoisies impérialistes européennes.
Cela n’implique en aucun cas de se situer en soutien ã Tsipras. Confondre soutien au peuple grec, soutien ã Syriza et soutien ã Tsipras impliquerait, au bas mot, alimenter des illusions selon lesquelles le réformisme, le plus éculé comme le plus prétendument nouveau, est une étape incontournable dans le développement des affrontements nécessaires qu’il faudra mener pour transformer le rapport de force, qui reste, aujourd’hui, défavorable ã notre classe à l’échelle mondiale et en Europe en particulier. Le réformisme, en effet, est un instrument de décompression politique et social auquel les secteurs les plus lucides de la bourgeoisie sont capables d’avoir recours lorsque cela leur convient. Dans un autre cas de figure, le soutien ã Tsipras en lieu et place d’appui au peuple grec sert de tremplin à la reconstruction, en France, ã travers les « Chantiers de l’espoir » qui sont nés dans le sillage du meeting de la salle Japy du 19 janvier, d’une « Gauche plurielle » bis, dont le centre de gravité serait plus ou moins aubryste, plus ou moins écolo ou plus ou moins mélenchonien, et dont l’extrême gauche serait appelé ã n’être une béquille, rôle que certains sont prêts ã accepter, voire ont déjà accepté, en rentrant au Front de Gauche.
Une politique anticapitaliste et révolutionnaire vis-à-vis des enjeux actuels en Grèce suppose que le NPA développe dans les prochains mois une réelle campagne internationaliste de soutien aux luttes et aux mobilisations du peuple grec, de même que pour l’annulation des 42 milliards de dette contractée par la Grèce auprès de créditeurs français, publics comme privés. C’est la seule voie, par ailleurs, pour démasquer complètement le jeu d’un Hollande ou d’un Renzi qui souhaiteraient s’appuyer sur les pressions exercées par la Grèce pour revoir à la marge la coordination austéritaire européenne et pour renforcer leur orientation vis-à-vis des options merkéliennes.
C’est la meilleure voie pour préparer et renforcer le parti en tant que sujet autonome, capable d’être à l’initiative de front uniques de mobilisation, de façon ã ce que les révolutionnaires puissent construire, dans les mois ã venir, un discours radicalement anti-système qui soit audible et n’apparaisse pas comme la version gauchie des projets portés par les partisans, en dernière instance, des compromissions voire des reculades. Ces leçons grecques, par ailleurs, valent également, dans un cadre analytique qui sera ã développer, pour la situation que connaît l’Etat espagnol où Podemos s’apprête ã arriver en première place, voire ã remporter les scrutins électoraux du printemps et de l’automne ã venir.
06/03/15